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Strasbourg : la France, du jaune au noir

Publié le 12 décembre 2018 par Sylvainrakotoarison

Solidarité, compassion et recueillement pour nos amis les Alsaciens. L'heure est à l'apaisement et à la responsabilité, pas à la récupération politicienne ni à la surenchère.
Strasbourg : la France, du jaune au noir
Les drapeaux sont en berne. La capitale alsacienne vit des heures tragiques depuis la soirée de ce mardi 11 décembre 2018. Un assassin a tiré plusieurs fois dans la foule venue au fameux Marché de Noël en plein centre de Strasbourg. Cet attentat a provoqué au moins deux morts voire trois (une personne serait en état de mort cérébrale), et treize blessés, dont sept en état d'urgence absolue. Ce bilan très lourd pourrait s'aggraver dans les heures ou les jours qui suivent, comme cela avait été le cas en janvier 2015, car le tueur n'a toujours pas été arrêté.
Le Marché de Noël est très célèbre à Strasbourg qui en est à sa 448 e année. Deux millions de personnes viennent le visiter, parfois de très loin. Depuis 2015, il était parmi les zones à risque d' attentats potentiels. Il y a deux ans, le 19 décembre 2016, la ville de Berlin a, elle aussi, subi un attentat terroriste sans précédent à son Marché de Noël.
La ville de Strasbourg, redevenue française il y a cent ans, est une ville symbole de l'Europe, de la concorde européenne. D'ailleurs, se tenait la dernière session du Parlement Européen qui va être renouvelé l'année prochaine. Les députés européens ont été eux-mêmes confinés dans l'enceinte parlementaire pour préserver leur sécurité. Attaquer le Marché de Noël n'est évidemment pas anodin. S'en prendre à la fête de Noël, la plus grande des fêtes spirituelles mais aussi commerciales (selon la foi) des Européens, est symbolique pour ceux qui ont dévoyé l'islam et considèrent les chrétiens (et les Juifs) comme des ennemis à abattre.
Tristesse. L'heure est à l'émotion. L'heure est au recueillement et à la compassion. L'heure est à la pensée pour les victimes et leurs familles et amis. L'heure est à la solidarité pour les Strasbourgeois et à l'encouragement pour les forces de l'ordre. Les Strasbourgeois ont eux-mêmes montré beaucoup de calme, de responsabilité et de solidarité en hébergeant des visiteurs qui étaient venus de loin et qui, confinés jusqu'à une heure avancée de la nuit, n'ont pas pu regagner leur domicile.
Strasbourg : la France, du jaune au noir
J'ai aussi ressenti de la honte quand certains responsables politiques, dès la soirée du 11 décembre 2018 et le début de la matinée du 12 décembre 2018, ont voulu utiliser un événement si douloureux et si grave pour faire de la récupération politique ! Et cela alors que le tueur n'a toujours pas été mis hors d'état de nuire.
J'ai ressenti de la honte quand Marine Le Pen, sur France 2, a remis le couvert en réclamant l'expulsion des étrangers alors que le tueur est un Français de 29 ans né à Strasbourg, qui n'est donc pas concerné par les radotages anti-immigratoire de la fille de son père. J'ai ressenti de la honte quand Nadine Morano a instrumentalisé cet attentat et la détresse des victimes pour fustiger le Pacte de Marrakech alors que l'assassin n'est pas un étranger et que la question de l'immigration, aussi importante soit-elle en France (et le débat public sur cet accord international doit bien sûr avoir lieu), est hors sujet dans cet attentat. J'ai ressenti de la honte quand Laurent Wauquiez a lui aussi remis le couvert en laissant entendre qu'il réclamait une nouvelle loi pour mettre en prison les "fichés S", uniquement pour faire de la surenchère avec l'extrême droite. Depuis plusieurs années, il y a une nouvelle loi quasiment chaque année et ce n'est pas le dispositif juridique qu'il faut de nouveau changer, mais certainement perfectionner les conditions d'investigation.
D'ailleurs, d'après les premiers éléments fournis par le procureur de la République de Paris chargé de la lutte anti-terroriste, le tueur aurait dû être arrêté dès le matin du 11 décembre, au cours d'une perquisition à son domicile dans le cadre d'une affaire de braquage avec meurtre. Il avait été condamné déjà 27 fois pour des affaires de droit commun, y compris en Allemagne, et il avait été considéré comme "radicalisé".
On peut donc dire que la police le connaissait et le surveillait et qu'elle était efficace même si elle n'a pas pu l'empêcher de commettre cet attentat. Il faudra, après le temps du recueillement, comprendre pourquoi il était absent lors de la perquisition, avait-il été prévenu et si oui, comment ? Mais on peut, au contraire, pointer du doigt cette perquisition qui aurait pu provoquer ou accélérer, une fois le terroriste découvert, son passage à l'acte rapide.
Dans tous les cas, il serait scandaleux et nauséeux d'imputer la moindre responsabilité aux forces de l'ordre qui sont aujourd'hui épuisées et sont courageuses et compétentes. Le seul responsable de cet attentat, c'est le terroriste qui l'a commis, et lui seul et ses éventuels complices.
Strasbourg : la France, du jaune au noir
J'ai également ressenti de la honte pour, non la récupération mais carrément la théorie du complot qui se développe et se diffuse à grande vitesse dans les réseaux sociaux et qui consiste à croire ou faire croire que l'attentat de Strasbourg ne serait pas survenu par hasard et qu'il aiderait politiquement le Président Emmanuel Macron.
