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Max | La rose d'Anatole

Publié le 13 février 2019 par Aragon

anatole.jpgPlus personne ne lit Anatole, je mettrais ma main à couper que nombre de professeurs de français ne connaissent même pas son nom. Il y a des bouquins, quatre, cinq, que j'ai toujours à portée de main,  ça remonte à loin, très très loin. "Un homme se penche sur son passé" de Constantin-Weyer, "la Maison dans la dune" de Maxence Van der Meersch, "Les Indiens d'Amérique" de Catlin, "l'Écume des jours" de Vian et "le Livre de mon ami" d'Anatole.

Anatole je l'ai toujours appelé Anatole comme s'il s'agissait d'un copain, juste son prénom, j'aimais cette proximité que j'avais avec lui, j'aimais la façon dont il me parlait dans ses bouquins, c'était toujours perso, c'est à moi que ça s'adressait.

Anatole a eu tous les honneurs, il a même eu le prix Nobel de littérature, il a eu de belles amitiés, il a eu toutes les haines agrippées à ses basques  aussi, Gide et Aragon ne pouvaient pas le blairer, ça me chagrine pour Aragon que j'aime, pas pour Gide que je laisse pour ce qu'il est, rien, à mon sens.

Anatole a écrit pour l'Huma au lendemain de la Grande Boucherie : "On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels", Anatole était ami avec Zola, il a défendu Dreyfus, il a été une des plus grandes consciences de son temps, il a dénoncé le génocide arménien, il est un des fondateurs de la Ligue des Droits de l'Homme, il rend sa Légion d'honneur après que l'on eut retiré celle d'Émile Zola, il a beaucoup voyagé, il a aussi beaucoup aimé les femmes, il a passionnément aimé et le genre humain et la vie, il a écrit mon livre de chevet "Le Livre de mon ami".

"Le Livre de mon ami" c'est de la petite littérature dirait Gide, de la bibine à deux sous, du babil d'écrivain, critiquez, critiquez, critiquez, je m'en fiche, pour moi ce livre est un vrai beau livre, un livre simple. Comme les herbes, les simples, c'est mon médicament depuis que je l'ai découvert vers l'âge de dix ou onze ans. Simple comme un bouquin de Bobin par exemple. Il compte et il restera sur ma table de chevet.

Dans "Le Livre de mon ami" il y a une des plus belles choses que j'ai jamais lues. C'est un tout petit évènement qui se passe pendant l'enfance d'Anatole. Son père est un collectionneur invétéré, la maison familiale est un musée, il y a de tout partout, un bric-à-brac sans nom se rapportant à tout : zoologie, minéralogie, ethnographie, tératologie (beurk), une vraie caverne d'Ali Baba que la cagna familiale ! Il y a une seule pièce que sa mère a su préserver dans la maison, interdiction faite au pater familias d'y stocker quoi que ce soit : c'est un petit salon où il n'y a rien d'autre que quelques meubles et une délicieuse tapisserie aux motifs de roses sur les murs... roses en bouton, closes, modestes, toutes pareilles et toutes jolies écrit-il.

Sa mère un jour, dans ce fameux petit salon, laissant sa broderie, le souleva dans ses bras et, lui montrant une des fleurs du papier, lui dit : « Je te donne cette rose. » Et, pour la reconnaître, elle la marqua d’une croix avec son poinçon à broder. Anatole poursuit et conclut cette petite "nouvelle"avec une phrase toute simple qui me comble toujours de bonheur chaque fois que je la lis, il dit ... "Jamais présent ne me rendit plus heureux."

Mes amis, essayez de trouver ce livre, ouvrez-le, soyez indulgent avec lui, je suis sûr qu'il vous ravira comme il me ravit toujours, vous verrez comment Anatole France  peut devenir aussi votre ami.


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