Le roi Louis II et ses créations architecturales continuent au 21e siècle d'inspirer les auteurs de la francophonie. Ainsi du romancier, nouvelliste et scénariste de bandes dessinées Roland Fuentès, un auteur français d'origine espagnole né à Oran, un germaniste qui étudia notamment à Berlin et qui fut professeur d'allemand, se consacre depuis une dizaine d'années exclusivement à la littérature.
Amoureux de la Bavière, Roland Fuentès y a situé l'action de plusieurs de ses romans pour la jeunesse : Martin et la Mysteriöse Kreatur, dont l'action commence à Mittenwald (Syros, 2016) et L'échange qui a notamment pour cadre le château de Neuschwanstein
(Syros 2007).
Résumé de L'échange
Maxime part en séjour linguistique en Allemagne. Sa petite amie, la fille la plus belle mais aussi la plus odieuse du collège, lui lance un défi : rapporter le coussin de soie exposé au château de Neuschwanstein, dans la chambre du roi... Maxime profite de son séjour outre-Rhin pour réfléchir à sa vie amoureuse et accepter ou pas de céder à ce nouveau caprice...
Infos du Centre national de la littérature pour la jeunesse
Genre : Romans
Public destinataire : À partir de 11 ans
Avis critique : Intéressant
Notice critique : Maxime, à qui son amie Maroussia mène la vie dure, participe à un voyage scolaire en Allemagne. Maroussia a exigé qu'il lui rapporte le coussin exposé dans le château de Louis II de Bavière. Maxime oscille entre désir de rupture et soumission. Finalement malade le jour de la visite, il ne peut pas accomplir cet acte. Au retour du voyage, il retrouve une Maroussia transformée et adoucie. Tout finit donc au mieux, mais l'intérêt de ce roman, c'est l'évocation du séjour en Allemagne : ambiance dans le groupe, vie dans la famille du correspondant, différences culinaires et culturelles, ... Sans prétention et surtout très bien observé. Manifestement l'auteur connaît son sujet : il est professeur d'allemand. - Le 3 septembre 2007, par Marie-Ange Pompignoli (publié dans La Revue des livres pour enfants)
Neuschwanstein dans L'échange. Extraits du roman.
Voici quelques extraits de L'Echange où il est question de Neuschwanstein, des extraits que l'auteur, que nous avions contacté, a lui-même sélectionnés à l'attention de nos lecteurs/trices.
La visite proprement dite du château est plutôt l'histoire d'un rendez-vous manqué... Le héros, qui a enchaîné les nuits blanches, terrorisé à l'idée de devoir voler un coussin, s'endort debout d'épuisement et loupe ladite visite.
Extrait n°1
" Je restais sur mes gardes parce que ça ne lui ressemblait pas de me proposer une promenade à cet endroit. J’aurais préféré qu’elle m’insulte, qu’elle me griffe, qu’elle me tire les cheveux. Au lieu de ça, elle a ouvert son sac et elle en a sorti une coupure de magazine. Un article présentant le documentaire de la veille sur le château de Neuschwanstein. Pedro nous avait recommandé ce documentaire, Neuschwanstein constituant l’une de nos excursions durant le séjour en Allemagne. Fidèle à moi-même, j’avais complètement oublié d’allumer la télé et je m’étais flanqué au lit de bonne heure avec une BD.
Maroussia m’a collé l’illustration sous le nez. Un château blanc, ceint de hautes tours effilées, se dressait au milieu d’un paysage de montagnes féeriques. Pour un peu, on aurait vu Blanche-Neige penchée en haut des créneaux.
– Regarde bien ce château. C’est là que tu iras chercher la preuve de ton amour : dans la chambre du roi, à la tête de son lit, se trouve un coussin en soie tissé de fils d’or. Si tu ne me le rapportes pas, tu n’entendras plus jamais parler de moi. "
Extrait n° 2
" On a quand même appris que le château se trouvait en Bavière et qu’il avait été construit en l’honneur de Wagner par Louis II, un roi complètement siphonné, grand bâtisseur de châteaux féeriques. Ce roi vivait reclus au cœur de sa montagne, dans un monde imaginaire. Il avait contracté des dettes épouvantables et, pour finir, il s’était fait destituer par l’empereur, parce qu’il était inapte à gérer son royaume.
Un mystère planait sur les circonstances de sa mort. Noyade ou suicide ? Notre douce brune a souligné en louchant d’un air mystérieux que la vérité était certainement connue de quelques-uns et transmise dans l’ombre, de génération en génération. Pourtant, nul ne la dévoilerait : entretenir le mystère accroissait l’intérêt de ce lieu visité chaque année par un bon million de touristes. "
Extrait n°3
" On est arrivés sur le parking. Le château se dressait de toute sa hauteur sur fond de montagnes enneigées, lançant vers le ciel parcouru de nuées blanchâtres ses tours coiffées de petits bonnets pointus, tout propres. On reconnaissait bien le modèle dont Walt Disney s’était inspiré pour La Belle au bois dormant, mais ça ne me le rendait pas sympathique pour autant.
Un éblouissement. Comme un flash devant les yeux. J’ai dû vaciller parce que Bantame m’a récupéré dans ses bras. Le groupe, conduit par Pedro, s’était déjà mis en marche. Il s’étirait sur la petite route qui grimpe au château.
Tarvier et Poméline me regardaient d’un air apitoyé.
– Qu’est-ce qu’il peut bien avoir, notre Roussin ? Tu serais pas allergique aux bulles ? Ou à la charcuterie ?
Je me suis senti soulevé de terre ; Bantame m’avait pris sur son dos et il avançait vaillamment à la suite des autres.
– On va rien dire à Pedro, Roussin. S’il nous demande ce qui se passe, on lui expliquera que c’est un jeu. Faudrait pas que tu loupes le château de Neuschwanstein, quand même !
Il en avait de drôles, Bantame ! J’aurais voulu le voir, malgré ses muscles, face à Maroussia en pleine crise de nerfs… Bien entendu, il était hors de question que je loupe la visite !
Quand je me suis réveillé, on redescendait vers le parking. Bantame grinçait et soufflait comme un autobus, mais il ne m’avait pas lâché. Tarvier et Poméline se tenaient par la main. Le soleil avait chassé les nuages, l’air était printanier, la nature nous faisait la fête. Pour un peu, les sept nains seraient sortis du bois et nous auraient accompagnés en chantant jusqu’au car. La visite était terminée depuis longtemps.
J’ai pensé que le sommeil, en m’appuyant sur la nuque au bon moment, m’avait évité une belle bêtise. Ça avait dû en faire marrer plus d’un, de voir Bantame me trimballer sur son dos, endormi, à travers les salons d’apparat !
Tranquille comme Basile, j’ai repiqué un petit somme. Rentrer au bercail sans le coussin, ça valait mieux que tous les discours du monde. Ça signifiait la répudiation immédiate par Maroussia, l’arrêt définitif de notre relation. La fin de tous mes embêtements, quoi. "
Extraits publiés avec l'aimable autorisation de l'auteur.