Stéphanie a abandonné à 28 ans sa vie parisienne et sa profession de graphiste pour se lancer dans l’élevage des moutons de la race très prisée de pré salé, dans le Cotentin. Exactement à Saint-Germain-sur-Ay, dans la Manche, face à l’île anglo-normande de Jersey. Elle réalise ainsi son souhait de vivre près de la nature. Son troupeau comprend quelque 180 têtes, brebis, agneaux et quelques béliers. Ces prés salés du Cotentin appartiennent au domaine public et les troupeaux de différents propriétaires y paissent ensemble. Elle vit avec son garçonnet qu’elle élève seule. On comprend que le mari se rêvait genttleman-farmer mais les odeurs et les contraintes quotidiennes de l’élevage l’ont vite rebuté et il est reparti...
Certes, la vie n’est pas simple, d’autant plus que Stéphanie n’est pas de la région ni du métier à l’origine. On imagine aisément que dans le milieu masculin des éleveurs on ne lui pardonne rien, ses voisins ne sont pas toujours bien intentionnés, des brebis sont volées, des barrières sont détériorées et elle a beau avertir la gendarmerie, il ne se passe rien… Sans compter les tracasseries administratives ou les caprices des brebis qui refusent obstinément de traverser un ruisseau… Elle ne peut prétendre à certaines aides car elle est à la tête d’une exploitation trop petite. Il y a aussi des prédateurs dont le renard. Mais elle est énergique et on la sent déterminée, résolue, elle affronte les pluies fréquentes et le vent, conduit son camion ou son tracteur, traverse bottée les prés inondés au gré des marées. Elle est décidée à tenir bon malgré les difficultés; aidée par deux stagiaires et son chien Gala. Il suffit de l’entendre parler de son métier aux élèves venus lui rendre visite. "Pour moi, il n'y a rien de mécanisé, il n'y a rien de moderne. Mon but, ce n'était pas d'être dans un tunnel toute ma vie". Elle reste optimiste et son conseiller en gestion reconnaît que les choses sont en bonne voie, elle dispose de cinq ans pour prouver que son entreprise est viable. Partisan de l’agriculture naturelle, elle nourrit ses animaux avec de l’herbe et avec leur laine fournit quelques filatures à l’ancienne menacées de disparition. Et pour améliorer son ordinaire, elle commercialise quelques préparations artisanales.
Dans une interview à un journal local, Stéphanie raconte qu’elle a tout de suite été séduite par le projet de la réalisatrice et qu’elle a aimé cette façon de mettre en lumière la manière dont on peut faire des choix dans sa vie. Ce documentaire permet aussi de voir comment l’agriculteur affronte un système impitoyable, banques, prêts, administration notamment.
Il n’est pas possible de rester indifférent et on apprécie tout de suite cette jeune femme énergique et toujours soignée qui assume son choix. Elle s’est attachée à ses brebis au point de leur lancer le matin en ouvrant la bergerie "Salut les filles!". Elle manifeste sa tristesse lorsqu’une brebis découvre son agneau mort… "Quand la mère s’en fiche, ça va, on l’admet plus facilement. Mais quand elle est triste, on l’est aussi".
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur
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