Jean-Charles Naouri est un homme discret, mais derrière un visage serein et un regard intelligent se cache un homme puissant qui a réussi à créer un groupe gigantesque. Il est aujourd’hui à la tête d’un réseau actif dans la grande distribution, le Groupe Casino, et sa fortune personnelle est estimée à 500 millions d’euros. Alors, qui est Jean-Charles Naouri ? D’où vient-il et comment est-il arrivé à son poste actuel ?
La jeunesse de Jean-Charles Naouri
Jean-Charles Naouri est né en Algérie d’un père pédiatre. Il est issu d’une famille juive. Sa famille est loin d’être inconnue, car il n’est autre que le frère de Jean-Yves Naouri, directeur chez Publicis, et le père de Gabriel Naouri, lui aussi homme d’affaires.
Son parcours scolaire est relativement normal. A quatorze ans, il participe au concours général et termine premier des épreuves. Aussi bien en latin qu’en grec, qui sont alors les deux matières-phares de l’enseignement.
Son baccalauréat, il l’obtient avec la mention Très Bien.
Par la suite, il est admis au concours d’entrée de l‘École normale supérieure (section sciences) en 1967. Après son cursus, il se dirige vers l’université de Harvard puis revient en France où il termine un doctorat en mathématiques. Il est donc Docteur d’État en Mathématiques. Il parvient à le terminer en une seule année et appuie sa thèse sur l’analyse factorielle des correspondances continues. Thèse qu’il soutiendra en 1971 à la faculté des sciences de l’Université de Pairs.
Il faut également noter qu’il fera un passage par l’ENA, l’École nationale d’administration. Il est sortira en 1976 parmi les meilleurs de sa promotion, eux qu’on appelle « la botte. » C’était la promotion Guernica. De cette promotion, on retiendra des noms comme
- Michel Pinault, membre du conseil constitutionnel
- Philippe Faure, diplomate
- Bernard Pêcheur, président de l’Institut national d’études démographiques
- Gilles Carrez, député Les Républicains élu depuis 1993 sans interruption
Les débuts de sa carrière
Comme toute personne sortie de l’ENA, les débuts de sa carrière sont fulgurants et il monte très vite les échelons.
C’est ainsi qu’il débute comme inspecteur des Finances au Trésor. Puis, de 1982 à 1984, il devient directeur de cabinet du Ministre des Affaires sociales et de la Solidarité Nationale sous Mitterrand. Un poste éphémère qu’il troquera contre celui de directeur de cabinet du Ministre de l’Économie, des Finances et du Budget. Un poste bien mieux en adéquation avec son doctorat en mathématiques, ce qui lui servira.
C’est ainsi qu’il aide à mettre en place plusieurs réformes qui ont lieu durant cette période. Toutes ayant pour but de moderniser le système financier français qui doit faire face à un e désindustrialisation importante et une transformation en économie de services. Parmi les réformes, on notera celle de
- la création du MATIF,
- des options
- des billets de trésorerie
- des certificats de dépôt
Le rapport Naouri
Il est l’auteur du rapport Naouri qui exprime dans les grandes lignes comment déréguler le marché. On peut donc le considérer comme l’architecte principale de cette dérégulation, dont les réformes citées juste avant en sont les effets. Dans son rapport, il plaide notamment pour un allègement des contrôles de change et la suppression de l’encadrement du crédit.
Cette dernière idée est souvent critiquée par les économistes actuels qui y voit l’origine de la crise bancaire et financière de 2008. En effet, en permettant aux banques de supprimer les réserves obligatoires sur les crédits accordés, les banques ont pu prêter plus, tout en ayant moins de fonds propres. Cela a conduit à un gonflement incontrôlé de la masse monétaire, et donc de la dette. Point d’origine de la crise de 2008.
