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Fournée 2018 (films)

Publié le 01 janvier 2019 par Zegatt

Au compteur côté séries et films, 20 saisons visionnées et 106 films.

– Des séries françaises ratées : « Zone Blanche » dont je ne garde strictement aucun souvenir de l’intrigue, et qui tente de faire à tout prix une copie des ambiances américaines (travers assez récurrent). Par instants, on se croirait en plein Montana, avec un bureau du shérif et des gros flingues. C’est creux, plat, vide.
Dans un autre genre, « Ad Vitam », également ratée, avec un rythme bien trop contemplatif pour une intrigue bien trop limitée. L’histoire dure en longueur et des enjeux suggérés dont le potentiel fait rêver à première vue disparaissent sans laisser la moindre trace, absorbés par le côté polar somme toute banal.

– Ratées également, « Strike Back » (saison 6), qui suit le même schéma que la saison 5 et a délaissé le côté nanar idiot à l’humour lourd qui faisait le charme des saisons précédentes. Le résultat fait penser à un (très) mauvais Tom Clancy réduit à rien.
« Waco », sans grand intérêt, qui revient sur le siège de Waco au Texas. Le travail est informatif mais ne permet pas vraiment une ambiance, la réalisation étant trop pauvre pour cela. Les personnages sont par conséquent sous-exploités, pas assez charismatique, et l’intrigue en souffre du même coup.
« Narcos » (saison 1), dont j’avais entendu beaucoup de bien, et qui s’avère un véritable massacre au niveau de la réal. La caméra est plate, les cadrages ratés, et toute l’atmosphère en paye les conséquences ; le rythme narratif ne parvient pas à embarquer le public. On se contente de regarder, sans apprécier.

– De bonnes choses françaises : beaucoup de travaux de Kyan Khojandi que je rattrape (en connaissant déjà une partie), « Bref. » et « Bloqués », que j’ai enfin pris le temps de visionner en intégralité. Les deux séries sont superbement écrites, les jeux de mises en scène et les cuts extrêmement rapides de « Bref. » et la brièveté du format dans les deux cas en font des petites merveilles explosives avec des traits d’humour qui tiennent régulièrement du coup de génie (« Serge le Mytho » par contre n’a pas la même prestance, c’est amusant, mais on s’en passe volontiers).
« Le bureau des légendes » (saison 4) a perdu en rythme et souffre d’incohérences (les derniers épisodes en particulier), mais reste sans conteste une grande série française.
Même topo avec « Engrenages (saison 6), saison de qualité, qui décidément n’épargne pas ses protagonistes. Caroline Proust et Thierry Godard en particulier sont fantastiques.

– Côté documentaire, la deuxième partie du « Blue Planet » de la BBC, qui propose une plongée dans les océans avec des images rarement égalées (la première saison mérite également le détour) et pose hélas un terrible constat pour l’état de la planète. Un coup de poing à la fois visuel et écologique.

– Un détour espagnol avec « La casa de papel », légèrement trop long mais merveilleusement rythmé, avec des personnages attachants et hauts en couleur. Une belle surprise espagnole, très clairement inspirée de choix américains visuels comme narratifs, mais qui a l’avantage de ne pas ressembler à une pièce rapportée.

– Enfin, la merveille de l’année, le brillant final de « The Americans » (j’en ai profité pour rattraper un léger retard et voir les saisons 5 et 6). Une très grande réflexion sur les rapports est-ouest, le monde de l’espionnage, la fin de la Guerre froide, avec des enjeux humains poignants. Le générique à lui tout seul met face à face des images des deux blocs et le patriotisme et la propagande fusionnent allègrement sans réelle distinction.

