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La beauté des bijoux en céramique de Jordane Somville

Publié le 23 janvier 2019 par Larrogante

Les 1001 vies de Jordane Somville. Artiste, styliste, créatrice, ses bijoux très précieux témoignent de tout son Art dédié à l’observation, la nature, les femmes, les couleurs, la terre. Découverte via Marine Guinot, que je remercie, Jordane Somville me rappelle les bijoux de rêve que je voulais voler dans les boîtes de ma grand-mère, déjà fanatique de porcelaine. Dorés et beaux, que l’on regarde comme des perles rares… Et l’Art du bijou n’est-il pas d’être unique ? Personnel ? Inventif ? 

C’est le pari réussi de cette créatrice talentueuse, implantée dans un atelier boutique dans le 18e. Attention, vous risquez de craquer…

La beauté des bijoux en céramique de Jordane Somville

Hello Jordane, peux-tu te présenter ?

Je suis Jordane Somville, j’ai grandi à la campagne et j’ai suivi un parcours artistique à Paris. Après un Baccalauréat d’Arts Appliqués et une formation dans la mode à l’École Supérieure des Arts Appliqués Duperré, j’ai retrouvé l’artiste Anna Husberg en tant qu’assistante pendant deux ans sur des installations et des performances autour du thème de l’identité. J’ai parallèlement participé à des projets théâtraux en tant que costumière, mettant ainsi mon goût pour la mode au service des Arts vivants. Dans la continuité de cette expérience et suite à une rencontre avec Émilie Valentin, responsable du théâtre Fust, je me suis formée l’Art de la fabrication de la Marionnette.

Pendant mes longs moments de promenade, j’observe le paysage dans lequel je flâne, j’imprègne les odeurs, les sensations, cueille des graines, des cailloux et tout autre élément de souvenirs ou inspirants. 

J’ai ensuite trouvé un emploi de styliste dans une première entreprise de textile spécialisée dans les vêtements d’intérieur qui m’a amené à me rendre régulièrement au Maroc. Malgré l’intérêt de cette expérience, je m’aperçois que j’ai besoin d’être plus près de la matière et décide de rejoindre une entreprise de bijoux fantaisie afin que ma créativité puisse s’exprimer plus naturellement. La réalité de mon travail s’avère être toute autre puisque la création finit par se passer exclusivement par écran interposé. C’est alors que je fais la rencontre d’Agnès Fauc, artisan bijoutier, qui me montre les premiers gestes du travail du métal et me fait pénétrer dans le monde du bijou et de l’artisanat d’art. Agnès me forme à différentes techniques de bijouterie, ce qui me permet de commencer à offrir mes services en tant que styliste bijou freelance pour des marques de bijoux fantaisie et/ ou textile pendant les huit années suivantes.

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Parallèlement à cette activité, je collabore régulièrement avec des fabricants de bijoux fantaisie pour lesquels je travaille à mi-temps. Après de longues années à mettre ma créativité au service des autres et de l’industrie, j’ai eu le désir de renouer avec mon propre parcours artistique et de trouver ma voix et ma légitimité en tant que designer. Je décide alors d’effectuer un Master de design en création et technologie contemporaine au sein des prestigieux Ateliers Saint Sabin par le biais de la formation continue.

La beauté des bijoux en céramique de Jordane Somville

Comment en es-tu arrivée à créer ta marque de bijoux ?

Alors que je suis en train d’interroger mon parcours professionnel et mon processus créatif, je fais la rencontre de Marie Drouot, céramiste, que je sollicite pour qu’elle m’aide à fabriquer une broche scarabée munie d’une petite végétation. Je tombe alors amoureuse de la porcelaine et de nouveaux horizons s’ouvrent à moi. La terre et plus particulièrement la porcelaine me permettent de devenir autonome dans la création et rendent possible l’obtention d’un rendu immédiat de matière. Je sais que je vais continuer à explorer les possibilités infinies de la céramique tout en les mariant au monde du bijou. Je ressens néanmoins le besoin de perfectionner mon geste en travail du métalet intègre l’école de bijou BJOP avec pour objectif de créer ma marque de bijoux. Je rejoins ainsi l’incubateur de la BGE qui m’accompagne dans la création de ma marque éponyme.  Je peux enfin, à travers ma marque, exprimer mes valeurs et ma vision du bijou en créant directement dans la matière des pièces à la fois brutes et extrêmement sophistiquées dans leur exécution.

Cette marque est le résultat de mon parcours artistique et professionnel où mon vocabulaire plastique trouve à s’épanouir dans le mélange des matières et du savoir-faire.

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Aujourd’hui, cette marque éponyme est produite et vendue au sein de mon atelier-boutique dans le 18ème arrondissement de Paris. J’y crée des pièces originales guidées par la matière plus que par le dessin. Ma marque existe depuis quatre ans et s’implante progressivement sur le marché de la mode et de la bijouterie fantaisie haut de gamme. En septembre 2015, une première participation au salon Première Classe Tuileries me permet de rencontrer mes premiers revendeurs, s’ensuivent deux autres sessions de ce même salon qui me permettent à chaque fois de rembourser les frais engagés tout en dégageant de premiers petits bénéfices qui sont immédiatement réinvestis dans le développement de l’entreprise.

Quelle est l’essence de tes bijoux ? Comment les définis-tu ?