Cependant, cette réforme a permis de moderniser le paysage de l’économie française qui était de plus en plus en décalage avec les autres grandes puissances. En effet, la Banque de France elle-même considérait qu’il était nécessaire d’assouplir la réglementation et d’ouvrir les marchés. D’ailleurs, si aujourd’hui les crédits sont en concurrence directe les uns avec les autres, c’est parce que les réformes suggérées par Naouri ont permis aux banques et aux entreprises d’avoir directement accès aux marchés financiers.
Enfin, il ne faut pas négliger l’impact que toutes ses réformes ont eu sur l’économie française ; qui a ainsi pu entrer dans l’union économique sereinement.
Le passage dans le privé et stratégie d’investissement
Après 1987, Jean-Charles Naouri réoriente sa carrière vers le privé. Il rejoint alors la banque Rothschild. Il y est associé-gérant.
Dans la foulée, il crée sa société d’investissement qu’il nomme Euris. Avec cette société, il prend des participations minoritaires dans des entreprises industrielles et accroît rapidement ses capacités d’intervention.
Il sera éclaboussé par l’affaire de la Société Générale, où il est accusé de délit d’initié. Mais l’affaire se soldera, pour lui, par un non-lieu.
Lorsque les années 1990 commencent, il décide de réorienter ses investissements. Plutôt que de chercher à augmenter ses capacités d’intervention et son poids, il opte pour une stratégie différente. Il veut accompagner durablement les entreprises dans lesquelles il investit.
Dans cette optique, il rachète Rallye, un distributeur breton. Ce dernier fait face à de gros problèmes de trésorerie.
Etant déjà actionnaire dans le Groupe Casino, il décide de racheter Rallye et d’apporter l’entreprise bretonne au grand groupe. Ainsi, il devient premier actionnaire du Groupe Casino en 1992. Grâce à ce coup de force, il permet au Groupe Casino de connaître une forte croissance pendant les 5 années qui suivent jusqu’en 1997. En l’espace de 5 ans, le volume d’affaires sous enseignes a doublé.
En 1997, par contre, les choses se corsent… Le Groupe Casino fait l’objet d’une OPA hostile par un concurrent, le groupe Promodès. A l’époque, Promodès, c’est le grand groupe du secteur de la distribution. Il détient de nombreuses marques et franchises. Dans son panier, on retrouve des enseignes comme Shopi, Codec, Champion, GB, ou encore les hypermarchés Continent. Mais l’OPA échoue.
Jean-Charles Naouri n’en reste pas là, et aidé par la famille Guichard (la famille fondatrice du groupe Casino), et il mène une contre-OPA. Une technique qui s’avère payante. Surtout que, au passage, Rallye devient l’actionnaire majoritaire de Casino.
Le Groupe Casino
Après avoir ainsi assis son autorité dans le milieu des affaires et dans le Groupe Casino, Jean-Charles Naouri continue sa politique d’expansion du groupe. Et pour se faire, il opte pour une stratégie (qui s’avèrera payante) d’investissement dans les commerces de proximité, plutôt que dans les hypermarchés. C’est ainsi qu’il investit ou rachète des enseignes de proximité comme Franprix, Monoprix ou encore Leader Price.
Avec l’avènement d’internet, le commerce passe également par la Toile. C’est ainsi que CDiscount voit le jour.
En mars 2005, Jean-Charles Naouri devient Président-Directeur général de Casino. Sa prise de fonction verra deux grands axes de travail. D’une part, le marché français est arrivé à saturation. IL est mature et complexe, ce qui impose une gestion solide. D’autre part, des marchés étrangers sont encore en pleine croissance et un positionnement intéressant sur ces marchés permet de gagner de la croissance.
En France, le marché de la distribution alimentaire est difficile. Il faut donc un positionnement solide et une politique qui va de mise avec la vision du groupe. De par ses investissement dans le commerce de proximité, le Groupe Casino n’a pas grand chose à craindre. Il peut se targuer d’avoir une base solide. Surtout que la création de Cdiscount s’est avéré être un ticket gagnant. Le site est le leader du e-commerce en France.
