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Boon&Lane: les derniers formiers d’Europe

Publié le 01 mars 2019 par Podcastjournal @Podcast_Journal
C’est dans une zone industrielle de Luton, petite ville ouvrière à 40 minutes de Londres, que se trouve l’atelier Boon & Lane. La façade ne paie pas de mine. L’entrée se fait sur le côté par une petite allée étroite et sombre. A peine franchie la porte d’entrée, le visiteur fait un saut dans le temps de 50 ans en arrière. L’atelier créé par le père de Steve en 1966 est resté tel quel: des centaines de moules à chapeaux en bois jonchent les établis, des outils à bois, des moules en plâtres, quelques éléments en aluminium, et tout cela enfoui sous plusieurs centimètres de poussière de bois.

"C’est là que tout a commencé. Petiot, je venais passer des heures à regarder mon père travailler. Il sculptait des blocs de bois pour réaliser des formes à chapeaux pour les modistes et chapeliers. C’est comme ça que j’ai appris. Au bout de trois ans, j’avais enregistré le travail". L’artisanat est un art, transmis de génération en génération chez les Lane, avec patience et amour du métier.

Boon & Lane reçoivent les plus grands modistes au monde - qui se déplacent de tous les coins du globe - pour venir discuter croquis, formes, mesures, tour de têtes, et passer commande, tout ça sur un coin de l'établi. Interrogé sur l’impact des tendances modernes sur leur métier, Alan répond qu’il n’est pas inquiet. Ils travaillent avec une clientèle issue des milieux de la mode, du cinéma et de la haute couture.

"Même si les gens ne portent plus aussi souvent des chapeaux, pour nous cela n’a pas beaucoup d’impact. La mode évolue vite et donc les modistes recherchent continuellement de nouvelles formes à chapeaux à présenter lors des défilés. Après qu’ils en fabriquent un ou cinquante, pour nous cela ne change rien".

Et pourtant, c’est un métier en voie de disparition en Europe. Aujourd’hui malheureusement le formier se heurte à un monde de rentabilité et de production de masse. Les artisans qui le pratiquent encore sont très compétents mais extrêmement rares, ils se comptent sur les doigts d’une main. Il n’y a pas de relève prévue à part en Chine et en Australie, ce qui effraie Steve.

"Les jeunes ne sont pas intéressés. Avez-vous déjà entendu parlé d’un artisan riche? Moi non plus! Notre difficulté c’est que nos prix ne sont pas assez élevés, ils ne reflètent pas la quantité de travail derrière. Mais nous ne pouvons pas facturer plus. Les modistes ne sont pas riches, ils ne pourraient pas payer".

Depuis plusieurs mois maintenant, les médias de tous bords, les politiques et d’autres encore, nous rebattent les oreilles avec la violence. Principalement celle occasionnée par les gilets jaunes et les casseurs qui semblent les accompagner... #

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