Ça s'appelle de l'aide simienne. Ils ont fait l'expérience auprès de personnes handicapées, aux États-Unis et en Amérique du Sud, au sein de plusieurs maisons de retraite, mais aussi à domicile. Des singes capucins très gentils, apprivoisés et parfaitement dressés, sont capables d'accompagner les personnes âgées dans leur vie quotidienne.
La mamie d'Alfredo Scali, Daisy, est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Son neurologue recommande, pour lui venir en aide, une association, L'Acolyte utile, qui s'occupe de singes, des capucins.
Quelques semaines plus tard, un responsable de l'association vient chez Daisy avec un capucin, une femelle de trois kilos, de quarante centimètres, éduquée pour l'aide simienne, totalement autonome.
Ce singe va changer la vie de Daisy, puis d'Alfredo. Comme Daisy est une fan de la série Derrick, elle aimerait donc appeler ainsi cet acolyte utile à tous points de vue, mais Alfredo trouve que c'est nul.
Finalement, la primate s'appellera Schmidt, comme le personnage auquel fait allusion l'inspecteur Derrick dans une réplique d'un épisode que Daisy est en train de regarder à la télévision...
Alfredo est au chômage. Il est artiste-peintre. Il ne peint pas n'importe quoi: l'inconscient des animaux pendant leurs rêves. Il a une sérieuse excuse: son père est un passionné d'animaux...
Son conseiller Pôle Emploi, Bertrand Bubard, lui propose tout autre chose, des petits boulots, parce que peintre ce n'est pas un métier: il n'y a d'ailleurs aucun code ROME concernant cette activité.
Quand Alfredo propose ses toiles à des galeristes, il se fait jeter. Quoi qu'il écrive à Bertrand Bubard, celui-ci lui fait invariablement la même réponse, qui revient à renoncer à ses ambitions artistiques.
Heureusement Alfredo a deux amis, en manque de réussite comme lui: Casimir, expert en assurances, qui a des ambitions littéraires, et Serge, artiste-peintre lui aussi, qui fait le portrait de touristes.
Ces deux amis l'encouragent à leur manière et ressemblance à persévérer, le premier en lui recommandant d'être volontiers opportuniste, le second d'être puriste, c'est-à-dire sans compromis.
Schmidt va changer la vie d'Alfredo, parce qu'il va la prendre chez lui après que sa mamie, dont le mal empire, a voulu la mettre dedans son bouillon de poulet et que Schmidt n'a rien voulu savoir.
David Zaoui voulait lire un roman qui comporterait une dose d'humour, de folie, d'émotion, d'originalité et qui soit en prise sur son temps.Le libraire n'avait pas un tel roman en rayon et lui a conseillé de l'écrire...
Comme on n'est jamais si bien servi que par soi-même, David Zaoui a donc écrit Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris, qui remplit tous ces critères réjouissants et dont le titre est une sage et drôle sentence.
Mais Alfredo n'aurait certainement pas adoptée cette sentence sans l'aide simienne involontaire de Schmidt (qui ne se contente pas d'imiter les humains) et sans l'aide inattendue de son paternel.
Francis Richard
Sois toi-même, tous les autres sont déjà pris, David Zaoui, 306 pages, JC Lattès (en librairie le 30 janvier 2019)
Livre précédent:
Je suis un tueur humaniste, 248 pages, Paul & Mike (2017)