Magazine Cinéma

Palmarès cinéma 2018

Par Balndorn
Palmarès cinéma 2018
Le soleil de 2018 atteint bientôt son couchant, et celui de 2019 pointe à l'horizon. Avant de nous plonger avec délectation dans la nouvelle saison à venir, revenons sur quelques tendances marquantes de l'année écoulée.
Partons, pour commencer, de celles que j'avais observées à la fin de l'année dernière. Dans mon bilan de 2017, j'évoquais deux phénomènes de part et d'autre de l'Atlantique : la reconnaissance institutionnelle et grand public du cinéma afro-américain d'une part, et d'autre part, le renouveau, ou du moins la meilleure médiatisation, des cinémas de genre français. 
Si la première tendance s'est poursuivi plus discrètement que l'année passée (quoi que les succès de Black Panther et BlacKkKlansman témoignent de cet engouement américain), la seconde, elle, a littéralement décuplé. Comme toujours, il faut se demander si la présence massive de films français dans le top 10 qui suit est due à un tropisme personnel ou correspond à un phénomène objectivement mesurable. Deux arguments vont en faveur de la seconde explication. D'une part, à force de me lire, vous connaissez ma sympathie pour le cinéma de genre, pendant longtemps minoritaire en France et majoritaire aux États-Unis, et donc la surreprésentation de ce dernier, moins présent qu'à l'ordinaire dans le classement qui suit car le cinéma de genre le plus intéressant aurait migré vers l'Europe ; d'autre part, vous trouverez, en-dehors de ce blog, quantité de palmarès qui confirment l'excellence des productions hexagonales de l'année.
Cinémas de genre, cinémas des genres
Que peut-on dire de celles-ci ? Il semblerait, qu'en France comme en Europe (en Angleterre avec How To Talk To Girls At Parties, en Belgique avec Girl), les cinémas de genre deviennent des cinémas des genres. J'en ai longuement parlé à propos de How To Talk To Girls At Parties et Un couteau dans le cœur, mais la tendance va au-delà des seuls films consacrés à la transidentité. Un peuple et son roi, La Douleur ou encore Le Grand Bain questionnent les identités genrées, féminines comme masculines (et réussissent bien mieux que Les Garçons sauvages, pâle expérimentation formaliste digne d'un ado qui découvre ses parties). Surtout, cinémas dits de genre et cinémas dits d'auteur se recoupent. Des cinéastes qui revendiquent leur approche auteuriste investissent des genres cinématographiques : Pierre Schoeller s'empare du film historique dans Un peuple et son roi, Stéphane Brizé transforme (de manière quasi-prophétique, à tout le moins révélatrice de l'esprit du moment) une lutte syndicale en film de guerre, et Xavier Legrand, pour Jusqu'à la garde, son premier long-métrage, fait d'une garde d'enfants partagée un film d'horreur. Inversement, les productions les plus étiquetables comme "genres" se voient traversées de courants singuliers. Témoin : le thriller Un couteau dans le cœur, dans lequel Yann Gonzales insuffle sa poésie baroque.
Netflix, les studios et la création au cinéma
Qu'en est-il outre-Atlantique ? Un changement majeur dans l'industrie cinématographique est en cours depuis le scandale Okja à Cannes 2017. De nouveaux acteurs s'emparent de la distribution, voire de la production : les industries de la SVOD, Netflix en tête. C'est sur Netflix que migrent bon nombre de talents américains : Alex Garland avec Annihilation, David Mackenzie avec Outlaw King, Alfonso Cuáron avec Roma, les frères Coen avec La Ballade de Buster Scruggs... et l'on sait déjà que Guillermo Del Toro (dont La Forme de l'eau demeure tout de même à mes yeux le chef-d'oeuvre de cette année) et Martin Scorsese signeront leurs prochains films chez Netflix. Ne portons pas néanmoins la firme aux nues : dans sa volonté de s'imposer dans un ensemble de genres, Netflix donne sa chance à tout et n'importe quoi, et à côté des très bons films sus-nommés, on trouve aussi de gros plantages comme The Cloverfield Paradox. Face à cette montée en puissance, les studios hollywoodiens se montrent plus frileux et s'efforcent de limiter les pertes. Les Animaux Fantastiques : Les Crimes de Grindelwald et Mortal Engines cherchent à réduire la casse au lieu de s'ouvrir aux promesses de la CGI. D'autres superproductions, plus rares malheureusement, utilisent le budget considérable qui leur est alloué pour se refaire à neuf : songeons aux Indestructibles 2, à Mission : Impossible - Fallout et à Avengers : Infinity War.
Mais voilà que je parle trop. Place aux films !
1) La Forme de l'eau : quand le cinéma se fait gender fluid ;
2) Battleship Island : malheureusement méconnu en raison d'une distribution aux abonnés absents, ce film sud-coréen est un rare exemple d'épopée cinématographique ;
3) Les Indestructibles 2 : 14 ans après le premier, Les Indestructibles se refont une santé ;
4) First Man : cette fois, c'est l'homme qui part dans l'espace qui porte le deuil, et non la femme ;
5) Un peuple et son roi : une nouvelle lecture de la Révolution, conforme au renouveau des luttes en France ;
6) Mission : Impossible - Fallout : Ethan Hunt/Tom Cruise a vieilli, ou plutôt, mûri ;
7) La Douleur : une oeuvre à fleur de peau, qui sort de la représentation bonhomme de la Résistance ;
8) Annihilation : le cinéma au prisme de Newton ;
9) Au poste ! : quand un cinéaste français formé aux États-Unis revient au pays, ça donne un cocktail explosif et hilarant ;
10) Le Grand Bain : une histoire de loosers ? ou plutôt une contre-histoire des winners ?
D'autres œuvres auraient mérité de figurer dans ce classement. Ne les oublions pas en raison de l'exercice du top 10 :
- Jusqu'à la garde
- Phantom Thread
- How To Talk To Girls At Parties
- Avengers : Infinity War
- Outlaw King
- L'île aux chiens
- En guerre
- Un couteau dans le cœur
- Dans la brume

