Critique Ciné : Edmond (2019)

Edmond // De Alexis Michalik. Avec Thomas Solivérès, Oliver Gourmet et Mathilde Seigner.

Si j’ai plutôt tendance à me méfier du cinéma français qui adapte l’histoire de ses auteurs, Edmond est une agréable surprise. Pour son premier long métrage, Alexis Michalik se penche alors sur l’histoire d’Edmond Rostand, à qui l’on doit le chef d’oeuvre le plus connu et reconnu du théâtre français. A l’heure actuelle, il s’agit de la pièce la plus jouée et la plus rentable de l’histoire et il n’y a que très peu de chances qu’un jour cela change. Le film parvient alors à retranscrire toutes les strates de la tragi-comédie qu’est Cyrano de Bergerac avec intelligence et sagesse. Mais Alexis Michalik adapte surtout ici une pièce de théâtre qu’il a écrit et qui a fait un triomphe au Palais Royal. Le film est charmant sur bien des aspects et notamment sur la façon de conter l’histoire d’Edmond Rostand. C’est en partie aussi dû au talent de Thomas Solivérès qui apporte un petit truc derrière sa moustache qui rend le film étonnant et efficace du début à la fin. Moi qui pensait pioncer pendant deux heures, je me suis retrouvé avec une comédie, un drame, quelque chose de réussi et bien équilibré qui tient son spectateur jusqu’au bout sans jamais le lâcher d’une semelle.

Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».

Edmond c’est aussi une véritable ode au théâtre et à ceux qui le fabriquent. Tous ces petits acteurs sur scène, les costumes, le metteur en scène, etc. Tout est soigneusement développé pour que l’on n’en perde jamais une miette. Ce film est aussi un hommage à l’inspiration des auteurs de théâtre et la façon dont Edmond Rostand a réussi à créer ce chef d’oeuvre qui reste encore dans ma mémoire aujourd’hui pour l’avoir lu quand j’étais au lycée. Il y a au fond de ce film quelque chose d’enchanteur qui rend hommage aux artistes avec un vrai héroïsme et une comédie qui ne perd jamais son âme du début à la fin. Derrière le personnage d’Edmond, jeune et naïf, se cache aussi quelqu’un qui a des rêves plein les yeux et qui n’aura jamais laissé tomber l’écriture malgré toutes les remontrances que les gens ont pu avoir envers lui (notamment avec Fedeau, incarné par le réalisateur lui-même). Le film est aussi un joli succès populaire (la salle était comble), ce qui me donne d’autant plus envie de soutenir cette oeuvre qui me rappelle à quel point j’aime le théâtre et ceux qui le fabrique.

Note : 8/10. En bref, une belle réussite à la française sur la création de l’une des pièces de théâtre les plus emblématique.