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Vesoul, le 7 janvier 2015, de Quentin Mouron

Publié le 23 novembre 2018 par Francisrichard @francisrichard
Vesoul, le 7 janvier 2015, de Quentin Mouron

Le picaro est toujours sûr de lui; il ne faillit pas, ne se retourne jamais. Son rire se maintient au-dessus des brumes. Eh bien c'est un picaro d'aujourd'hui, se rendant à un congrès, qui prend en stop le narrateur sur la nationale 57, en direction de Vesoul:

Le picaro a gagné quelque chose de précieux en cinq siècles: il est désormais respectable et envié.

Le narrateur, lui, a quitté la Suisse, n'y ayant pas d'attache, ni de racine, et souhaitant se libérer des barbecues ringards de ses amis, des convocations orange de l'Administration et de tout un train d'obligations pour lesquelles il n'est décidément pas fait.

Route faisant, il voit dans le picaro au volant le maître qui lui apprendra la légèreté, le renoncement, l'oubli. Un maître nomade, sans frontière ni religion, à qui les sédentaires fournissent l'exotisme dont il a besoin, en mettant du sel dans son errance.

En tout cas, à Vesoul, le narrateur et son maître apprennent plein de choses, par exemple qu'il faut censurer les grands auteurs pour ne pas stigmatiser les autres ou qu'il faut se pâmer sans vergogne devant une prose dérangeante et questionnante..

A Vesoul ils rencontrent des amis des animaux qui vouent à l'homme une haine incroyable, des nationaux-socialistes opposés à la violence, à la haine, à la guerre(sic) ou encore des amis du Hezbollah, adeptes à leurs heures de poterie et de graffiti thérapeutique...

Ils font des rencontres encore plus improbables et même de mauvaises rencontres, parfois violentes, qui tournent à la rixe. Mais rien ne semble ébranler l'équanimité du maître, on ne peut plus picaro, picaro toujours, toujours en marge.

Vesoul, le 7 janvier 2015, c'est le même jour que l'attentat contre Charlie Hebdo à Paris. Comme à Paris et comme dans le monde entier, il y a à Vesoul le cercle de ceux qui se tiennent par la main dans l'adversité et ceux qui refusent d'être Charlie...

Ce roman picaresque est donc l'occasion pour Quentin Mouron de dresser de l'époque un portrait sans complaisance, ce qu'il fait d'une plume alerte et nourrie de moult lectures, auxquelles il se réfère pour le plus grand bonheur des initiés...

Francis Richard

Vesoul, le 7 janvier 2015, Quentin Mouron, 120 pages, Olivier Morattel Éditeur

Livres précédents:

L'âge de l'héroïne,La Grande Ourse (2016)

Trois gouttes de sang et un nuage de coke, La Grande Ourse (2015)

La combustion humaine, Olivier Morattel Éditeur (2013)

Notre Dame de la Merci, Olivier Morattel Éditeur (2012)

Au point d'effusion des égouts, Olivier Morattel Éditeur (2011)


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