– Pour les films, parmi les visionnages mauvais, « Battle Royale 2 », sans le moindre intérêt – du nanar.
« Fahrenheit 451 », la version de 2018, sans aucun charme, au message creux (surtout si on compare avec le livre d’origine ou la version de Truffaut). A éviter, malgré le fait que HBO soit derrière à la production.
« P.S. I love you » que c’est niais ! que c’est long ! « Ecire pour exister », du même réalisateur, toujours avec Hilary Swank, toujours aussi mauvais.
« Le territoire des loups » avec Liam Neeson, film catastrophe aussi vide que les espaces blancs filmés.
« Les aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin », qui confirme que Carpenter et moi, nous ne sommes pas faits pour nous entendre (à de rares exceptions – dont le magistral « The Thing »). La prestation de Russell est sympathique, les cadrages, la dynamique, les couleurs, le scénario catastrophiques. Ca a le mérite d’être amusant, sous alcool.
« Le fils de Jean » ; c’est propret et vide. L’intrigue apparaît comme une évidence pour le spectateur plusieurs dizaines de minutes avant sa résolution, faisant du protagoniste un imbécile.
« Solo – A Star Wars Story », minable pour un film avec un tel budget. Du fan-service à n’en plus pouvoir, et un manque de talent qui saute aux yeux (les 10 premières minutes sont une catastrophe de réalisation).
« Logan », la bande annonce (et ses nominations aux Oscar) m’avait croire qu’un film de super-héros pouvait ne pas être un film de super-héros. En fait, non, c’est de la banalité ordinaire, une marvélisation du cinéma tout ce qu’il y a de plus commun.
J’avais évité jusque-là « Jurassic World », j’aurais dû continuer. A le voir, la sensation s’impose : c’est un remarke du premier en plus grand, en plus fort, avec toutes les erreurs possibles commises. Les protagonistes n’ont aucun charisme, le trop-plein en devient étouffant, nul.
« Seuls », film fantastique pour ados, le principe est bien pensé, les interprétations et l’ambiance générale font que ça ne fonctionne pas.
« Les visiteurs 3 : La Révolution » – à vrai dire, je ne sais pas pourquoi j’ai pris le temps de le regarder…

– Sans intérêt, « L’Odyssée », biopic consacré au Commandant Cousteau avec Lambert Wilson. Le rythme y est décousu, à aucun moment le spectateur n’est pris d’empathie pour les personnages et l’ensemble respire le travail bâclé.
La récente trilogie de « La planète des singes » propose des enjeux intéressants, mais l’omniprésence de la 3D – et quand bien même les effets visuels sont fascinants en soi – donne un côté glacé, distant, qui ne permet pas de véritablement rentrer dans les films. Le concept était prometteur, le résultat plus que décevant.
« Moonwalker », le film pensé par Michael Jackson. C’est un foutoir indescriptible, les chorégraphies sont exceptionnelles (le fameux Smooth Criminal), le scénario aberrant et grotesque.
« Oro » de Agustin Diaz Yanes, extrêmement mal filmé, mais dans un univers peu exploité (la conquête du Nouveau Monde) où certaines scènes directement inspirées de Bernal Diaz del Castillo ou Cabeza de Vaca ont un certain charme. Dommage que le résultat soit si faible.
« Dunkerque », qui confirme qu’à de rares exceptions, Nolan est une falsification. La guerre de 39-45 sans la moindre goutte de sang, des idées (caméras sur les scènes de vol, silence oppressant avant bombardements) sous-exploitées ou détruites par l’aspect emballé et propre sur lui du film. On pourrait presque en faire un Disney qu’on s’y retrouverait tellement le tout est aseptisé.

– Parmi ceux plutôt moyens mais qui peuvent valoir le détour, « Le retour du héros » avec Jean Dujardin et Mélanie Laurent – des scènes amusantes, mais ne laisse pas grand souvenir.
« Mr Wolff » (merci Mathieu), au scénario bancal dans son final, mais qui propose au moins une bonne dynamique dans son ambiance et une bonne prestation de Ben Affleck.
« Santa & Cie », l’idée de départ et le fait qu’Alain Chabat soit derrière rendaient le tout tentant. Le résultat est assez moyen. C’est gentillet, sans plus.
« Tout l’argent du monde » – impossible de comprendre pourquoi ce film a autant plu. C’est du Ridley Scott assez médiocre, avec de belles prestations (Plummer bien entendu), qui s’oublie cependant très vite.
« The Guilty », thriller danois, a une ambiance indéniable et son acteur principal est grandiose dans le rôle. Mais la résolution un peu trop facile de l’ensemble fait que le film ne perdure pas tant que ça au-delà de la séance. Le tout reste une performance, mais n’atteint pas le côté opaque d’un « Phone game » par exemple.
« Mission : Impossible 6 – Fallout », scènes d’action splendides, Paris a rarement été aussi bien employée dans un blockbuster, mais le rythme est au moins au rendez-vous qu’avec les volets 4 et 5.
« Angles d’attaque » (merci Cyril), le concept est intéressant, le résultat trop facile.
« L’inconnu du lac », qui joue des conventions (les corps masculins nus, tout au long du film) pour une intrigue finalement sans grand intérêt. Il y a une atmosphère, c’est indéniable, mais le film n’apporte pas grand-chose.