A l’étranger, il a fallu trouver les marchés porteurs, ceux où un espace était laissé libre et où il était possible de se positionner à long terme. C’est ainsi que le Groupe Casino s’est implanté au Brésil et en Colombie. Il y est le premier distributeur alimentaire. Idem au Vietnam. Ou encore en Thaïlande, où là il se pose en second distributeur.
Afin de renforcer son positionnement, le Groupe Casino a acquis, en 2012, 50 % des parts détenues par les Galeries Lafayette dans Monoprix. Il a également pris le contrôle de Pao de Açucar, n°1 de la distribution au Brésil.
Jean-Charles Naouri, c’est aussi un engagement solidaire
Bien qu’excellent homme d’affaires et grand financier, Jean-Charles Naouri n’oublie pas qu’il faut également redistribuer une partie des richesses et promouvoir l’égalité des chances. Ainsi, au sein même du groupe Casino, de nombreuses actions sont menées. Elles permettent de former des gens, de développer des compétences et de promouvoir l’égalité des chances.
Outre cette investissement chez Casino, il faut noter que le groupe Euris possède sa propre fondation, la Fondation Euris. Elle attribue chaque année quarante bourses à des étudiants prometteurs. Les jeunes qui reçoivent ses bourses sont issus de zones d’éducation prioritaires.
L’égalité des chances
Le groupe Casino est l’un des premiers groupes à avoir permis aux gens qui postulent d’être engagés sur base de leurs compétences et non sur base de leur CV. Cette méthode de recrutement est appelée « méthode de recrutement par simulation. » De même, pour éviter au maximum les discriminations à l’embauche, le groupe se soumet au « testing auto-sollicité« , c’est-à-dire qu’il demande lui-même à être testé pour s’assurer que ses collaborateurs ne font pas de discrimination à l’embauche. De fait, Casino mène des politiques de sensibilisation et de formation.
Handipacte
Handipacte est une politique d’embauche qui vise à promouvoir l’engagement de collaborateurs handicapés. Cela ne vient pas tout seul et le groupe a beaucoup investi dans la formation et l’adaptation des postes de travail. Aussi, les personnes handicapées peuvent continuer à travailler chez Casino, de même que de nouveaux engagement peuvent être réalisés. Chez Casino, le taux d’emploi des personnes handicapées est de 9,80 % alors que le taux légal est de 6 %. Cette politique volontaire fait que le groupe Casino a reçu le label Diversité en 2009.
La fondation d’entreprise Casino
En 2009, Jean-Charles Naouri a mis en place la fondation d’entreprise Casino. Elle rassemble en un seul organe les actions de mécénat (c’est-à-dire le sponsoring privé) social et humanitaire du Groupe. Cela permet de mieux utiliser l’argent et de ne pas créer des doublons ou des doublons. La priorité de cette fondation : aider les enfants défavorisés ou malades.
Que fait Jean-Charles Naouri en dehors du groupe Casino ?
Jean-Charles Naouri occupe évidemment une place centrale dans le groupe Casino. Mais il met également ses talents à disposition d’autres personnes ou groupes. C’est ainsi qu’il possède des mandats en dehors de son groupe Euris (pour rappel, c’est sa société d’investissement). On peut compter les mandats :
- d’administrateur de F. Marc de Lacharrière (Fimalac)
- de président d’honneur de l’Institut de l’Ecole normale supérieure
- de président de l’association « Promotion des talents »
Ces mandats sont le plus souvent honorifique, tout comme l’ont été les remises des médailles de chevalier de la Légion d’honneur, puis d’officier de la Légion d’honneur.
En outre, Jean-Charles Naouri exerce des mandats pour des organisation d’intérêts général, que ce soit pour le compte de sa société Euris ou pour des tiers, comme l’État, par exemple. Ainsi, il est président de la Fondation Euris ou encore vice-président de la Fondation d’entreprise du groupe Casino. En 2013, Laurent Fabius lui a demandé de devenir le représentant spécial des Affaires étrangères pour les relations économiques au Brésil. La raison : la forte implantation du groupe Casino dans la région.
Jeu de briques
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