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A l'aube des mouches, d'Arthur Billerey

Publié le 13 mars 2019 par Francisrichard @francisrichard
A l'aube des mouches, d'Arthur Billerey

Le recueil d' Arthur Billerey est dédié à ceux qui salivent tôt...

C'est-à-dire à ceux qui prennent un plaisir immédiat et pavlovien à lire ses métaphores.

Les métaphores du poète sont souvent jeux avec les mots et joignent donc joyeusement le sourire à l'évocation:

les trains font grève l'oiseau on ne l'entend plus pareil qui mettra son chant en bouteille

Ou:

ta face n'est pas commode même si elle est à tiroirs laissez-moi vous raconter un fait dix vers

Ou bien, dans le même poème:

si je pleure je mets les yeux dans le plat c'est déjà ça l'union fait l'écorce

Car ne faut-il pas tout prendre, même ce qui est grave, avec légèreté?

La mort?

la mort c'est deux femmes prenant le thé et je les trouve si belles que je les aime depuis l'impasse fantôme de mon âme six pieds sous terre parmi les feuilles mouillées les années passent comme les comètes sans méfiance au-dessus des passages piétons et l'enfant pousse son enfance

Serait-il poète s'il ne parlait d'amour?

j'aimerais prendre ta figure entre mes mains c'est que les mots où nous dormirons tranquilles

S'il ne dédiait des vers à la femme aimée:

depuis que je t'ai vue ma faim ce n'est plus que de te boire par les yeux par la bouche par les mains dans le noir la caresse ajoute une couche à quoi servent les loteries si nos ombres sont bien loties

Certains de ses poèmes s'inspirent, nous dit-on en fin de recueil, de poèmes d' Aragon ou d' Apollinaire, d'un roman de Corinne Desarzens (qui a préfacé l'ouvrage) ou d'une citation d' Alphonse Allais. Certes, mais il semble que le poète ait trouvé une tonalité bien à lui, quels que soient les thèmes (d' ainsi va la vie ) abordés.

Ce court poème le confirme et fait, bien sûr, saliver tôt :

le matin vient cruellement les taureaux de feu décornent le vent ici ou là je ne trouve plus mes ivoires et ton coeur d'éléphant tient dans un tiroir

Francis Richard

A l'aube des mouches, Arthur Billerey, 104 pages, Éditions de l'Aire

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