Comment peut-on imaginer une telle chose ? Je ne crois pas à la crédulité de certains, mais à la voracité de ceux qui veulent saccager notre République, la diviser, la dépecer sous prétexte de ...démocratie. J'ai ressenti de la honte pour tous ceux qui, d'une manière ou d'une autre, alimentent ce genre de théories foireuses et fumeuses. Serait-ce vraiment l'intérêt politique ou électoral d'Emmanuel Macron d'apporter de l'eau au moulin des extrémistes de tous poils ? Le croire est une bêtise, le colporter est une grave faute et une immense irresponsabilité. En discuter est même malsain : tout argument peut toujours être retourné dans tous les sens pour y trouver la source de ses crédulités
L'heure n'est pas aux explications qui viendront plus tard. L'heure est d'abord au recueillement, à la solidarité et au rassemblement. L'heure est aussi à la responsabilité et à l'apaisement.
Invité de France Inter le matin du 12 décembre 2018, Laurent Nunez a eu raison de ne pas appeler les gilets jaunes à ne plus manifester samedi prochain car le droit de manifestation n'est pas négociable. Mais il a eu raison aussi d'appeler à la responsabilité et à l'apaisement. Avec ce nouvel attentat, probablement hélas pas le dernier, la France revit soudain une nouvelle de ses périodes les plus dures des dernières décennies.
Les forces de l'ordre sont aujourd'hui complètement surmenées et épuisées par trois semaines de violences et de manifestations avec les gilets jaunes. L'heure de l'apaisement avec les gilets jaunes avait sonné dès le 10 décembre 2018, la veille de l'attentat, dès lors que le gouvernement a décidé d'apporter une quinzaine de milliards d'euros sur la table, c'est une concession financière qu'aucun gouvernement n'a sans doute faite depuis la crise de mai 1968. Il est temps d'apaiser et pas de continuer à souffler sur les braises. Irresponsabilité de Jean-Luc Mélenchon pour avoir appelé à un "cinquième acte", comme si c'était un jeu de rôle et une pièce de théâtre, alors que la grande majorité des Français ont plébiscité dans les sondages les mesures annoncées le 10 décembre 2018. On ne joue pas ainsi à la révolution. L'histoire est tragique.
Un exemple qui prouve que le temps n'est pas de souffler sur les braises si l'on souhaite l'intérêt général. Ce mardi 11 décembre 2018, à Strasbourg, des dizaines de policiers ont dû quitter le Marché de Noël qu'ils étaient censés protéger justement de la menace terroriste permanente, pour aller aider leurs collègues débordés par la manifestation de lycéens dont certains brûlaient des voitures.
Cet appel à l'apaisement et à la responsabilité pour le mouvement des gilets jaunes a déjà été fait avant l'attentat de Strasbourg, sa pertinence en est renforcée après cet attentat. D'autant plus que les manifestations des gilets jaunes se font en dehors du cadre réglementaire qui ne vise qu'à bien assurer la sécurité des manifestants, à savoir sans déclaration à la préfecture, sans nomination d'une personne responsable, si bien que pour protéger une telle manifestation, il faut bien plus de policiers qu'une manifestation déclarée dont on connaît le chemin et les responsables. Sans compter les casseurs d'une violence exceptionnelle qui ont été jusqu'à vandaliser l'Arc de Triomphe et la tombe du Soldat inconnu le 1 er décembre 2018 à Paris.
Strasbourg : la France, du jaune au noir
Aujourd'hui, la menace terroriste renforce la surpression mise sur les forces de l'ordre, elles demandent une trêve ! Les policiers ne sont pas surhumains, ils ont droit, eux aussi, de respirer et de souffler. Pensons à eux ! Ils ont déjà effectué, selon certaines statistiques, 23 millions d'heures supplémentaires.
Tous les responsables politiques qui, aujourd'hui, alors que le pays est endeuillé, et que le tueur n'est toujours pas arrêté, ont montré récupération ou irresponsabilité, montrent leur véritable visage, celui de préférer leurs calculs politiciens misérables à la protection et à la sécurité des Français, de tous les Français. Leurs électeurs les jugeront sévèrement le moment venu.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (12 décembre 2018)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Strasbourg : la France, du jaune au noir.
Beyrouth, il y a trente-cinq ans.
Alain Juppé et le terrorisme.
Jean Moulin.
La France d'Arnaud Beltrame.
Discours du Président Emmanuel Macron aux Invalides le 28 mars 2018 (texte intégral).
La gendarmerie nationale.
Arnaud Beltrame, la foi et la République.
Que faire des djihadistes français en Syrie ?
L'attentat du Super U de Trèbes le 23 mars 2018.
Les attentats de Barcelone et de Cambrils (17 et 18 août 2017).
Daech : toujours la guerre.
Les attentats du 11 septembre 2001.
L'attentat de Manchester du 22 mai 2017.
L'attentat de Berlin du 19 décembre 2016.
L'unité nationale.
L'assassinat du père Jacques Hamel.
Vous avez dit amalgame ?
L'attentat de Nice du 14 juillet 2016.
L'attentat d'Orlando du 12 juin 2016.
L'assassinat de Christina Grimmie.
Les valeurs républicaines.
Les assassinats de Merah (mars 2012).
Les attentats contre "Charlie-Hebdo" (janvier 2015).
Les attentats de Paris du 13 novembre 2015.
Les attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Daech.
La vie humaine.
La laïcité.
Le patriotisme.
Strasbourg : la France, du jaune au noir
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20181211-attentat-strasbourg.html
https://www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/strasbourg-la-france-du-jaune-au-210630
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2018/12/12/36937017.html


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