– Détour par la Blaxploitation, avec « Meurtres dans la 110e rue » (d’où provient la fameuse chanson « Across the 110th street », reprise en ouverture du « Jackie Brown » de Tarantino) et le « Sweet Sweetback’s Badasssss Song » de Melvin Van Peebles. Les intrigues sont peut-être un brin pauvres, l’ambiance est, elle, bien au rendez-vous.
Dans une ambiance noire assez proche, marqué dans son style visuel, ses costumes et ses couleurs, « Meurtre d’un bookmaker chinois » – le premier Cassavetes que je regarde.
Et un thriller de la même époque, le brillant « Guet-apens » avec Steve McQueen.

– Des références françaises que j’avais zappées jusqu’à présent et enfin rattrapées, « Mon oncle d’Amérique » (merci Hubert), et surtout de belles découvertes, du très grand Depardieu dans « Les valseuses » et, avec Patrick Dewaere également et Patrick Bouchitey, « La meilleure façon de marcher » (merci Hubert – bis).

– De bons films français ; d’abord le diptyque « Avant que de tout perdre » et « Jusqu’à la garde » de Xavier Legrand. Le scénario n’a rien à raconter, mais la montée de tension, le jeu de Léa Drucker et Denis Ménochet sont de haute volée. Le second volet rappelle par instants le « Shining » de Kubrick. Du très grand jeu, hélas faible quant à l’histoire.
« A l’origine », très bon face à face d’Emmanuelle Devos et François Cluzet.
« Les Combattants » de Thomas Cailley (réalisateur de la série « Ad Vitam ») ; on retrouve son style, mais là, ça fonctionne, et Adèle Haenel tient son rôle à merveille. Conclusion trop rapide et avec un arrière-goût de deus ex machina qui gâche l’ensemble cependant.
Deux films qui se répondent en partie : « L’Atelier » et « Le brio ». Le second est clairement meilleur, mais trop simpliste. Daniel Auteuil est très bon.
« 120 battements par minute », un drame fort.
« Des hommes et des dieux », drame encore, à propos du massacre des moines de Thibirine. Un film lent, qui parle plus de la vie monacale que de la tuerie. C’est contemplatif et beau.
« Patients », une comédie de Grand Corps Malade et Mehdi Idir au charme indéniable, belle surprise.
Comédie également, « Comment c’est loin », porté par Orelsan et Gringe, rappelant forcément le ton de la série « Bloqués », là encore une belle surprise.
Comédie toujours, « Tout le monde debout » de Franck Dubosc – je suis le premier surpris d’avoir accroché à une réalisation de Dubosc, mais le fait est que ça fonctionne plutôt bien (mais moins que les deux précédents tout de même).
« Cherchez la femme », qui a une saveur de De Funès moderne, porté par Félix Moati et Camelia Jordana.
« En guerre » (merci Carmen), filmé de telle façon qu’on se croit à chaque instant dans un documentaire, avec une prestation fantastique de Vincent Lindon. C’est long, ce qui rend l’aspect dramatique encore plus dur à mesure que l’intrigue progresse, et le tableau d’autant plus réaliste.
Autre prestation de Lindon, « L’Apparition », bien pensé, avec une ambiance bien plantée et une réflexion intéressante.
Lindon, toujours, dans « Pour elle », thriller classique qui fait son job, un bon moment de cinéma.
Dynamique toujours et sans prétention, « L’assaut » consacré à la prise d’otages par le GIA dans un Airbus en 1994.
« Les frères Sisters » (merci Carmen – encore), du bon Godard. Pas son plus brillant, mais loin devant le faiblard « Dheepan ». Les jeux scéniques pour en faire un contre-western sont très bien pensés, les acteurs irréprochables (mention spéciale pour Jake Gyllenhaal dont les interprétations depuis « Prisoners » sont bluffantes).
Le coup de coeur français de l’année : « Le monde est à toi » de Romain Gavras, jouissif, drôle, ubuesque par moments, avec Adjani et Cassel dans des rôles puissants, délurée pour elle et à contre-emploi pour lui. Les jeux de caméra et l’omniprésence musicale renforcent la dynamique et l’ironie omniprésentes.

