Dans la plupart des banques de la planète, la transformation « digitale » est un chantier complexe, à peine entamé. Mais pour la scandinave SEB, l'expérience acquise en interne représente une opportunité de développer une offre aux grandes entreprises qui lui font confiance : elle ouvre donc un cabinet de conseil à leur adresse !
Sous le nom de code « SEB Singular », la nouvelle structure – indépendante mais qui aura cependant vocation à collaborer étroitement avec les autres entités de la banque – porte l'ambition d'accompagner les grands groupes qu'elle compte parmi ses clients dans leurs réflexions stratégiques à l'ère « digitale ». Elle considère en effet que les impacts de la mutation du monde auxquels elle a dû faire face ces dernières années affectent avec la même puissance tous les secteurs, qui peuvent profiter de sa maturité.
Bien qu'elle démarre avec une équipe resserrée, dans une approche plutôt expérimentale et ouverte aux tâtonnements, sa vision pour l'avenir est de pouvoir fournir une palette de services complète, qui doit lui permettre, à terme, d'aider les entreprises dans l'ensemble de leurs démarches vers l'invention de nouveaux modèles économiques, la mise à profit des technologies émergentes, l'introduction de méthodes de travail plus agiles… et la capitalisation sur les leçons qu'enseignent les startups omniprésentes.
En réalité, le point de départ de ce positionnement surprenant – et le socle de la future offre – est le constat de la richesse d'un actif aujourd'hui peu reconnu dans les banques : la connaissance extensive des écosystèmes industriels. Grâce à ses relations étroites avec les grands groupes, mais également avec les PME et les jeunes pousses qui éclosent dans leur environnement, ainsi qu'avec l'univers de l'investissement, depuis les business angels jusqu'aux institutionnels en passant par le capital-risque, SEB estime pouvoir devenir un véritable entremetteur de partenariats « digitaux » fructueux.
Le pari est osé mais le raisonnement n'est pas totalement dénué de sens. Face à des cabinets de conseil historiques dont le concept est lui-même menacé faute d'appréhender sérieusement les enjeux de la transformation « digitale » (qui semblent parfois les dépasser autant que leurs clients), l'angle d'attaque par la mise en relation des grands groupes avec des acteurs innovants constitue une option séduisante. Il restera à voir si SEB parvient ensuite à dépasser cette première étape et à bâtir un dispositif cohérent.