The Hate U Give - La Haine qu’on donne // De George Tillman Jr. Avec Amandla Stenberg et Regina Hall.
Adapté du roman du même nom de Angie Thomas par Audrey Wells (George de la Jungle, Shall we Dance), et mis en scène par George Tillman Jr (Faster, Barbershop), The Hate U Give n’était pas forcément le film que j’aurais eu envie de soutenir. Disons que le CV de ceux qui l’ont fait n’est pas le meilleur que j’ai pu voir, mais finalement le film séduit par sa façon d’aborder sa thématique et de créer de l’émotion. Si la première partie est finalement très adolescente, la seconde partie du film opère un virage immense et parvient alors à discuter de sujets complexes, engagés et plus politiques. Si les histoires de flic blancs qui tirent sur des afro-américains sans défense fait les choux gras de la presse américaine depuis plusieurs années maintenant, et que le mouvement Black Lives Matter a fait son bout de chemin, The Hate U Give entre parfaitement dans cette dynamique actuelle dans l’Amérique de Donald Trump. Le film propose alors une composition passionnante sans jamais tomber dans la facilité narrative. Il y a tout un tas de moments très pertinents qui permettent d’attaquer le système judiciaire américain, qui soutient bien trop la police et ses bavures. La tension monte alors crescendo, sans jamais retomber. Le film se construit au début comme quelque chose d’assez classique puis plonge dans un truc plus rugueux, qui n’hésite pas à dire haut et fort ce qu’il pense.
Starr est témoin de la mort de son meilleur ami d’enfance, Khalil, tué par balles par un officier de police. Confrontée aux nombreuses pressions de sa communauté, Starr doit trouver sa voix et se battre pour ce qui est juste.
Mais la réussite de The Hate U Give, on la doit aussi en partie à Amandla Stenberg qui compose ici le rôle de Starr de façon brillante. Mais le film ne prend pas que la défense de son héroïne, et parle aussi du problème du racisme anti-blanc dans la communauté afro-américaine, l’esprit communautarisme qui piège parfois certains quartiers (et en l’occurence celui-ci) dans les guerres de gang où la loi du silence fait rage. Il y a tout un tas de sujets qui sont balayés de façon subtile par le film et qui finalement font de The Hate U Give une vraie bombe atomique qui se termine en film pyromane, qui n’a pas froid aux yeux. Certaines scènes sont assez fortes pour tenir l’histoire, jusqu’à ce que finalement la morale du film prouve qu’au fond, « la Haine qu’on donne » est celle qui forge les esprits de demain et donc la « Haine de demain ». Ce n’est jamais lourd et toujours construit de façon intelligente. The Hate U Give est alors la bonne surprise de ce début d’année, bien plus impressionnant que ce que le réalisateur de Moonlight a voulu faire avec Si Beale Street pouvait parler (et qui est finalement en partie raté).
Note : 8/10. En bref, une bonne surprise.