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Souvenirs d'enfance, Tome 1 : La Gloire de mon père de Marcel Pagnol

Par Rambalh @Rambalh
Je poursuis mon hommage à Marseille avec cette lecture qui me tenait vraiment à coeur et qui est un véritable coup de ♥ de mon été 2018.
Souvenirs d'enfance, Tome 1 : La Gloire de mon père de Marcel Pagnol

Quatrième de Couverture
Marcel Pagnol raconte, en qualité de témoin, les personnages de son enfance et la vie dans la famille d'un instituteur d'Aubagne, qui va s'animer avec la location d'une bastide dans la garrigue de l'arrière-pays marseillais où ils vont passer les grandes vacances. Cette villa dont rêve Marcel depuis toujours se nommera la Bastide neuve, il y passera les plus beaux jours de sa vie.
On y voit comment le petit Marcel parvient à épanouir peu à peu sa personnalité, celle d’un fils aîné de Provence, passionné par la lecture et les aventures dans les collines, partagé entre son amour exclusif pour la belle couturière, éternelle jeune fille incarnée par Augustine, qui sera une mère tendre et discrète, et l’admiration pour son père, Joseph le maître d’école, anticlérical et anti-alcoolique, mais profondément humain. Il ne deviendra complètement son héros qu’en lui prouvant qu’il aime autant que lui ses chères collines, glorifié par un exploit de chasse. L’enfant se débat entre ses rêves et les découvertes parfois angoissantes de la réalité du monde où il vit : Les adultes peuvent aussi mentir...
Sentir qu’il est aimé et entouré, parvenir à être fier de ses parents et de lui-même est le défi même de cette belle et poignante histoire.... à la fois unique et universelle.
Mon avis
J’ai grandi en regardant chaque année (voire plusieurs fois par an même) les films adaptés des romans de Marcel Pagnol, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère, réalisés par Yves Robert. Ces films, c’est ma maman qui me les a fait découvrir et je l’en remercie parce qu’ils font partie de mes classiques, parce que je les regarde inlassablement et que je les connais par cœur. Ces films me rappellent mon enfance, mon caractère aussi, mon amour pour ma propre garrigue, celle de l’Occitanie.
Et maintenant je peux dire qu'ils sont une adaptation fidèle et magique des livres (à quelques détails près qui ne changent rien à la beauté de l'oeuvre).
Pendant des années j’ai repoussé le moment de lire enfin les mots de Pagnol, mots que je savais aimer puisque présents partout dans ces films que j’aime tant. J’ai finalement attendu le moment de quitter Marseille, cette ville où j’ai vécu trois ans, pour faire naître une grande nostalgie en moi tout en me laissant bercer par la magie de l’écriture de Pagnol.
À travers une écriture poétique, marquée inconsciemment par cet accent provençal si doux et chantant, Marcel Pagnol nous entraîne dans le souvenir de la première partie de ses vacances dans les collines qu’il aimait tant, ces collines qu’il décrit avec un amour pur et sans fioriture, un amour qui me bouleverse encore et encore, un amour qui fait écho en moi.
Le premier tome de ces Souvenirs d’enfance gagne en puissance notamment parce que Marcel Pagnol se replonge dans l’esprit du petit garçon qu’il était à l’époque, il utilise les mots qui lui traversaient l’esprit à cette époque, ces mots qu’il chérissait et collectionnait, ces mots touchants par leur naïveté parfois, mais qui restent tout de même aligné, cela se sent, par un adulte. Mais un adulte qui n’a pas oublié son âme d’enfant, un adulte qui se souvient de son état d’esprit, de ses rêves, de ses espoirs, de sa vie à cette époque. Et c’est en ça que l’écriture de Pagnol en est plus touchante : écrivain de talent, maître dans l’usage des mots, c’est en teintant ses phrases de cette âme d’enfant qu’il nous ramène à cette douce époque de l’innocence, de l’insouciance, où tout ce qui était terrible à nos yeux était simplement la fin des grandes vacances.
C’est avec un plaisir immense et des étoiles plein les yeux que j’ai dévoré ce livre tout en le savourant, relisant certains passages plusieurs fois tellement je les ai aimés. Et, surtout, les teintant de mon propre accent, à le fois proche et différent de celui de cette Provence qui a su gagner mon cœur ces trois dernières années.
Si vous n’avez jamais lu Pagnol, foncez. C’est doux, c’est fort aussi et ça se déguste comme une bonne rasade de jus de citron frais l’été, sous les pins, au rythme du chant des cigales, avec l’odeur du thym sur les mains (oui, dès que je me balade en garrigue, je frotte mes mains avec du thym).
« Ce que j’écoutais, ce que je guettais, c’était les mots : car j’avais la passion des mots ; en secret, sur un petit carnet, j’en faisais une collection, comme d’autres font pour les timbres.
J’adorais
grenade, fumée, bourru, vermoulu et surtout manivelle : et je me les répétais souvent, quand j’étais seul, pour le plaisir de les entendre.
Or, dans les discours de l’oncle, il y en avait de tout nouveaux, et qui étaient délicieux :
damasquiné, florilège, filigrane ou grandioses : archiépiscopal, plénipotentiaire.
Lorsque sur le fleuve de son discours je voyais passer l’un de ces vaisseaux à trois ponts, je levais la main et je demandais des explications qu’il ne me refusait jamais. C’est là que j’ai compris pour la première fois que les mots qui ont un son noble contiennent toujours de belles images.
»
« Sous sa casquette de travers, il mâchonnait nerveusement une tige de romarin, et hochait une triste figure. Alors, je bondis sur la pointe d’un cap de roches, qui s’avançait au-dessus du vallon et, le corps tendu comme un arc, je criai de toutes mes forces : « Il les a tuées ! Toutes les deux ! Il les a tuées ! »
Et dans mes petits poings sanglants d’où pendaient quatre ailes dorées, je haussais vers le ciel la gloire de mon père en face du soleil couchant.
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