Alexandre est marié, père d’un garçon de 13 ans, et ingénieur en génie chimique. Il travaille et réside a Versoix (canton de Genève). Il est originaire de la région parisienne. Il m’a spontanément contacté sur le blog après avoir acheté mon livre, et après quelques échanges, il m’a semblé intéressant de faire part à tous les lecteurs de son témoignage de frontalier qui a décidé de s’installer en Suisse.
Combien de temps es-tu resté frontalier ?
Je suis resté frontalier pendant 2 ans.
Depuis combien de temps habites-tu en Suisse ?
Ça fait maintenant 9 ans que je réside dans le canton de Genève.
Dans quelles circonstances as-tu décidé – ou eu l’opportunité – de travailler en Suisse la première fois ?
Après avoir été gradué dans une grande école d’ingénieur à Paris, j’ai travaillé dans une multinationale française dans la région parisienne. Au bout de 3 ans, j’ai été démarché sur linkedin par un chasseur de têtes pour travailler dans une multinationale genevoise du secteur des arômes et de la parfumerie. J’ai changé à 2 reprises d’emploi et je travaille et réside actuellement à Versoix, dans le canton de Genève.
Quels souvenirs gardes-tu de ta vie de frontalier, qu’est-ce qui t’a le plus marqué / surpris / plus / embêté ?
Je résidais à Annemasse. J’en garde un assez mauvais souvenir. Je trouve que la ville n’était vraiment pas agréable à vivre (saleté, insécurité….). D’une manière générale, les villes à la frontière (St Julien en Genevois, Ferney Voltaire, Archamps, St Genis Pouilly) font à mon gout « très villes dortoirs » qui n’ont pas beaucoup d’âme. Avec ma femme, nous voulions vivre au bord du lac. Ainsi, nous nous sommes d’abord installés aux Eaux-vives à Genève, puis à Versoix. On trouve d’une manière générale les villes en Suisse de l’arc lémanique beaucoup plus agréables à vivre que les villes frontalières Françaises.
J’ai été surpris par le fait que les frontaliers ne soient vraiment pas aimés des Genevois. J’ai été victime de plusieurs insultes et quelques boutades ont mon travail. Il est presque impossible pour un frontalier de s’intégrer en Suisse. C’est aussi une des raisons qui nous a poussés à venir nous installer en Suisse.
En m’installant à la frontière j’avais totalement sous-estimé le temps de transport et ses effets à long terme sur la vie familiale. Je pouvais facilement mettre 45mn en voiture pour faire 12km d’Annemasse à mon lieu de travail. Aux heures de pointe, on est vite pris dans les bouchons. 1h30 de trajet par jour, plus mes 11 heures de travail journalier faisait que j’étais en permanence épuisé en semaine, les effets se faisaient ressentir dans ma vie de couple.
Enfin, je dirais que le dernier élément déclencheur a été mon fils, je savais de par des amis français vivant à Genève que le système public scolaire suisse étais bien meilleur que le système français. On a donc décidé, quand mon fils a eu 4 ans, de franchir le cap afin de lui donner un meilleur avenir.
Qu’est-ce qui te marque / surprend/ plaît / déplaît le plus dans ta vie de résident ?
Ce qui m’a le plus surpris c’est le regard de mes collègues « résident suisse » qui a changé du tout au tout le jour où l’on est venu s’installer en Suisse. Les gens ont senti que l’on voulait s’intégrer et on a commencé à nous proposer de faire des sorties. Aussi, le fait d’avoir un enfant dans une école suisse facilite énormément les relations avec les parents du canton.
On a aussi été surpris sur le coût de la vie, on pensait que le fait de passer la frontière allait faire augmenter significativement nos dépenses ce qui n’a en fait pas été le cas. On dépense un peu plus pour la nourriture, les services et le loyer, mais on dépense moins pour le transport (on a pu vendre une voiture une fois installés en Suisse) et les impôts en général (taxe d’habitation, impôts sur les plus-values, taxe poubelle, taxe pour l’eau…) . L’un dans l’autre ça s’équilibre plus ou moins.
Dans l’ensemble, on se plait énormément en Suisse et on se demande pourquoi on n’est pas venu s’installer directement ici. Beaucoup de Français (surtout ceux qui viennent de l’autre bout de la France) ont une image erronée de la Suisse et du coup vont choisir à tort le statut de frontalier.
Est-ce que tous les membres de la famille ont vécu cette nouvelle vie de la même manière ?
Ma femme l’a vécu de la même manière que moi. Quant à mon fils, il avait 4 ans quand nous nous sommes installés en Suisse donc la Suisse est pour lui son pays de coeur, il n’a quasiment aucun souvenir de sa vie en France.
Pour finir, qu’est-ce qui te plait le plus : ton ancienne vie de frontalier ou ta vie de résident ?
Vous l’aurez compris, notre vie de résident sans aucune hésitation. On envisage de finir nos vieux jours ici, d’autant que notre fils restera probablement en Suisse plus tard.
Note : le prénom a été changé pour conserver l’anonymat