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Critique Ciné : Silvio et les autres (2018)

Publié le 05 novembre 2018 par Delromainzika @cabreakingnews

Silvio et les autres // De Paolo Sorrentino. Avec Toni Servillo, Elena Sofia Ricci et Riccardo Scamarcio.


Le style de Paolo Sorrentino est unique. Et c’est justement ce qui rend ce film différent des autres. Dix ans après l’excellent Il Divo, le réalisateur revient ici sur le portrait de Silvio Berluscino, sous forme d’une vraie satyre politique à sa façon. Les scènes s’enchaînent toujours avec ce style percutant tout en parvenant à raconter l’homme derrière la politique, aussi brisé peut-il être et aussi fascinante son escalade peut devenir. S’il était prévu en deux parties au cinéma il sort finalement en une seule. Le film présente la vie de cet homme d’affaires devenu Président d’un point de vue assez étonnant tout en le mettant à nu à sa façon. Le film va dans des recoins outranciers, mais pour le bienfait du spectateur, sans parler de cette volonté de rester poétique et drôle. Il y a toujours cette façon de filmer certains éléments en décalage total avec le reste qui fonctionnent très bien. Ce que je regrette cependant avec Silvio et les autres est le scénario, qui n’a de cesse de faire du surplace et de rester accrocher à des éléments qui ne sont pas toujours passionnants. A force de répétitions, le film ne s’emballe jamais dans les envolées d’un La Grande Bellezza (l’un des grands chef d’oeuvre du réalisateur).

Il a habité nos imaginaires par la puissance de son empire médiatique, son ascension fulgurante et sa capacité à survivre aux revers politiques et aux déboires judiciaires. Il a incarné pendant vingt ans le laboratoire de l’Europe et le triomphe absolu du modèle libéral après la chute du communisme.
Entre déclin et intimité impossible, Silvio Berlusconi incarne une époque qui se cherche, désespérée d’être vide.

Paolo Sorrentino sait cependant très bien tirer la corde où il faut afin de dépeindre cette Italie qui pense à son paraître et le paraître que Berlusconi a voulu lui donner (notamment avec son empire médiatique). On découvre par moment le Silvio intime dans des moments intéressants incarné par un Toni Servillo étonnant. A la fin, on n’en ressort ni fasciné, ni déçu. C’est une fresque qui a ses moments mais qui n’en a pas suffisamment de bons pour réellement nous laisser un grand souvenir dans la filmographie d’un réalisateur prodige. Pour autant, dans cette façon de dépeindre la montée en puissance de Silvio et sa chute, le film n’est pas totalement dénué d’intérêt. Au contraire, Silvio et les autres est grandement aidé par son acteur principal qui mime à la perfection les traits de visage du personnage. Le moment le plus intéressant pour moi est quand Silvio se retrouve au chevet de Stella. La scène donnant l’impression de voir un pervers sexuel qui tente de séduire sa propre fille. Mais les dialogues sont ici bien pensés car Silvio se retrouve face à la dure réalité des choses et du fait qu’il est maintenant trop vieux pour toutes ces conneries. Le personnage revient sur les dires de la jeune fille plus tard dans le film et c’est probablement ce que Silvio et les autres propose de plus marquant.

Note : 5.5/10. En bref, loin des grandes oeuvres du réalisateur, un film mineur pour un personnage emblématique de l’Italie.


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