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Sans Silke, de Michel Layaz

Publié le 02 janvier 2019 par Francisrichard @francisrichard
Sans Silke, de Michel Layaz

Je me suis demandé si j'avais les capacités pour mener à bien ce travail de préceptrice. Je doutais que le mot de préceptrice fût le bon, mais je n'en trouvais pas d'autre.

Silke a dix-neuf ans. Elle a toujours vécu en ville, au bord du lac. Mais elle a besoin de travailler pour financer ses études. Alors elle saisit l'aubaine d'une annonce dans le journal:

On offrait un studio et une somme supérieure à celle que j'aurais pu gagner dans n'importe quel autre travail; en contrepartie, chaque fin d'après-midi en semaine et le samedi toute la journée, on demandait de s'occuper d'une fillette de neuf ans.

Silke est reçue à La Favorite qui se trouve à trois kilomètres du premier village, construite en bordure de forêt par enchantement, par la mère, élégante, le visage fin et sans la moindre ride.

L'affaire est rondement conclue. Trois quarts d'heure suffisent. Silke visite surtout le studio, ne voit même pas le père ni Ludivine. La mère lui dit seulement qu'elle est une enfant émotive, quelque peu distraite et endormie...

Le père, un bel homme au teint pâle, aux épaules larges et aux cheveux longs tirés en arrière, est un artiste. Avant de dessiner ou de peindre, il se ressource et plonge en lui-même...

Ludivine est une enfant qui, à l'école, n'aurait aucune facilité... En fait, il semble que ses parents ne s'occupent guère d'elle et qu'ils soient deux âmes tendues l'une vers l'autre, soudées dans leur bulle d'amour.

Très vite naît entre Ludivine et Silke une véritable complicité qui leur permet d'échapper à l'indifférence prononcée du père et de la mère à l'égard de leur fille.

La mère, avocate, mécène de son homme, ne pense qu'au père, qui ne pense qu'à sa mission épaisse d'artiste incompris et ne supporte pas longtemps sa fille, qu'elle parle, rit ou pleure.

Silke et Ludivine, ensemble, jouent, se promènent, font un peu les quatre cents coups sans trop de conséquences, partagent des secrets mais il ne faut pas qu'elles fassent trop de bruit...

Que dire de plus de la mère, sinon que c'est une déesse hautaine, qui ne pourra que rester fascinée et dévouée au père, indéfiniment, sans laisser de place à Ludivine.

N'est-il pas significatif que la mère déteste les accents et les régionalismes et qu'elle répète à sa fille qu'il faut dire: pomme de pin et pas pive, trébucher et pas s'encoubler, maillot de bains et pas costume de bains ?

Ce qui s'ensuit est prévisible sans évidemment l'être dans le détail: c'est, en tout cas, le résultat du comportement de deux coeurs unis d'amour, d'orgueil et d'égoïsme, à l'abri de leur carapace sans faille.

Francis Richard

Sans Silke, Michel Layaz, 160 pages, Zoé (sortie le 3 janvier 2019)

Livre précédent:

Louis Soutter, probablement (2016)


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