Magazine France

Comment Macron est pathétique sur l'Europe, inacceptable en France (618ème semaine politique)

Publié le 09 mars 2019 par Juan

  Comment Macron est pathétique sur l'Europe, inacceptable en France (618ème semaine politique)

Jusqu'où les mensonges de Macron ? Nul ne sait. Mardi, le jeune monarque a publié un courrier dans 28 quotidiens européens de 28 pays européens.


Y compris au Royaume Uni.
Indifférence quasi-générale, la lettre n'attire que quelques commentaires polis de ses alliés. Grâce au Brexit, le Royaume-Uni est l'épouvantail idéal pour Macron: un pays gouverné par des ultra-libéraux caricaturaux depuis deux décennies, un référendum improbable remporté par le clan xénophobe sur fond d'abstention, et deux années plus tard, la perspective d'une sortie brutale et sans filet de l'Union Européenne. Le Brexit est un échec non pas britannique mais européen. Mais il n'y a que Macron a tenté de ne pas le comprendre ou de le cacher.
Macron écrit donc aux Français, partout en Europe. Et pour leur dire quoi ? Un enchainement de poncifs libéraux entendus et rabâchés, et malheureusement qui ne résistent pas à l'analyse des faits.

Macron inacceptable

Macron a l'indécence de proposer "0 carbone en 2050, division par deux des pesticides en 2025" alors qu'il a repoussé au nom du business TOUS les engagements écologiques décidés par ses prédécesseurs. Macron propose une Agence européenne de protection des démocraties en Europe, mais il a réduit les libertés en France (Loi anti-casseurs), réduit les droits des lanceurs d'alerte (:oi sur le secret des affaires), réduit les droits des réfugiés (loi Asile et immigration). Et le voici qui fait voter, sur fond d'abstention parlementaire massive (7% des députés présents seulement!), une réforme de la justice qui va supprimer des centaines de tribunaux de proximité (via la fusion du tribunal de grande instance et du tribunal d’instance en un seul tribunal judiciaire), dématérialiser la procédure pénale au risque de creuser encore davantage l'inégalité de la loi à cause des fractures numériques, et ...  le principe d'une réforme de la justice des mineurs par ordonnance, c'est-à-dire sans débat. Macron veut un salaire minimum européen, mais "adapté aux conditions de chaque pays". Notez la novlangue, une fois de plus. Quel bel oxymore !  En France, il a déjà affaibli les droits des salariés au nom de la concurrence... jusqu'à ce durcissement des sanctions contre les chômeurs publiées au Journal officiel fin décembre.
Macron explique que "le respect de l’individu est le fondement de notre civilisation de dignité",  et, à l'ONU, la Haut-Commissaire aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, ancienne présidente du Chili, s'inquiète des centaines de blessés graves depuis le début des manifestations des Gilets Jaunes et réclame une "enquête approfondie" sur les 500 violences policières recensées. Le 7 mars, Macron s'indige qu'on ose parler de "violences policières" puisqu'on est dans "un Etat de droit". Mais Etat de droit ne signifie pas absence d'abus, ni même abus du pouvoir. Quand la violence policière est légitimée et encouragée par le pouvoir en place, comme c'est le cas depuis le début de la répression du mouvement des Gilets Jaunes ou lors de celle à l'encontre des jeunes contre la sélection à l'Université publique et Parcourssup, cette violence est "d'Etat," et ce "droit" est inique. Les dénégations macronistes à l'encontre des violences sont inacceptables. Macron, Philippe et Castaner sous-estiment et légitiment au nom de l’État de droit les centaines de mutilations et les blessures au nom de deux arguments imparables et usités dans tous les régimes autoritaires et dictatures du monde: (1) "ces opposants ont bien cherché ce qu'il leur est arrivé" (autre version de la fameuse formule: "si vous manifestez, vous êtes complices") et (2) "la fin justifie les moyens."
"Ne parlez pas de répression ou de violences policières, ces mots sont inacceptables dans un État de droit." Emmanuel Macron, 7 mars 2019.
"Castaner laissera une trace de sang." Jean-Luc Mélenchon, 8 mars 2019.
Jupiter tentait de caricaturer les Gilets Jaunes, devant quelques des journalistes fin janvier,  "40 000 à 50 000 militants ultras" disait-il. Selon Mediapart, les services de renseignement dressaient "un constat exactement inverse. L’ultradroite et l’ultragauche seraient « quasi inexistantes au sein des cortèges'". Les mensonges officiels de la Macronie n'ont donc pas de limites.
Emmanuel Macron est inacceptable en France.

