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DOSSIER : « Gilets Jaunes », vers l’ultra-violence

Publié le 12 janvier 2019 par Misteremma @misteremma

DOSSIER : " Gilets Jaunes ", vers l'ultra-violence

A l'aube de l'acte IX des gilets jaunes, la France est au bord de la guerre civile à en croire Jean-Michel Apathie sur le plateau de " C à vous " (France 5) ce jeudi 10 janvier 2019. Mais comment en est-on arrivé là ?

MONEY, MONEY, MONEY

On aura beaucoup parlé d'argent cette semaine.

  • la cagnotte en soutien au boxeur Christophe Dettinger qui sera retirée du site leetchi.com après 48h et 117 000 euros récoltés aura fait grincer pas mal de dents : celles des gilets jaunes pour son annulation et celles de nombreux politiciens (pas tous) pour son existence. Marlène Schiappa, secrétaire d'État chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, aimerait connaître le nom des donateurs afin de savoir s'il n'y a pas des forces politiques étrangères qui auraient manipulé la réussite de la cagnotte. Elle pense à l'Italie dont Matteo Salvini et Luigi Di Maio ont tous deux apporté leur soutien à la colère française. Les manifestants y voient plutôt un contrôle, voire une forme de délation contre les gilets jaunes que la majorité appelle " complices des violences à l'encontre des forces de l'ordre ".
  • Et puis il y eu la récolte de fonds en soutien aux forces de l'ordre. Les gilets jaunes y voient un complot gouvernemental en raison de sa croissance régulière lors des premières 24h. Les dirigeants du site indiquent qu'il s'agit d'une simple lenteur informatique due aux flux inhabituels de dons dont le site profite depuis la cagnotte de Dettinger et sa couverture médiatique.
  • Enfin, il y eut le salaire de Chantal Jouanno, la présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP).

La CNDP est une autorité administrative indépendante ayant pour mission de " veiller au respect de la participation du public au processus d'élaboration des projets d'aménagement ou d'équipement d'intérêt national de l'État, des collectivités territoriales, des établissement publics et des personnes privées, relevant de catégories d'opérations dont la liste est fixée par décret en Conseil d'État, dès lors qu'ils présentent de forts enjeux socio-économiques ou ont des impacts significatifs sur l'environnement ou l'aménagement du territoire ". En d'autres termes, la CNDP veille à ce que le point de vue des citoyens soit pris en compte dans le processus de décision des grands projets d'aménagement et d'équipement d'intérêt national. Elle gère chaque année, avec son équipe, des dizaines de dossiers complexes et difficiles.

Au regard de ses fonctions, elle a toutes les aptitudes, les capacités et l'expertise pour piloter le Grand Débat National voulu par le Président Emmanuel Macron pour sortir la France de la grogne des gilets jaunes.

Mais voilà, Chantal Jouanno gagne 14.710 euros par mois. Une fausse information s'est rapidement répandue sur le net et dans les médias déclarant qu'elle allait gagner cette somme pour piloter le débat alors que cette somme est celle de sa fonction - elle ne gagne pas un bonus pour le pilotage - et en tant que présidente d'une autorité administrative indépendante, sa rémunération est fixée par la loi de Finances en application de l'article 72 de la loi n° 2011-1977 du 28 décembre 2011 de finances pour 2012. Elle n'est donc pas en relation avec sa personne.

Dans l'atmosphère tendue et dans la chasse aux sorcières que la France vit actuellement, Chantal Jouanno a préféré se retirer du pilotage afin de ramener la sérénité nécessaire pour ce débat en lequel elle croit... mais le mal était fait. Les gilets jaunes ont inscrit ce nouveau " scandale " salariale à l'ordre de leurs (nombreuses) revendications.

Et ce retrait n'a pas suffit puisque plusieurs politiciens de l'opposition ont réclamé son départ de la présidence de la CNDP, même Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement, l'a demandé alors que - je me répète - sa rémunération n'est en rien fixée à sa personne mais à une fonction.

Ce cafouillage n'est pas le seul piège du Grand Débat National pour Emmanuel Macron.

  • Il y a le timing : " En théorie, il faut six mois pour organiser ce genre de débat. On n'est pas prêts, c'est super risqué ! " a déclaré un ministre à France 2.
  • Il y a ensuite la méthode : " une réflexion profonde et partagée " y voit le Président de la République mais d'autres y voient une boîte de pandore et réclament un cadre précis ou des sujets auxquels on ne pourra pas discuter comme l'ISF, la peine de mort, le droit à l'IVG ou encore le mariage pour tous. Tiens, l'abrogation de la loi Taubira (qui encadre le mariage pour tous) fut la revendication qui a reçu le plus de votes lors de la consultation en ligne lancée par le Cese (Conseil économique, social et environnemental) du 15 décembre 2018 au 4 janvier 2019. Au total, 9000 contributions ont été déposées sur la plateforme censée recueillir les inquiétudes des citoyens, " gilets jaunes ou non ". Cette liste des thématiques ayant émergé avec la crise sont les prémices au grand débat national souhaité par Emmanuel Macron...
  • Enfin, il y a la procédure. C'est sur les épaules des 35 000 maires de France que repose l'organisation de ce grand débat. Vont-ils.elles tou.te.s jouer le jeu ? Des voix s'élèvent pour dénoncer l'attitude de François Baroin (LR), qui dirige l'Association des maires de France et qui saboterait discrètement l'opération. " Il a donné des consignes aux maires de ne pas encourager les débats " assurent des organisateurs.

Comme on le voit, c'est déjà bien mal parti pour le Grand Débat National dont Emmanuel Macron doit annoncer les grandes lignes le lundi 14 janvier 2019 dans la lettre qu'il adressera aux français.

JE HAIS LES JOURNALISTES SAUF...

Les gilets jaunes n'aiment pas les journalistes car ils les considèrent à la solde du gouvernement. Ils sont régulièrement pris à parti dans les manifestations. Un rassemblement s'est tenu devant les locaux de BFMTV, le syndicat des journalistes de la chaîne ont décidé de ne pas couvrir le mouvement le lundi 7 janvier 2019. Cette haine est terrible pour la démocratie mais elle ne date pas d'hier. La famille Le Pen a régulièrement considéré les journalistes comme des adversaires politiques. François Fillon a utilisé le même stratagème lors des élections présidentielles de 2017 alors qu'il était embourbé dans différentes affaires.

Les gilets jaunes n'aiment pas les journalistes sauf quelques uns :

  • Rémy Buisine, Brut. Avec son smartphone, le journaliste de 28 ans filme les marches, les rassemblements et interviewe les militants. Ses live Facebook peuvent durer des heures. Peu importe. Il n'est pas caché. Il est avec les manifestants. Il filme sans parti pris, sans juger, sans explication.
  • Vincent Lapierre, indépendant. Enfin, pas si indépendant que ça puisqu'il serait plutôt un journaliste d'extrême droite comme le défini Mathieu Molard, journaliste à Streetpress et coauteur du livre Le Système Soral, enquête sur un facho business (Calmann-Lévy, 2015). Lapierre fut un proche de l'essayiste d'extrême droite Alain Soral et proche de Dieudonné. Son travail sur le terrain pour couvrir les gilets jaunes est très apprécié par Eric Drouet, figure emblématique du mouvement et par de nombreux gilets jaunes qui laissent des commentaires positifs au bas de ses vidéos Youtube.
  • Russia Today France. Chaîne russe, entièrement financée par le Kremlin, elle couvre la manifestation pour se faire un nom dans le paysage audiovisuel français. Elle est appréciée des gilets jaunes car elle pratique le live qu'elle diffuse sur Facebook et se positionne du côté des gilets jaunes.

Et puis, il y a le cas Marc Rylewski. Il se dit journaliste des gilets jaunes et a acquis ses lettres de noblesse grâce à une interview choc du journaliste politique Jean-Michel Apathie. Avec son smartphone, il interpelle les personnalités dans la rue en les assénant de contre-vérités, de questions orientées, d'affirmations fausses et n'hésite pas à basculer dans l'antisémitisme. Le ton employé est plutôt décrié dans les commentaires que l'on peut lire sur sa chaîne Youtube. Il est également l'auteur de la vidéo où Franck Dubosc retournait sa veste à Lausanne : " Les gilets jaunes c'est du passé. Trop haineux trop hargneux, à dégager " . D'après CBS, il aurait été un paparazzi bien connu sur la place de Paris.

Si vous ne savez pas ce que l'intolérance veut dire, si vous voulez observer une forme de violence inadmissible, regardez cette vidéo qui ne sert pas la cause des #giletsjaunes
Aphatie journaliste millionnaire anti Gilet Jaune https://t.co/EVRqSspPhG via @YouTube

- jean-michel aphatie (@jmaphatie) January 10, 2019
LE GITAN DE MASSY

Tout commence le samedi 5 janvier 2018, l'ancien boxeur Christophe Dettinger frappe des policiers lors de la manifestation parisienne. Il est placé en détention provisoire dans l'attente de son procès renvoyé au 13 février. Depuis lors, et d'après un article alarmiste du HuffingtonPost, plusieurs messages et vidéos sur les réseaux sociaux publiées par des personnes se présentant de la communauté gitane invitent à se mobiliser et à aller manifester. Les " ultra-gilets jaunes " y voient une nouvelle occasion de raviver la flamme et de faire tomber le gouvernement par le chaos et la violence.

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