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Antonia, Journal 1965 - 1966, de Gabriella Zalapì

Publié le 12 janvier 2019 par Francisrichard @francisrichard
Antonia, Journal 1965 - 1966, de Gabriella Zalapì

Antonia, 29 ans, est mariée à Franco, qui travaille beaucoup et est d'une humeur massacrante quand il rentre à la maison. A 21 ans, elle lui a donné un fils, Arturo, confié à Nurse, qui, en l'accaparant, lui fait rater des occasions de l'aimer.

Bref elle mène maintenant une vie de perfect house wife, ce qu'elle n'avait pas imaginé du tout quand elle s'est mariée avec Franco: elle désirait être aimée. Très seule, elle décide de tenir un journal. Elle le commence le 21 février 1965.

A son journal elle confie ses états d'âme, cette solitude, qui lui glace la moelle épinière, et son exaspération à l'endroit de Franco, dont les attentions à son égard se sont effilochées avec le temps. Le 28 juin 1965 elle écrit:

J'ai été d'une naïveté grotesque en l'épousant. Je suis simplement supposée obéir, entretenir la maison et superviser l'éducation de notre fils. Rien de plus. Je suis sa subordonnée, son obligée.

Franco ne veut pas qu'elle travaille, mais il lui conseille de prendre des cours de cuisine pour s'occuper: Ça te changera les idées et tu pourrais devenir un vrai cordon bleu, une épouse exemplaire.

Sa grand-mère paternelle, Nonna, est morte il y a cinq ans, mais sa succession vient tout juste d'être close cette année. Bonne nouvelle pour elle: Je suis heureuse de savoir que jamais je ne dépendrai financièrement de Franco.

L'héritage de Nonna comprend également des cartons qu'elle entrepose dans une pièce de la maison, condamnée pour ce faire, ce qui fait grimacer Franco. Ces cartons contiennent des lettres, des petits papiers, des carnets, des invitations et des photos:

Ces documents ont une odeur d'éternité. Mais qu'est-ce que je cherche? Une histoire à laquelle me raccrocher? Ce qui est évident, c'est qu'ici je m'évade. Tout ce que je me raconte pour combler les blancs agit sur mon imaginaire.

A son journal elle va donc confier non seulement ses états d'âme, ses notes sur sa vie de perfect house wife  ou ses visites en Europe à sa famille, mais aussi les découvertes qu'elle fait dans ce chantier, propices aux échappées et aux réminiscences.

De l'écrit à l'action, de l'imaginaire à la réalité, il n'y a pas qu'un pas que cette femme, qui a besoin d'air et de disparaître dans l'anonymat, pourrait bien franchir un jour. Encore faut-il que l'occasion se présente avant que d'envisager la manière...

Francis Richard

Antonia, Journal 1965-1966, Gabriella Zalapì, 108 pages, Zoé


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