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Christian Kozar

Publié le 26 décembre 2018 par Christophefaurie
Christian Kozar est décédé dans la nuit du 25 au 26. Brutal et inattendu.
Il se trouve qu'il s'interrogeait sur l'avenir de notre pays. Allait-il sombrer dans l'anarchie ou pouvait-on inventer de nouveaux principes d'organisation sociale ? J'avais constitué un groupe de travail pour discuter de ce sujet en début d'année.
Notre rencontre est le fruit d'un hasard. Nous étions les invités d'une conférence organisée par une chambre de commerce, il y a un peu plus d'une dizaine d'années. Il racontait la transformation de la Poste qu'il avait menée, je parlais des techniques de conduite du changement. Son expérience m'avait stupéfié. Je ne suis pas sûr qu'il était conscient de ses compétences. Toujours est-il que nous sommes devenus amis.
Christian Kozar était hors du commun. Ancien officier, il était passé dans la préfectorale, puis avait été l'homme des grands changements du secteur public ou para public. Sa carrière est une série invraisemblable de missions impossibles. Parfois il a risqué sa vie. Comme lors d'une prise d'otages aux "Iles loyautés". Mais il a surtout été l'homme des "bombes sociales". Il a redressé des filiales de Canal+, et transformé la RATP, Air France, et, finalement, le courrier de la Poste, aux pires moments. Il avait mené ces changements terrifiants avec une incroyable facilité. Il est regrettable que notre pays n'ait pas su mieux employer un tel homme.
Il décrivait sa façon d'agir comme "le vol de bécasse". La bécasse est imprévisible. Elle a une logique, mais elle n'est compréhensible qu'après coup. C'est comme cela, qu'au moment où un coupe-coupe allait s'abattre sur sa tête, il a trouvé les mots qui ont arrêté le bras de l'agresseur, et l'ont fait entendre raison. C'est aussi comme cela qu'il a convaincu un banquier d'accorder le financement sans lequel Canal+ Pologne ne pouvait survivre, le temps qu'il trouve une solution à ses difficultés. Le vol de la bécasse est peut-être le principe même de la liberté, le Graal que cherchaient les philosophes des Lumières.
Christian Kozar est unique et irremplaçable, mais je ne peux m'empêcher de penser que l'homme des bombes sociales, le champion des situations d'urgence, et du changement de tous les dangers est mort comme il a vécu, droit dans ses principes, flamboyant et en possession totale de son talent.

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