Et tant d'autres que je vous invite à (re)lire sur les pages de ce blog...
Inversement, 2018 a vu peu de gros ratés. Est-ce mon goût qui s'affinât et évitât bon nombre de bouses, ou bien la production globale s'améliorât ? Certes, j'ai soigneusement contourné les gros blockbusters américains à risque ; mais ceux-ci n'étaient pas légion cette année, et les quelques-uns (Infinity War, Ant-Man, Black Panther) avaient une solide tenue. C'est plutôt du côté du cinéma dit d'auteur (hormis The Cloverfield Paradox) que j'ai remarqué les plus grosses bévues. Voici, dans l'ordre du pire au moins mauvais, mon flop 5 de l'année :
1) Donbass : le pire de tous, puisqu'il confond allègrement propagande anti-Poutine et cinéma ;
2) Le 15h17 pour Paris : l'oeuvre-limite de Clint Eastwood, qui révèle au grand jour les soubassements viciés de ses derniers films ;
3) The Cloverfield Paradox : LE plantage industriel de l'année. Sans être une catastrophe, le film est simplement inintéressant et se contente de recycler les clichés du genre ;
4) Une pluie sans fin : un mauvais remake de Se7en, qui en oublie la portée morale pour s'abîmer dans les codes éculés du genre policier ;
5) Vers la lumière : prometteuse sur le papier, la révélation de Cannes 2017 oublie son propos en chemin (le cinéma pour les aveugles) pour s'égarer dans une banale histoire d'amour.
Sur ce, je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d'année, et espère vous revoir aussi nombreux·euse·s l'année prochaine !
Palmarès cinéma 2018
Maxime
Si vous avez aimé cet article, n'hésitez pas à me soutenir sur Tipeee !  

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Balndorn 391 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine