Biopsie de la prostate par fusion d'images réalisées par IRM (UCLA, USA, 16 juillet 2013)
Source iconographique: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Targeted_MRI-US_fusion_prostate_biopsy_at_UCLA.jpg
La question de savoir si une IRM multiparamétrée améliore la détection des cancers de la prostate significatifs sur le plan clinique et permet d’éviter d’avoir recours aux biopsies systématiques chez des patients naïfs de biopsies reste ouverte. Notre but était de poursuivre des investigations visant à déterminer si l'application de cette approche avant biopsie améliore ou non la détection de cancers de la prostate significatifs sur le plan clinique chez des patients naïfs de biopsie.
Dans cette étude prospective, multicentrique, de diagnostic jumelé, effectuée dans 16 centres situés en France, nous avons recruté des patients âgés de 18-75 ans présentant des concentrations d’antigène spécifique de la prostate (PSA) de 20 ng/mL ou moins, atteints de cancer de la prostate de stade T2c ou moins. Les patients éligibles avaient été adressés à un cabinet d’Imagerie Diagnostique pour examen IRM multiparamétrée avant une première campagne de biopsies, avec un intervalle planifié de moins de trois mois entre l’IRM et les biopsies. Deux séries de biopsies ont été réalisées par patient ; l’une à l’aveugle par un opérateur ne connaissant pas les résultats de l’IRM multiparamétrée à l’avance qui a réalisé [12 prélèvements systématiques + un ou deux prélèvement(s) ciblant les lésions hypoéchogènes] ; l’autre par un opérateur ciblant jusqu’à deux lésions décelées par IRM, présentant un score de Likert de 3 ou plus (3 prélèvements par lésion) (…). Les patients présentant une IRM paramétrée négative (score de Likert ≤ 2) n’étaient soumis qu’aux biopsies systématiques. Le résultat principal de l’étude était la détection d’un cancer de la prostate significatif sur le plan clinique (CPSPC ou cancer de la prostate du groupe 2 ou plus), analysé chez tous les patients ayant été soumis à la fois à des biopsies systématiques et à des biopsies ciblées et dont les résultats étaient disponibles pour examen par le service central d’anatomie et de cytologie pathologiques, y compris les patients chez qui des écarts au protocole étaient survenus. (…).
Entre le 15 juillet 2015 et le 11 août 2016, nous avons recruté 275 patients. 24 (9%) ont été exclus de l’analyse. 53 (21%) patients analysés sur 251 présentaient une IRM multiparamétrée négative (Score de Likert ≤2). Un CPSPC était détecté chez 94 (37%) patients sur 251. 13 (14%) de ces 94 patients ont été diagnostiqués d’un cancer de la prostate par biopsie systématique seulement, 19 (20%) par biopsie ciblée seulement et 62 (66%) par les deux techniques à la fois. La détection d’un CPSPC par biopsie systématique (29.9%, Intervalle de Confiance [IC] 24.3-36.0) et par biopsie ciblée (32.3%, 26.5-38.4) n’ont pas différé de manière significative (p=0.38). La détection d’un CPSPC a été manquée chez 5.2% (IC 95% 2.8-8.7) des patients chez qui une biopsie systématique n’avaient pas été réalisée, et chez 7.6% (4.6-11.6) des patients chez qui une biopsie ciblée n’avaient pas été réalisée. Quatre évènements indésirables post-biopsie de grade 3 ont été rapportés (3 cas de prostatite, et 1 cas de rétention urinaire avec hématurie).
Aucune différence dans la détection de cancers de la prostate du groupe 2 ou plus n’a été décelée entre examen par biopsie systématique et examen par biopsie ciblée ; cependant, la détection d’un CPSPC était améliorée par l’utilisation des deux techniques combinées, et les deux techniques ont présenté chacune une valeur ajoutée significative. Ainsi, des résultats d’examen d’IRM multiparamétrée avant biopsie chez des patients naïfs de biopsie peut améliorer la détection d’un CPSPC mais ne semble pas éviter le besoin de biopsie significative. Prof. Olivier Rouvière, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 20 novembre 2018
Financement : Institut National du Cancer (INCA), France
Source : The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