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Astérix : Le Domaine des Dieux. La recette de l’humour selon Astier

Par Balndorn

Astérix : Le Domaine des Dieux. La recette de l’humour selon Astier Résumé : Nous sommes en 50 avant Jésus-Christ ; toute la Gaule est occupée par les Romains… Toute ? Non ! Car un village peuplé d'irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l'envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique : puisque ses armées sont incapables de s’imposer par la force, c’est la civilisation romaine elle-même qui saura séduire ces barbares Gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains. : « Le Domaine des Dieux ».
Posons-nous une question simple : pourquoi une comédie fait-elle rire aux larmes quand une autre n’arrache que des soupirs de consternation ?Et prenons exemple sur un cas précis : pourquoi Astérix – Le Domaine des Dieux réussit là où la plupart des adaptations récentes de l’univers de Goscinny et Uderzo ont échoué ?
Astérix ou la grand-messe du cinéma français bling-bling
Astérix, ce n’est pas une simple BD. C’est devenu, depuis le lancement de la saga en 1961, un étendard de la bande-dessinée franco-belge, voire de la culture française contemporaine. Pour le cinéma hexagonal, les personnages de Goscinny et Uderzo représentent une mine d’or. Sans compter les adaptations animées supervisées par Goscinny et Uderzo, parmi les fleurons de la comédie animée française, on dénombre quatre adaptations en prises de vue réelles depuis Astérix et Obélix contre César (1999) et une adaptation animée (Astérix – Le Domaine des Dieux, 2014) – qui sera suivie ce mercredi du second volet du tandem Clichy/Astier, Astérix : Le Secret de la potion magique.Chacune des adaptations réunit la fine fleur des acteurs et actrices français·e·s de ces vingt dernières années. Du côté des vedettes récurrentes : Gérard Depardieu en éternel Obélix, Christian Clavier en insupportable Astérix, Clovis Cornillac dans Astérix aux jeux olympiques (2008), Édouard Baer d’abord en Otis dans Mission Cléopâtre (2002), puis prenant le relais de Cornillac dans Au service de Sa Majesté (2012), Claude Rich en sage Panoramix, Michel Galabru en Abraracourcix. Chez les occasionnels (sans être exhaustif) : Roberto Benigni, Laetitia Casta et Jean-Pierre Castaldi dans le premier ; Jamel Debbouze, Monica Belluci et Dieudonné dans le second ; Alain Delon, Benoît Poelvoorde et Alexandre Astier dans le troisième ; et enfin Valérie Lemercier, Fabrice Lucchini et Catherine Deneuve dans le dernier. Et puis il faut compter une ribambelle de caméos à partir des Jeux olympiques : Zinédine Zidane, Amélie Mauresmo, Francis Lalanne…Bref, on l’aura compris : à travers la saga Astérix, c’est le cinéma français dans ce qu’il a de plus bling-bling qui se met en scène et s’autoproclame étendard de la culture française contemporaine. Autant de lourdeur et de suffisance qui pèsent sur les films. Hormis Mission Cléopâtre, dans lequel Alain Chabat s’inspire de l’esprit irrévérencieux de Goscinny et Uderzo et de l’humour absurde de Les Nuls pour produire un cocktail étonnant, aucun film ne mérite le coup d’œil.
Clichy/Astier ou le retour au cinéma
C’est en comparant avec la prouesse de Louis Clichy et d’Alexandre Astier qu’on mesure le décalage. Certes, le tandem recrute des voix bien connues, dont certaines ont déjà participé à la saga : Astier lui-même, Élie Semoun, Lorànt Deutsch, Alain Chabat, Géraldine Nakache, Laurent Laffite… Aux côtés de ce casting étoilé, on retrouve des voix que les aficionados de Kaamelottidentifieront aussitôt : Lionnel Astier (alias Léodagan), Serge Papagalli (Guethenoc), Joëlle Sevilla (Séli) et Franck Pitiot (Perceval). Mais c’est une vertu de l’animation (et du doublage) : on emprunte une voix renommée pour mieux dissimuler son visage. Autrement dit, Clichy et Astier placent les stars dans des positions de contre-emploi. Exemple : le phrasé calme et posé de Laurent Laffite appliqué dans la bouche d’un esclave très conciliant crée un élégant décalage entre la condition servile et le discours d’un pseudo-diplomate. L’exact contraire des versions live, qui n’avaient d’autre but que de figer les stars dans une mise en abyme d’elle-même : Clavier jouait Clavier et se clavierifiait, Depardieu jouait Depardieu et se depardieuifiait, etc…Ce faisant, de la même manière que Mission Cléopâtre se démarquait en mêlant l’humour de la BD et celui de Les Nuls, Le Domaine des Dieux réussit parce qu’il imbrique l’esprit de la BD et celui de Kaamelott. Sans parler de retour aux sources – puisque Astérix appartient à l’ensemble de ses lecteur·rice·s et qu’il en existe autant de versions que de publics –, on peut à tout le moins évoquer l’humilité du projet de Clichy et Astier. Humilité, car les cinéastes ne cherchent pas à produire un énième film de stars, par les stars et pour les stars, mais plutôt à se confronter aux possibilités techniques qu’offre le médium du cinéma d’animation. Mise en scène, travail sur les volumes et les couleurs, spontanéité des dialogues… Bref, faire du cinéma, et non se contenter de placer sur le devant de la scène des stars faisant leur show.
Astérix : Le Domaine des Dieux. La recette de l’humour selon AstierAstérix – Le Domaine des Dieux, Louis Clichy et Alexandre Astier, 2014, 1h25
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