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Dragons 2. ZAD partout

Par Balndorn

Dragons 2. ZAD partout
Résumé : Tandis qu’Astrid, Rustik et le reste de la bande se défient durant des courses sportives de dragons devenues populaires sur l’île, notre duo désormais inséparable parcourt les cieux, à la découverte de territoires inconnus et de nouveaux mondes. Au cours de l’une de leurs aventures, ils découvrent une grotte secrète qui abrite des centaines de dragons sauvages, dont le mystérieux Dragon Rider. Les deux amis se retrouvent alors au centre d’une lutte visant à maintenir la paix. Harold et Krokmou vont se battre pour défendre leurs valeurs et préserver le destin des hommes et des dragons. 

Peut-on conserver de bons sentiments alors qu’un écocide menace ? faut-il combattre les armes à la main les tenants de la soumission de la nature ? l’écologie doit-elle se cantonner au pacifisme ? Autant de questions cruciales pour notre temps auxquelles donne corps le second volet de la trilogie Dragons.
L’écologie sur le pied de guerre
Dragons 2s’ouvre sous de meilleurs auspices que le précédent. De menaces mortelles, les dragons sont devenus fidèles alliés du village de Beurk ; de fils indigne du chef Stoïk, Harold s’est mué en héros local ; et de rivalités internes, il paraît ne plus y en avoir.Or, voilà qu’un élément étranger menace de détruire le nouvel équilibre de Beurk : Drago Mortepoigne et son armée de dragons employée pour « libérer l’humanité de la tyrannie des dragons ». Entendre : « se rendre maître et possesseur de la nature », comme dirait le bon vieux Descartes. Soit la logique de destruction de la nature que pratiquait Beurk (et que nous, habitant·e·s des sociétés thermo-industrielles, pratiquons continûment) avant sa conversion.La fable n’est pas sans rappeler Nausicaä de la vallée du vent. Dans les deux œuvres, une petite communauté utopiste, en paix avec elle-même et avec la Nature – Pachamama, Terre-Mère, fukaïou dragons, quel que soit le nom qu’on lui donne –, se retrouve confrontée à une civilisation gigantesque (l’empire tolmèque, Drago ou le capitalisme), avide de nouveaux territoires et de nouvelles âmes à dévorer. La question centrale de ces films est la suivante : comment politiser notre rapport paisible à la Nature ? Autrement dit : de quelles manières un modèle d’existence alternatif pourrait-il résister aux désirs d’expansion des empires ?Nausicaä de la vallée du vent et Dragons 2 apportent une même réponse : on résiste les armes à la main, car les bons sentiments ne suffisent pas. C’est l’itinéraire initiatique qu’empruntent les deux personnages principaux, de surcroît fils et fille de chefs et donc appelé·e·s à exercer le pouvoir d’une manière ou d’une autre. La trajectoire d’Harold dans Dragons 2 pourrait ainsi se résumer : la sortie de l’état de béatitude adolescente s’accompagne d’une nécessaire prise d’armes afin de défendre la conception écosystémique de l’humanité qui a cours à Beurk. Comme les dragons qu’il admire, Harold défend son territoire.
Grâce draconique
Fort heureusement, Dragons 2 ne verse pas dans le penchant inverse : sacrifier le bonheur de vivre avec les dragons pour accroître l’effort de guerre. Le plaisir d’animer des dragons, de les présenter comme êtres sensibles (dotés de sentience, diraient nos camarades antispécistes), se poursuit, et même dépasse le premier opus. J’évoquais précédemment le changement du régime des images qu’impliquait le continuum sensoriel entre hommes et dragons, en décrivant les séquences non-narratives qui ponctuaient Dragons. Celles-ci se font plus fréquentes dans le deuxième film. À tel point que c’est vers ce genre de séquences que semblent se diriger Dean DeBlois et Chris Sander, comme si la paix désirée devait amener à un monde dé-narrativisé, où le conflit n’aurait plus cours, où seule prévaudrait la fusion corporelle entre hommes et dragons.Ce n’est donc pas un hasard si l’une des séquences de ce type – appelons-les « sensorielles » – ouvre le film. Passée la séquence d’ouverture de jeu aérien au village, on se plonge, avec Harold et Krokmou, dans l’exploration de nouveaux mondes. Seule la fascination pour la beauté de ces îles inconnues guide les personnages comme la caméra.Plus loin, les deux plus belles séquences du film sont elles aussi sensorielles. D’une part, on assiste émerveillé à la ronde des dragons de toutes les couleurs et de toutes les tailles autour de l’Alpha dans son repaire de glaces. D’autre part, c’est avec une grâce remarquable que la mère d’Harold saute – danse, serait-on tenté de dire – de dragon en dragon pour manifester sa joie intense de vivre parmi eux.Quel est l’intérêt narratif des séquences sensorielles ? Quasi-nul. En revanche, quel est son intérêt esth-éthique ? Immense. Car dans le plaisir de partager des moments, de chérir des êtres hors du temps de la guerre, se ressent l’inaltérable bonheur de vivre une existence commune, qu’aucun conflit ne pourra briser.
Dragons 2. ZAD partout
Dragons 2, Dean DeBlois et Chris Sanders, 2014, 1h43
Maxime
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