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Pour la suite du film – Un esprit sain dans un corp(u)s sain

Par Julien Leray @Hallu_Cine

« Il va falloir arrêter de penser que la culture, c’est seulement du divertissement. Et arrêter de penser que la culture n’a aucun lien avec le reste. C’est-à-dire le social, l’économique, l’historique, le politique. La culture, les films, ce sont des fenêtres sur tout ça. » C’est un véritable cri du cœur que Philippe Falardeau, réalisateur de La Moitié Gauche du Frigo, Monsieur Lazhar, ou encore de Guibord s’en va-t-en-guerre, a poussé à l’occasion du lancement du guide d’analyse filmique Pour la suite du film, chapeauté par l’Association des cinémas parallèles du Québec (ACPQ) et rédigé par Henri-Paul Chevrier (ancien responsable du programme Cinéma et communication au Cégep de Saint-Laurent), dont il a accepté avec enthousiasme d’être le porte-parole.

Il faut dire que l’enjeu est de taille. Alors que la question de la culture s’avère quasi-absente du débat public (au Québec, mais la donne trouve malheureusement aussi écho au sein des autres pays occidentaux), celle de la formation des plus jeunes devient en conséquence plus importante que jamais. Afin de les sensibiliser au sens et au(x) message(s) des films qu’ils regardent, d’affûter leur point de vue et leur esprit critique, le programme d’éducation cinématographique L’OEIL CINÉMA (L’Outil pour l’Éducation à l’Image et au Langage CINÉMAtographique) oeuvre depuis vingt ans à la promotion du septième art, par le prisme d’ateliers pratiques, de pistes de lecture, et de grilles d’évaluation à destination des étudiants donc, mais aussi des enseignants participant au programme, afin de (re)mettre de l’avant les mécanismes de la fiction et les spécificités du média, tout en faisant la part belle à la pratique et à la créativité. Un programme qui, selon les dires de Philippe Falardeau, « ne fait pas juste transmettre des connaissances sur le cinéma : c’est avant tout un multiplicateur de connaissances ».

Une approche didactique et vulgarisatrice dont Pour la suite du film représente une forme d’aboutissement, en cherchant à synthétiser la richesse de son art autour de trois pans essentiels – ce que raconte le film, comment le personnage principal porte le récit, et de quelle manière ce personnage est représenté (« Un film n’est jamais rien d’autre que l’histoire de quelqu’un. », selon Henri-Paul Chevrier) -, et en évacuant sciemment au passage tout le bagage théorique superfétatoire quant à la compréhension de ce qu’est un métrage de cinéma. « L’idée était de mettre la grammaire à la poubelle, et de repartir de zéro. Certains prétendent qu’une œuvre s’appréhende par le biais de sa syntaxe, sauf que la syntaxe existe justement pour passer inaperçue », ajoutera d’ailleurs l’auteur du guide. Si l’affirmation peut bien sûr appeler nuance, l’approche en résultant ne manque toutefois pas d’attrait pour celles et ceux (des plus jeunes aux plus vieux) qui chercheraient une porte d’entrée à la fois accessible, et suffisamment complète pour bien cerner les spécificités de l’art cinéma.

Un outil (disponible gratuitement sur le site de l’ACPQ, section L’OEIL CINÉMA) qui complète idéalement l’offre de l’association, et qui représentera à coup sûr une belle valeur ajoutée aux ateliers supervisés par René Robitaille, le coordonateur de L’OEIL CINÉMA, et Martine Gignac, chargée de projet pour l’ACPQ et animatrice de ces derniers. Alors que le cinéma d’auteur tend à peu à peu à être invisibilisé dans les circuits de distribution traditionnels, et que le cinéma en tant qu’art, aux yeux du grand public, a bien du mal à exister, Pour la suite du film est de ces initiatives méritant sans réserves d’être soutenues, au moins encouragées.


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