Je souhaite également recevoir
les bons plans et offres partenaires
la newsletter des professionnelles
Il y a un an déjà, le 27 novembre 2017, Emmanuel Macron s'engageait à ce que la France interdise l'utilisation du glyphosate dès que des alternatives existeraient et au plus tard dans trois ans. Le glyphosate, au départ breveté comme décapant à tuyaux, est la matière active de nombreux herbicides depuis les années 70, et notamment du Roundup de Monsanto utilisé seul et sur les semences OGM commercialisées par la firme. Elle est la molécule la plus vendue dans le monde. Conséquences : on la retrouve dans l'eau de consommation, dans les aliments et dans les urines de 100% des personnes qui ont fait des tests en France et dans d'autres pays d'Europe.
France : des alternatives existent dans 85% à 90% des cas
L'engagement du président de la République se traduit aujourd'hui par deux initiatives officielles en France. L'Elysée vient de mettre en ligne un site destiné aux agriculteurs surtout (www.glyphosate.gouv.fr), indigent il faut le dire, pour informer sur la sortie du glyphosate. On y trouve quelques témoignages d'agriculteurs ayant réussi à se passer avec succès de l'herbicide et un lien vers un rapport de l'Inra sorti fin 2017 sur les " Usages et alternatives au glyphosate ", rappelant que les alternatives existent déjà dans 85% à 90% des cas. S'il a le mérite d'exister, le site a sérieusement besoin de s'étoffer.
Plus convaincante, une " Mission d'information sur le suivi de la sortie du glyphosate " est actuellement menée par l'Assemblée nationale. Des auditions d'hommes politiques et de responsables de l'Inra viennent de commencer dans ce cadre. Mais avant même les conclusions de cette mission, il n'est plus question pour les députés de sortir du glyphosate fin 2020 mais au 1er juillet 2021.
Allemagne : les produits de remplacements devront être moins dangereux
En Allemagne, la ministre allemande de l'Environnement Svenja Schulze a déclaré début novembre que son ministère utiliserait tous les moyens à sa disposition pour faire cesser l'usage du glyphosate dans son pays à l'issue de la période d'autorisation décidée l'an dernier par Bruxelles, c'est-à-dire dans quatre ans, selon une information de l'AFP. Elle souhaite également poser des exigences plus draconiennes pour les produits de remplacement. Le sujet est sensible outre-Rhin après le rachat de Monsanto par l'industriel Bayer. Pour rappel, malgré la promesse faite l'an dernier aux écologistes juste entrés dans le gouvernement de coalition d'Angela Merkel, de ne pas voter en faveur du renouvellement de l'autorisation du glyphosate à Bruxelles, le ministre de l'Agriculture a voté " pour ", faisant pencher la balance européenne. Conséquence : le glyphosate a été ré-autorisé dans toute l'UE pour cinq années supplémentaires. Cette désobéissance avait provoqué un psychodrame au sein du gouvernement. Il est probable que Bayer-Monsanto demandera à nouveau une ré-autorisation dans quatre ans. On verra qui l'emportera cette fois.
Une trentaine d'ONG voulaient que l'interdiction soit inscrite dans la loi
En tout cas, la pression citoyenne ne se relâche pas. Les ONG continuent d'exiger la fin du glyphosate. De nombreuses pétitions circulent. En France, une campagne a démarré au printemps (www.campagneglyphosate.com) pour inciter les Français à faire analyser leurs urines et à porter plainte en cas de contamination, contre les fabricants et les décideurs politiques. Les plaintes se multiplient : environ 80 ont été déposées à fin novembre. Et ce n'est qu'un début.
Zoé Fauré