– Un documentaire pour le fan service, mais qui vaut le détour : « Empire of Dreams – The story of the Star Wars trilogy ».
Côté documentaire, « Jane » (merci Krzysztof et Carlota), à propos de Jane Goodall et de ses travaux sur les primates.
« Chavela Vargas », consacré à la chanteuse, très beau portrait.
Et autre portrait, celui du récent prix Nobel Denis Mukwege dans « L’homme qui répare les femmes ».
A la fois concert et one-man-show, « Springsteen on Broadway », à réserver aux aficionados, une très belle plongée dans l’univers du Boss, et certaines interprétations exceptionnelles.

– « El Presidente », film politique latino-américain intelligent, qui se perd un peu trop dans un détour freudien mais mérite d’être vu – et Darin est, une fois de plus, exceptionnel pour camper son personnage.
« The Angel » (merci Yehya !), film d’espionnage consacré à Ashraf Marwan, personnage assez ambigu, intime de Nasser et Sadate ayant espionné pour le compte d’Israël. C’est classique par la réalisation, mais largement efficace.
« Le Caire confidentiel », polar inspiré de faits réels ancré dans les jours du printemps arabe. Un portrait terrible de la corruption en Egypte, un film fort.

– « Nouveau départ », drame-comédie familial plutôt gentil, sans grands enjeux mais qui fait passer un bon moment, avec un rôle comique de Matt Damon convaincant.
« Get out », un faux film d’horreur qui joue avec les critères du genre, qui joue à loisir avec le racisme et les archétypes. Final un peu simple après une première moitié qui frôle le génie.
Un bon film de super-héros, « Barman v Superman » de Snyder avec Ben Affleck très convaincant et deux premiers tiers qui posent des enjeux assez fascinants (hélas peu – voire pas – poussés à leurs extrêmes au final).
« Three billboards : Les panneaux de la vengeance », ambiance à tendance redneck, Woody Harrelson toujours aussi pertinent, un bon film à atmosphère qui raconte finalement peu mais imprègne le spectateur.
Un rôle impressionnant de Gary Oldman qui s’avère définitivement l’un des plus brillants acteurs contemporains, « Les heures sombres » consacré à Churchill – la réalisation pas assez inventive fait perdre un peu de sa puissance au film.
Un gros retard enfin rattrapé : j’ai finalement vu la référence de Spielberg « Rencontres du troisième type » !

– « Todos lo saben » (merci Carmen – impossible de comprendre pourquoi il a fallu lui donner un titre anglais – « Everybody knows » pour sa sortie française) d’Asghar Farhadi. Bien au-delà de « Le passé » (plus que médiocre, dans le jeu d’acteurs comme dans son scénario minable), là, Farhadi joue à Hitchcock. Strictement tout le film est codé, et l’intrigue elle-même peut être déjouée après la moitié du visionnage. C’est un rébus complet pour ceux qui veulent s’y amuser, quand bien même le déroulement standard laisse très peu de questionnements à la sortie de la salle. Une très grande interprétation de Cruz, Bardem et Darin porte le tout.
Dans la même veine, mais qui au contraire vous laisse quitter la salle avec un foisonnement d’interrogations, le grandiose « Burning » coréen. C’est lent, étouffant par moments, d’une complexité folle, là aussi jouant avec des indices sans aider une seule seconde le spectateur. Très certainement le meilleur film de 2018.

– Enfin, je pensais avoir vu la majeure partie des films de Chris Marker mais j’ai réalisé grâce à l’exposition de la Cinémathèque que je n’en connaissais pas la moitié. J’ai comblé une partie de ces lacunes avec son interview de « Cornelius Castoriadis – Une leçon de démocratie », « Une journée d’Andreï Arsenevitch » (j’espérais mieux d’une réflexion sur Tarkovski), « Le train en marche », « La sixième face du Pentagone » (prenant), « Loin du Vietnam » (mélange de courtes réflexions de réalisateurs foisonnant et pertinent) et « Le joli mai » (mon favori du lot, le portrait magistral d’une époque, avec un sous-entendu politique qui va s’affirmant peu à peu pour se révéler avec d’autant plus de force).

Détour par les étagères de livres dans un jour ou deux !


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