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Le Château de Cagliostro. Comment juger les débuts d'un maître ?

Par Balndorn

Le Château de Cagliostro. Comment juger les débuts d'un maître ?
Résumé : Le célèbre Lupin dévalise un casino mais s’aperçoit que les billets volés sont des faux. En compagnie de son acolyte Jigen, Lupin enquête sur cette fausse monnaie qui le conduit au château de Cagliostro. Ils apprennent alors qu’une princesse, enfermée dans le château, détiendrait la clé d’un fabuleux trésor... De l'inconvénient d'être adulte
À la différence des autres films de Hayao Miyazaki, j’ai vu Le Château de Cagliostro, ressorti ce mercredi dans les salles françaises, à l’âge adulte. J’avais déjà vu, revu et décortiqué ses œuvres postérieures. Aussi, c’est avec un regard aiguisé que je me penchai sur la première création du réalisateur. Est-ce cette acuité critique qui m’en ôta tout le charme ? Peut-être. Ou bien, autrement plus grave, ce que j’ai trouvé de mauvais dans le film résidait en effet en lui-même.
Tape-à-l’œil 
Comparé à sa filmographie à venir, Le Château de Cagliostro semble venu d’un autre monde. Cela tient d’abord à son personnage principal : Lupin, hommage au célèbre Arsène. Un homme, certes jeune mais adulte tout de même, quasiment sans aucun défaut (sinon son arrogance de dandy voleur). On ne retrouvera pas ce type de héros avant Porco Rosso – et encore, considérablement affaibli sous le poids de la mélancolie.À l’image de son héros, Miyazaki s’amuse à faire des cabrioles et des pirouettes pour épater la galerie. On sent dans Le Château de Cagliostro comme un certain tape-à-l’œil – comme Lupin et son acolyte Jigen, obnubilés par les richesses – qui met mal à l’aise quand on compare le film aux œuvres postérieures.Pareil à bon nombre de premiers films de réalisateurs, Le Château de Cagliostro se conçoit d’abord comme un exercice de style, destiné à prouver à un public de connaisseurs la patte artistique et singulière de son auteur. Jusqu’alors, Miyazaki avait travaillé avec Isao Takahata, se faisant connaître onze ans auparavant avec Horus, le prince du soleil, sur lequel il servait comme coréalisateur. 
Chic, un jeu de rôle !Prêtons-nous à un exercice. Nous sommes producteur·rice·s de films d’animation. Supposons qu’aujourd'hui, un nouveau réalisateur nous soumette Le Château de Cagliostro. Parierions-nous vraiment qu’un tel film aboutirait aux chefs-d’œuvre de Miyazaki que l’on connaît ? Imaginerait-on qu’un scénario aussi archétypal, où s’enchaînent les clichés, qu’une mise en scène aussi brouillonne et que des personnages aussi caricaturaux – Lupin le voleur gentleman, Jigen le grotesque compagnon, Clarisse la damoiselle en détresse et le méchant de pacotille Cagliostro – donneraient lieu plus tard à des récits aussi ambivalents, des scènes savamment élaborées et des caractères affinés comme des diamants ?Il faut reconnaître aux professionnel·le·s du cinéma japonais un certain talent : celui d’avoir décelé parmi ce fatras une once de génie, qui allait s’exprimer brillamment dès Nausicaä de la vallée du vent. Sans doute furent-ils/elles séduit·e·s par Fujiko (Magali en VF), seul personnage (avec Lupin, mais en tant qu’homme c’est un topos) dotée d’une vraie complexité psychologique. Femme libre, indépendante et maîtresse de son corps, elle préfigure les combattantes féministes qui peuplent l’univers miyazakien.Mais c’est tout de même un bien mince élément pour juger de la qualité du Château de Cagliostro. Chapeau bas aux personnes qui ont jugé mieux que moi Miyazaki à ses débuts !
Le Château de Cagliostro. Comment juger les débuts d'un maître ?
Le Château de Cagliostro, Hayao Miyazaki, 1979, 1h40
Maxime
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