A l’occasion de la sortie de son album, Louis Arlette sera en concert le 6 Mars aux studios Ferber : il est privé, mais il est possible d’y assister grâce au 2×2 places à gagner !
Pour les gagner, commente seulement l’article : premier arrivé, premier servi !
Le jeune homme aurait sans doute pu s’arrêter là – ce sommet personnel, beaucoup
passent une vie à l’envisager, sans jamais tout à fait l’atteindre. Début 2018, Louis
Arlette publiait son premier album Sourire Carnivore et, déjà, tout y était. Un premier coup de tonnerre, douze chansons comme les 12 Travaux d’Héraclès pour piocher, comme lui, dans cette mythologie et littérature grecques qu’il dévore et
affectionne. Une électricité libératrice et de l’électronique tapageuse, des chansons
sensibles et grandioses, de régulières visites aux plus hautes lumières ou des chutes
vertigineuses dans les abîmes, des mélodies aux marques indélébiles, des arrangements opulents et dédaléens, des textes ciselés, une voix se posant en maîtresse absolue de cet impressionnant édifice. Sourire Carnivore était le résultat d’une collision parfaite entre toutes les influences qui depuis l’adolescence, après des années passées penché sur le violon dont il a studieusement appris les miracles et dont il a fait son premier métier, se sont croisées dans son large spectre d’écoute ; les grands Brel ou Ferré, Depeche Mode, Radiohead, Daniel Darc, The Cure, Étienne Daho, les tricolores et les anglo-saxons, la chanson et le rock, la pop éclatante des Beatles et l’expérimentation sonique de Nine Inch Nails.
De cette première apogée, Louis semblait contempler le monde. Arrivé, déjà, à
destination : il aurait été aisé pour quiconque de capitaliser, de se contenter de
reproduire, ad lib, cette Iliade personnelle. Mais il n’est pas du genre à s’arrêter là.
Pétillant, drôle et piquant, il est aussi un intranquille qui préfère le cheminement à la destination, l’excitation de la recherche permanente à la finitude de la découverte.
Et Sourire Carnivore n’a finalement constitué pour lui qu’un rite initiatique, le point de départ d’une grande épopée pop et intime : bien plus personnelle à tous les niveaux, sa suite Des ruines et des poèmes le porte déjà vers de tout autres
aventures. « J’adore Proust, explique-t-il dans son studio Le Bruit Blanc. Il dit, en
conclusion des sept volumes de sa Recherche, que l’Homme est un être plongé dans
le temps, plongé dans des couches successives, dans des strates d’histoire. C’est
une vision très juste, et c’est ce que j’essaie de faire, à ma façon : creuser le temps,
creuser ces éclairs de conscience, de compréhension, ces déclics qui permettent
d’avancer, comme les étapes d’une psychanalyse. Avoir fait mon premier album m’a
permis, pour le second, de creuser plus profondément, de progresser. Je ne partais
pas du même point de départ : c’est un trajet, un chemin, on ne peut pas directement
arriver à destination. Il faut percer les couches, une à une. »
Archéologue de l’intime et géologue des humeurs de l’époque, Louis a dû, au
passage, laisser quelques peaux pour réussir son impressionnante mue. « Il ne
restera de mon règne, rien que des Ruines et des Poèmes », chante-t-il sur la
profonde et bouleversante chanson du même titre. Pour entamer la suite de son
périple, le Parisien a ainsi d’abord dû laisser une partie de lui-même, pour le pire
comme pour le meilleur : la déflagration personnelle qu’a constituée son premier
album a entraîné cet addictif naturel vers quelques précipices moraux et intimes dont il n’a pas été facile de s’extraire de ces fracas chaotiques.
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