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Polar : l'oeuvre de Bret Easton Ellis

Publié le 24 juillet 2013 par Gsand1804

Après avoir parlé des imitations de Bret Easton Ellis , il était largement temps que j’évoque le Maître. Disons-le tout de suite : je n’aime plus ce qu’Ellis est devenu depuis Glamorama. Son dernier roman, Lunar Park, m’a beaucoup déçue : on a vraiment l’impression qu’il « fait du Ellis » (personnages vides, qui ne croient en rien, ne ressentent aucune émotion véritable). Sans compter la pathétique imitation de Stephen King dans la seconde partie du roman.

Polar : l'oeuvre de Bret Easton Ellis

Pourtant, Ellis mérite le plus grand respect : quand on a écrit « American Psycho », on peut se reposer jusqu’à la fin de ses jours. Patrick Bateman est devenu un archétype, un personnage tellement parfait qu’il prend une dimension universelle. Contrairement à la plupart des gens autour de lui, Bateman a une vie intérieure, des pensées interdites, des actes inacceptables : tout son personnage tient dans l’écart entre son « moi social » et son « moi destructif » (pour paraphraser Proust)

Dans  « The bonfire of vanities », Tom Wolfe avait déjà essayé de créer un personnage de yuppie complètement amoral: mais Sherman n’est pas Bateman. Il lui manque une dimension de souffrance, de profonde horreur de son milieu.

Comme tout chef d’œuvre, « American Psycho » a donné lieu à différentes interprétations : Bateman aurait imaginé tous ses crimes, ce qui explique qu’il ne soit jamais sérieusement menacé par la police.

Ellis a probablement pensé à cette hypothèse en écrivant le roman : ses éditeurs lui avaient demandé un véritable thriller, avec enquête, courses-poursuites, etc…, ce qu’il a refusé de faire.

Que Bateman soit un véritable tueur n’a finalement aucune importance, puisque par essence, il suinte le mal et la volonté de revanche. Il y a une phrase que j’adore (la toute première de « Play it as it lays » de Joan Didion) : « What makes Iago evil ? some people ask. I never ask »

Je ne veux pas savoir pourquoi Patrick Bateman est evil : je sais qu’il l’est.  Savoir s’il réalise son essence de tueur ou non, je laisse la question aux post-Sartriens…


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