Mes créations mêlent porcelaine, émaille, or liquide et métal plaqué or. La beauté de mes pièces reposent sur la tension entre ma technicité en bijouterie et ma liberté de mon travailen marge de l’orthodoxie de la céramique. On peut dire que mon univers visuel est imprégné des premiers gestes de l’Homme – tailler, tresser, planter – et s’inspire du minéral et de la botanique. Il se traduit au gré de la matière dans une grande liberté et sans dessin préparatoire. Paradoxalement la poésie de mon monde intérieur et de mon environnement de travail est digne d’un cabinet de curiosités, il s’imprime en négatif dans mes pièces d’une simplicité presque brutale.

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Je suis tombée amoureuses de « I », tu m’expliques l’histoire de cette pièce ? 

« I » est née d’une boule de terre, dans un moment d’attente, je n’avais aucune intention claire en venant ce jour-là à l’atelier. J’ai pris un bout de porcelaine et j’ai commencé à le malaxer. J’attendais que le temps passe. J’ai pris un outil, puis deux et un œil est apparu petit à petit de ce temps. Après l’avoir émaillé, j’ai eu envie de l’orner d’or liquide sur l’ensemble de la surface. Quand la partie porcelaine fut finie, un corps de bague devait bien sûr être fait pour sertir au mieux cet œil de feu. L’histoire de « I », « Je » en anglais, vient du temps qui passe, celui que l’on habille de moment inconnu, non prévu, les plus beaux moments que nous offrent mère nature.

Tu es Parisienne, de Montmartre ?

Non je ne suis pas née à Paris mais à Clamart et j’ai grandi un peu partout dans le Nord de la France. Déménager était aussi ritualisé à chaque rentrée des classes que la nouvelle tenue d’école qui allait avec… Montmartre est mon quartier d’adoption, c’est avec ce quartier que je me suis sentie bien à Paris, il a une vraie vie de quartier tout en étant cosmopolite. J’adore !

La beauté des bijoux en céramique de Jordane Somville

Quel est ton quotidien, tes bonnes adresses dans ce quartier ?

J’adore aller manger entre midi et deux à « La Traversée », au 2 Rue Ramey, 75018 Paris, c’est en face de ma boutique et c’est super bon. Quand je n’ai pas envie de cuisiner le soir, je vais chez « Fromage et Ramage » au 22 Rue Ramey, 75018 Paris me prendre un bout de tome à la fleur pour un grignotage express. Entre « Mémé dans les orties » au 12 Rue Ramey, 75018 Paris et « Ipomea » au 27 Rue Custine, 75018 Paris, j’ai un choix de fleurs incroyables pour habiller ma boutique régulièrement et mon petit chez moi. « Le petit atelier Ramey » au 23 Rue Ramey, 75018 Paris, des vins peu communs avec des planches chaudes faites part Martin, un virtuose et autodidacte du culinaire et des saveurs. Et si j’ai une envie de pizza je vais chez « Il Brigante » au 14 Rue du Ruisseau, 75018. Délicieuses.

Comment travailles-tu ? 

Je suis une collectionneuse d’objets en tout genre. Pendant mes longs moments de promenade, j’observe le paysage dans lequel je flâne, j’imprègne les odeurs, les sensations, cueille des graines, des cailloux et tout autre élément de souvenirs ou inspirants. À l’atelier, face à la terre, ces moments de contemplation reviennent telles des réminiscences. Je travaille sans dessin préalable, c’est la matière qui m’invite au volume. Le paysage n’est pas pour moi seulement physique mais aussi un tableau émotionnel. Les racines de ma création puisent dans la terre, l’air comme dans le ciel.

La beauté des bijoux en céramique de Jordane Somville

Quels sont tes projets, tes envies ?

Mon projet principal pour les prochaines années est de pouvoir retranscrire mon univers artistique et l’esprit de ma boutique-atelier à travers la toile internet et sur mon site web. Il n’est pas facile de mettre en scène l’artisanat et le travail de la matière sur un support virtuel, en tout cas pour moi, cela est moins familier que la matière brute. Mes envies sont d’avoir les mains dans la terre très prochainement. Être dans ce temps suspendu où l’on glisse entre la recherche et la trouvaille. Ma nouvelle collection de cet été est la création d’un jardin haut en couleur, broche, collier, boucles d’oreille seront des fleurs venu d’un monde de glaise. J’ai passé l’hiver à mouler et à prendre en empreinte des fleurs et des éléments végétaux. J’ai hâte de mettre en route ces créations de bijoux et de passer à la phase réalisation, test et montage, et me faire surprendre par la matière.

Un conseil à nous donner pour les futures tendances bijoux ? Qu’est-ce qui se porte, comment ?

Les tendances futures, c’est simple : soyez libre de porter ce qu’il vous chante et ce qui vous plait. On le porte avec un dos droit et avec fierté car c’est notre choix et il est singulier. La tendance vient de la rue donc de nous toutes et tous.

La beauté des bijoux en céramique de Jordane SomvilleCrédit L’Artémis d’Ephèse / cndp.fr

Ta pièce la plus arrogante, comme le blog ? 

Le nom de la pièce sein que je t’ai envoyé, c’est « Artémis d’Ephèse », c’est le nom d’une déesse qui fait débat encore aujourd’hui. Alors c’est peut-être celle-ci, la plus arrogante.

Boutique au 11 rue Ramey, Paris 18ème.

Vous pouvez suivre Jordane Somville sur Instagram et
retrouvez ses créations sur son site.


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