Si être communiste n’est pas donné à tout le monde, ajoutons que cela requiert une haute idée du genre humain et de la place des uns et des autres.
Nous publions les témoignages de jeunes femmes communistes déclarant avoir subi des violences sexuelles imputées à des «camarades». La phrase en elle-même s’avère assez insupportable qu’il convient, en toute conscience, d’en prendre la mesure. Chaque organisation – quelle qu’elle soit, la preuve – est donc confrontée à ce mal endémique qui ne doit décidément rien aux idées mais tout aux comportements masculins. Une organisation comme le Mouvement jeunes communistes de France (MJCF), qui se bat à ce point pour l’égalité femmes-hommes, ne peut se permettre le moindre écart d’un de ses membres. Depuis longtemps déjà le PCF s’est doté d’un dispositif interne nommé «Stop violences», inédit pour une force politique. Tolérance zéro. Raison pour laquelle la direction du PCF a annoncé, lundi soir, la «suspension» d’un adhérent accusé de viol par une militante du MJCF, lui demandant de «démissionner» de son mandat de conseiller municipal de Blois. Un autre cas est également «en cours d’instruction».
Autant le dire franchement. Si être communiste n’est pas donné à tout le monde, ajoutons que cela requiert une haute idée du genre humain et de la place des uns et des autres. Ce ne sont pas que des mots. Ce sont aussi des actes qui passent par une transformation fondamentale des rapports entre les hommes et les femmes. Depuis quelques années, le profond mouvement de témoignages et de mobilisation contre les violences a libéré la parole. Des jeunes femmes communistes s’en sont emparées, avec courage. Elles racontent cette parole parfois minorée. Le PCF les soutient et réclame à tous ses adhérent(e)s d’utiliser pleinement les dispositifs qu’il a mis en place.
Les femmes ne supportent plus l’indifférence qui entoure trop souvent la réalité de ces violences. L’Humanité, ses lectrices et ses lecteurs sont intimement de ce combat pour lutter contre l’omerta, les peurs, l’autocensure, etc. Des relations de domination et d’exploitation sont encore à l’œuvre dans la société capitaliste et patriarcale. Elles continuent d’entraver le droit à l’égalité et les libertés des femmes. Beaucoup d’hommes se complaisent à confondre amour et pulsion: l’excuse de «moments festifs alcoolisés» ne tient pas! Là où il y a domination, il y a toujours tentative de soumission. Les femmes en sont les premières victimes. Répétons-le: le combat féministe, la conquête d’une égalité pleine et entière des femmes, est l’un des chemins les plus puissants de la nécessaire révolution des rapports sociaux et humains au XXIe siècle. Et nous sommes, déjà, au XXIe siècle!
[EDITORIAL publié dans l'Humanité du 6 mars 2019.]