Décidément, monsieur Eric
Drouet occupe la une de l’actualité. Mais si, comme il l’affirme, il n’a pas
voté pour Marine Le Pen aux deux tours de la dernière élection présidentielle, j’ai compté
parmi ceux qui ont propagé une fausse nouvelle et c’est éminemment regrettable.
Rappelons en deux mots qui est M. Drouet. Avant de devenir un homme fascinant
pour Jean-Luc Mélenchon, il a été l’un des initiateurs du mouvement des gilets
jaunes en novembre dernier et surtout un porte parole d’une partie des
protestataires n’hésitant pas au passage à relayer des thèses complotistes du
genre : « le pacte de Marrakech » ouvre la voie à « une immigration massive en
France. La France s’est vendue, etc.etc. » Eric Drouet est donc un gilet jaune
d’un genre particulier.
Revenons sur son affirmation.
Il assure ne pas avoir voté pour Marine Le Pen mais se dépêche d’ajouter :
« Et même si j’avais voté pour elle, le
problème n’est pas là. » Un psychanalyste serait très intéressé par cette
phrase. Car elle ouvre la porte à toutes les interprétations et en particulier,
elle nous permet de croire que M. Drouet a bien voté pour Mme Le Pen à la présidentielle.
Ses postures, la matraque présente dans son sac lors d’une manifestation à
Paris (il sera jugé pour ce fait en juin prochain) la proposition d’aller
occuper l’Elysée…ses appels à manifester (sans déclaration ni autorisation)
tout concourt à en faire un homme fascinant, en effet, mais pas pour les
raisons qu’avance le chef de la France insoumise.
Certes, Eric Drouet bénéficie
de la présomption d’innocence. Comme tout un chacun et c’est heureux. Mais il
ne faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages. Quand
Jean-Luc Mélenchon exige des excuses de Benoit Hamon (1), il se fout de la G……du
monde. La récupération politique est si voyante (à quelques mois des européennes)
si indélicate, si méprisante (Mélenchon n’a que faire de M. Drouet) qu’elle le
disqualifie pour parler au nom de la gauche.
N’oublions pas que J.L. Mélenchon était
mitterrandien, pas mendésiste. Il admirait dans l’ancien président de la République
« socialiste » l’homme rusé, théâtral, littéraire, l’homme cultivé, tribun
comme lui. Comment aurait-il pu se reconnaître dans l’ancien maire de Louviers,
épris de vérité, de respect pour le citoyen, de dignité dans l’art de pratiquer
la politique ? Autrement dit, je ne crois pas un mot de Drouet comme je ne crois pas
un mot des lamentations de Mélenchon, un artiste du verbe qui finirait par
nous faire croire ce qu’il dit.
(1) Benoit Hamon a été l'un des premiers à reprendre un texto de Jean-Michel Apathie qui affirmait qu'Eric Drouet avait voté Le Pen.