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[Critique] La Favorite

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] La Favorite

[Critique] La Favorite
Début du 18e siècle. L’Angleterre et la France sont en guerre. Toutefois, à la cour, la mode est aux courses de canards et à la dégustation d’ananas. La reine Anne (Olivia Colman), à la santé fragile et au caractère instable, occupe le trône tandis que son amie Lady Sarah (Rachel Weisz) gouverne le pays à sa place. Lorsqu’une nouvelle servante, Abigail Hill (Emma Stone), arrive à la cour, Lady Sarah la prend sous son aile, pensant qu’elle pourrait être une alliée.

Nouvelle réalisation de Yórgos Lánthimos (Canine, The Lobster, Mise à mort du cerf sacré), La Favorite est un long-métrage historique retraçant la rivalité naissante entre Lady Sarah et sa nouvelle servante Abigail, toutes deux amies proches de la reine Anne, dans l’Angleterre du début du 18e siècle. Si les personnages ont évidemment réellement existé, le cinéaste grec confère néanmoins à son œuvre une approche résolument décalée qui offre au film d’époque un vent de fraîcheur bienvenu. Malgré le réalisme (et le soin minutieux) des décors et des costumes, le film séduit ainsi principalement par ses scènes délicieusement absurdes et son humour noir ravageur. Il interpelle aussi par ses propos fondamentalement féministes, qui tranchent nettement avec les codes de l’époque. En parlant de codes, la grande prouesse de Lánthimos est justement de parvenir à ne pas les négliger, mais au contraire à s’en jouer constamment. A ce titre, il est d’ailleurs intéressant de constater que les trois figures féminines occupent absolument toute l’intrigue, les hommes étant invariablement réduits à de simples seconds rôles, n’influençant jamais en profondeur le récit. Hormis Nicholas Hoult, succulent en noble arriviste, aucun acteur ne marque par conséquent les esprits.

[Critique] La Favorite
A l’inverse, les trois actrices rayonnent, quant à elles, littéralement. Plus que Rachel Weisz et Emma Stone, fabuleuses en courtisanes aussi ingénieuses que sournoises, on retiendra surtout ici la performance incroyable d’Olivia Colman. Moins connue que ses deux complices de jeu, la comédienne britannique livre en effet une interprétation exceptionnelle en reine à la santé fragile et à la personnalité instable. Si les dialogues captivent tout du long par leur caractère percutant et subversif, les plus mémorables sont certainement à mettre à son actif, les nombreuses sautes d’humeur de son personnage donnant lieu à de véritables moments de comédie. Côté technique, le long-métrage n’est pas en reste non plus puisque le réalisateur, à travers ses différents choix de mise en scène, propose un vrai point de vue. Par ses mouvements de caméra et ses valeurs de plans, il assimile effectivement la caméra à un œil observateur, offrant au spectateur un regard espion sur le drame qui est en train de se jouer. Un procédé habile pour, notamment, dévoiler subtilement les vices et les vertus des protagonistes. Seul bémol, la durée un peu excessive de l’ensemble qui empêche malheureusement le film d’éviter l’une ou l’autre longueur.

Avec La Favorite, Yórgos Lánthimos dépoussière donc brillamment le film d’époque. Entre humour noir ravageur, scènes délicieusement absurdes et réalisation ingénieuse, le cinéaste grec livre un drame historique magistral. A peine handicapé par une durée un brin excessive, le long-métrage peut, de surcroît, s’appuyer sur un trio d’actrices impérial.


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