Alors aujourd'hui, deux extraits de ce roman étourdissant.
Une impression onirique de lucidité et de force peut-être imméritée m'a submergée quand je me suis rappelé une chose qu'avait dite grand-père en me retrouvant après ma promenade dans les collines, au-delà de la Niobrara : à savoir que chacun doit accepter son lot de solitude inévitable, et que nous ne devons pas nous laisser détruire par le désir d'échapper à cette solitude.
J'ai dressé la liste des choses, des gens et des lieux qui allaient me manquer, mais rien ni personne ne m'a remuée autant que le souvenir des arbres et surtout celui du Pacifique que j'avais écouté pendant tant de jours et de nuits que je pensais souvent à l'existence d'un langage qui nous aurait été commun : peut-être un langage non verbal, frisant la folie, le murmure du sang dans les veines, le chuintement de l'eau qui reflue, mais un langage malgré tout.