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Attraversiamo

Publié le 16 mars 2019 par Alexcessif

Attraversiamo
Traverser la rue Bien fait pour ma gueule ! Le joli mois de mai version 2018 est revenu à Bordeaux pendant que je fuyais vers le nord Chartres était cette ville incomprise qui m’offrait le gite et le couvert, un nouveau job et une cohabitation raisonnable pour finir mon bouquin. Un peu de prospection sur les entreprises de la ville plus tard je décrochais un job de commercial et je repartais dire au revoir aux Pyrénées avec mon vélo, à qui j’ai promis la grimpette du col d’Iraty, dans le coffre. La question était de savoir si j’allais me sortir le cul des ronces où, invariablement, je me fourrais. Mais avant cela, il me faut vous raconter mon immersion dans ce monde du travail où les pratiques managériales toxiques laissent le salarié aux portes de l’hôpital psychiatrique. Que ne faut-il faire pour écrire un bouquin ? De retour des Pyrénées, mon rendez-vous foire ! Bien fait pour ma gueule ! Mal verrouillé, je l’avais obtenu seulement après deux jours d’efforts, et j’étais encore dans cette dynamique fallacieuse de la chance. A moins que ce ne fût la naïveté des désespérés, en tout cas me voila dans la nasse des inactifs. Les colères sont redoutables quand elles sont dirigées contre soi et je rentrais furieux à la niche quand j’avisai un véhicule de livraison que dieu, à moins que ce ne fût le diable, mit sur ma trajectoire. Livreur ? Après tout pourquoi pas ? A dix huit ans le permis en poche, ce fut à la fois mon premier diplôme et mon premier métier. — Ça embauche chez toi ? Je viens de faire la connaissance d’A. pas encore mon collègue quand je passai la tête par la porte latérale de sa camionnette à l’arrêt. — Bonjour, ouais je te donne le téléphone — Merci ! Pas la peine : un téléphone j’en ai un et je dégaine la boite magique qui prend des photos des coordonnées, me relie au monde entier et accessoirement me permet de téléphoner quand il y a les quatre barres. Bref ! RV/entretien d’embauche… Mon interlocuteur, grand sportif, élégant sans être guindé, a la démarche des mecs qui n’ont peur de rien. Un fauve. Il est au minimum syndical dans la phase sourire, il décide vite et peut-être bien après un briefing rapide du fonctionnement de sa boite et juste après la lecture en diagonale d’un CV qui n’a rien à voir avec le poste demandé. Je parle pour embrouiller son calcul mental qui va de ma date de naissance à celle d'aujourd’hui. Pas la peine de lui brouiller l’écoute, le gars qui transforme la sueur en or sait compter. Il arrive au chiffre fatidique qui contredit mon allure. Une micro expression passe furtivement sur son visage impassible des joueurs de poker qui veut dire "Si ta voix au téléphone et ta tronche de gigolo Leader Price m’avaient annoncé tes 64 ans je ne t’aurais même pas reçu !" Bon, je ne fais pas mon âge, cela ne fait pas de moi un usurpateur ! Pendant que le temps suspend son vol et que notre dialogue amorce sa descente finale, je rajoute que je fus coursier à 18 ans et que j’ai encore faim de goudron tandis qu’il sort le train d’atterrissage. Il reprend contact avec la planète entretien d’embauche. Je l’ai dit plus haut : le mec n’a pas froid aux yeux. Il me confirme que " …si j’en veux, je vais en avoir…" et moi je suis tombé sur l’entrepreneur qui donne sa chance aux jeunes de 25 à 65 ans. Ça commence demain matin à quatre heures! A suivre …

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