Critique Ciné : Jonas (2018)

Jonas // De Christophe Charrier. Avec Félix Maritaud, Nicolas Bauwens et Tommy Lee Baïk.

Le cinéma français LGBT aime les histoires sombres. C’est ce que fait Jonas qui se raconte en deux temps différents : une partie se raconte en 1997, l’autre en 2017. Et je dois avouer que les deux timelines du film sont sympathiques où Christophe Charrier tente de véhiculer des émotions au travers d’un récit pourtant simple mais qui repose sur un élément : quel traumatisme a pu vivre Jonas a l’aube de ses 16 ans ? Il faudra attendre la fin du film pour le comprendre, mais il y a un déroulé assez efficace qui change de ce que l’on aurait pu imaginer au départ. Dès que l’on rencontre Jonas, on a tout de suite envie de s’accrocher au personnage car il est attachant. L’histoire se suit alors sans déplaisir, avec des personnages attachants et des intrigues qui fonctionnent. Le comportement du personnage est intéressant et le film joue énormément sur le stress post-traumatique qui a détruit complètement la vie de ce personnage. Le passé nous permet de comprendre les liens qu’il y a eu entre Nathan et Jonas, tout en déroulant petit à petit un récit du présent autour de la personnalité auto destructrice du héros. Je ne m’attendais pas nécessairement à ce que le film évolue de cette façon et que la conclusion soit aussi horrible que celle-ci, mais le film sait comment faire en sorte que l’on comprenne le but final (sans nous le révéler pour autant).

Que s’est-il passé un soir de 1997 pour que Jonas, 16 ans à peine, se retrouve seul et terrorisé dans la voiture de son père, à l’arrêt dans une station-service ? Des années plus tard, à 30 ans passés, le jeune homme finit enfin par affronter les fantômes du passé pour faire le deuil de son adolescence et de sa première histoire d’amour.

Les scènes du passé sont joliment mises en scène. En effet, Christophe Charrier parvient à nous faire ressentir cette nostalgie du passé et des années 90 que j’aime beaucoup. Mais le vrai reproche que je puisse faire à Jonas c’est le fait que la vie de dérives du héros met énormément de mal à se dévoiler sous nos yeux. Cela donne alors des moments parfois un peu plus ennuyeux ou ce sentiment que l’on regarde ça et que rien ne va réellement se passer à un moment donné. Le casting est solide, surtout Félix Maritaud qui sous les traits du Jonas présent est parfait. J’aime beaucoup la façon dont ce dernier parvient à rendre son personnage réaliste et profond. On s’attache alors rapidement à lui. Si le cinéma français LGBT+ n’est pas toujours parfait, ce film a beau ne pas bénéficier de grands moyens, il oeuvre à nous raconter quelque chose de réellement sympathique dans son ensemble. J’en attendais peut-être plus mais le réalisateur est entouré d’une équipe suffisamment solide pour nous proposer quelque chose de réellement sympathique où l’on ne prend jamais le temps de s’ennuyer.

Note : 6/10. En bref, un film agréable avec un sujet assez fort.

Date de sortie : 11 novembre 2018 - Directement en VOD