Macron en chute

N'est-elle pas belle, cette démocratie macroniste ? On oublierait presque le Code de la Honte, la réduction des délais de dépôts des demandes d'asile, et l'enfermement des mineurs réfugiés. Déjà les premières jugements par vidéoconférence, avec micros défaillants, images figées et mauvais cadrage, ont débuté à Nancy pour une justice plus "efficace" qui préserve quelques simulacres du droit. Ils sont bloqués à Lyon par le barreau qui refuse cette justice expéditive, injuste et pathétique. En Autriche, le gouvernement néofasciste, soutenu par Macron (on se souvient des franches accolades avec le nouveau chancelier l'an dernier), vient de lancer la création d'une agence fédérale pour assurer la prise en charge des demandeurs d’asile pour mieux exclure les ONG de ces tâches.
Trois mois avant le scrutin européen, la droite européenne tente de faire le ménage dans ses rangs, en ordre dispersé: une douzaine de formations, pour l'essentiel des démocrates-chrétiens du Benelux et des pays scandinaves, ont demandé l'exclusion du parti de l'autocrate xénophobe Victor Orban du PPE. La belle affaire ! Orban, justement, félicite grassement la tribune de Macron. Baiser de l'araignée ? Le monde est cruel. La Macronie est pathétique.

Dans les sondages, peu après la publication de cette mauvaise lettre, Macron rechute. "Après près de 57 heures d’échanges avec les élus et les Français, l’effet «grand débat» s’essouffle." Fichtre ! Même Paris Match est inquiet. A l'Elysée, Macron invite à dîner quelques ténors de sa majorité pour décider la composition de la liste. Macron assume de diriger la France ET son parti politique. A l'Elysée donc, le clan cogite avec Jupiter - François Bayrou, Marielle de Sarnez, le jeunot Stéphane Séjourné (qui ?) ... et Marlène Schiappa. Et ce beau monde cogite sur la tête de liste - Nathalie Loiseau (qui ?) ou Agnès Buzyn ? La ministre de l'Europe, inaudible et transparente, ou son homologue de la santé, qui pêche par quelques conflits d'intérêts, un dédain visible pour les classes populaires et sa maitrise de la langue de bois ?

Macron pathétique

Les sondages prédisent les macronistes en tête, juste devant les frontistes. Il faut avouer que LREM est servie par des médias dominants totalement alignés sur la question européenne:
(1) ne jamais parler de programme,
(2) préférer des incantations europhiles dénuées d'éléments concrets,
(3) diaboliser les critiques.
Il faut aussi reconnaitre que c'est à peine surprenant: à gauche, la division devient risible: insoumis, socialistes, communistes, génération.s. (Hamon), trotskystes, EELV et même les radicaux de gauche qui désirent recouvrer leur autonomie de "centre gauche", considérant que Macron a dérivé trop à droite. Mieux encore, Macron fait campagne ... à droite. Il conserve le soutien de quelques irréductibles couillons qui ne peuvent plus renoncer à leur béatitude macroniste malgré les couleuvres et autres empalements que Jupiter fait avaler ou subir à leur "conscience". Mais surtout Macron cherche son salut à droite: Juppé et Raffarin sont les nouveaux béats. La lettre "européenne" de Macron aurait pu être rédigée par Sarkozy comme le note le très gauchiste Le Monde (sic!). Et les publicitaires macronistes ont même choisi de chiper un peu de vocabulaire frontiste pour leur site de campagne "Renaissance européenne", ça fleure bon la reconquête !
"La droite ne devait pas être si loin de la vérité pour qu’on se mette aujourd’hui à l’imiter." François-Xavier Bellamy, "philosophe conservateur, Tête de liste LR aux élections européennes, à propos de la tribune de Macron.
La campagne pour les élections européennes du camp macroniste ressemble à un immense foutage de gueule. Les 3 autres partis principaux du premier tour de la présidentielle - FN/RN, LR et insoumis - se sont dotés de programmes et de candidat(e)s. Les insoumis par exemple déroulent semaine après semaine leur programme, adopté dès janvier dernier, et ouvert au débat et à la critique. Mais côté macroniste, le directeur de campagne, Stéphane Séjourné, explique un tout autre timing: une lettre générale du jeune monarque début mars, suivi du lancement de 28 sites internet vides de propositions (puisqu'il n'y a pas de programme officiel), puis un meeting de lancement de campagne le 30 mars, puis révélation du programme pour la législature européenne... courant avril, à environ 4 semaines à peine du scrutin. Pire encore, le camp macroniste s'abrite derrière l'organisation du "Grand Débat" et de sa restitution prochaine pour expliquer qu'il ne peut pas faire deux choses à la fois...
Emmanuel Macron est pathétique sur l'Europe.
Ami(e) macroniste, ne pars pas.
Ce n'est pas fini.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Juan 53884 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte