C’est sur un ton littéraire que nous retrouvons un artiste qui vit de sa passion. Entre les influences du romantisme mélancolique, le cinéma, et autres sujets importants, nous découvrons Noël Matteï à la suite de la sortie de son album L’écho des liens enfuis. Je retiens un artiste fortement cultivé, conscient de la réalité tout en étant aimable et serviable autour de lui. Tout l’inspire, et c’est ce qui fait la richesse d’un artiste.
Si tu aimes lire l’ami.e, cet article est fait pour toi. De même si tu cherches de la motivation pour affronter ton quotidien et les efforts dans tes projets. Belle lecture
Andie : – Bonjour Noël, merci de l’attention portée à LBCMusique. Je suis Andie, ravie de vous interviewer :
Noël Matteï : – Salut à toi et plaisir partagé Andie ! (très joli prénom et plus encore au féminin au passage)
A : – Comment pourrait-on présenter Noël Matteï en quelques mots ?
NM : – En vrac je dirai : fan de zic et notamment nourri môme et ado au son post-punk et au romantisme mélancolique new-wave, amoureux du trio Gainsbourg/Birkin/Charlotte, fan aussi de littérature, de cinéma d’auteur et ciné indépendant, très sensible à l’écologie (mais il faut être je crois d’une inconscience et d’une immaturité totale pour ne pas l’être ou le devenir aujourd’hui dans l’état de disgrâce où hélas ! Nous avons conduit notre planète… Ultra-symboliste mais absolument pas capitaliste (et les chiffres me donnent toujours un de ces putain de mal de crâne !), amoureux d’objets oldschool qui, tant par nostalgie (le reflet d’une époque) que par robustesse traversent les âges et deviennent mythiques plus qu’ »à la mode » (meubles, déco, automobiles… Je roule d’ailleurs chaque jour -été comme hiver- dans une VW Golf cabriolet intacte mais qui fêtera néanmoins ses 21 printemps en juin et immortalisée au tout début et à la toute fin du clip À bout pas au bout ! J’espère n’avoir à en changer pour rien au monde… Sinon pour un autre dinosaure mythique et classieux d’une ère plus ancienne encore… rires). Je suis également toujours davantage séduit, quelque soit leur âge, par les personnes singulières à forte personnalité que par celles dites (ou pire celles qui s’auto-définissent) « à la mode »… Une expression qui forcément… se démode ! (La Mode elle au moins elle invente, elle crée, quand le « à la mode » est lui déjà fané !).
Je suis amoureux aussi de Vie, de Liberté, de Tolérance, de relations humaines non fades, très singulières, fortes, passionnelles mais non fusionnelles (car devenant vite destructrices et malsaines), adepte de la parole donnée, très respectueux des promesses, des rêves que l’on se donne la peine (aussi dure soit-elle parfois) de concrétiser dans le réel et donc, comme une cohérence somme toute assez logique, devenu -sans jamais réfléchir au moindre plan de carrière- auteur de chansons, de textes, romancier, psychanalyste (je viens d’ailleurs d’ouvrir un cabinet après quasiment 15 années d’apprentissage des outils, à observer comme à digérer ces acquis, sans parler de l’aspect plus que formateur des parcours de vie…), et à mes heures compositeur et réal de clips aussi.
A : – Je découvre vos projets avec le titre À bout pas au bout : comme une impression de valse musicalement amoureuse. Quelles ont été vos inspirations au cours de la composition ? Comment s’est déroulée la collaboration avec Manu ? De quoi parle principalement À bout pas au bout ? Quelles émotions souhaitiez-vous faire ressentir ?
NM : – Oh c’est joli cette image de « valse amoureuse »… et très approprié. Merci. Une valse electro d’un romantisme où percent les lueurs d’un amour fort mais usé aux lumières noires aussi. C’est exactement ça l’histoire de ce titre et des personnages qui l’habitent.
Manu et moi nous croisions par ci par là à l’époque de Dolly et Madinkà… sur un shooting du photographe Jean-Marie Périer pour Paris Match auquel les deux groupes (parmi beaucoup d’autres artistes) participaient. Puis sur une date où Madinkà jouait en première partie d’Indochine, Manu était invitée pour un duo avec Nicolas Sirkis sur le morceau Tes yeux noirs… Il y avait à chacune de ces rencontres une réel sympathie et un réel respect entre Dolly et Madinkà… Perso j’avais toujours beaucoup écouté et aimé leur groupe, et j’ai continué avec autant de plaisir quand Manu a démarré une carrière solo. Mais nous nous connaissions somme toute très peu dans le privé. Tout s’est accéléré ensuite en 2016. Manu et Patrick Giordano étaient venus assister à une dédicace-débat que je faisais pour la promo de mon roman Les Amours Anormales dans une librairie du 18eme arrondissement de Paris. J’avais d’ailleurs été très touché de leur présence. Et c’est ce soir-là que Manu m’a parlé de la beauté de l’idée que tous deux avaient pour développer au sein du label Tekini un espace de production de livre audio (devenu depuis Velvet Audiobook) et qu’ils souhaitaient adapter Les Amours Anormales sous ce format si je le souhaitais aussi. J’en fus ravi, fou de joie même, surtout que j’aurais pu m’attendre à tout sauf à ça !
Et puis, quelques jours plus tard, alors que Manu était passé chez moi pour faire des essais de lecture sur le roman, nous nous sommes fait écouter quelques démos de nos futurs albums respectifs encore en chantier alors, et c’est en écoutant À bout pas au bout dans une version minimale piano/voix que l’idée de ce duo est née. Et comme nous sommes tous deux très impulsifs et passionnés quand il s’agit de création, nous n’avons pas travaillé du tout sur la lecture du roman ce jour-là mais nous avons rentré entièrement les voix témoin sur le titre jusqu’à minuit (rires). Le résultat était magique ! Le duo aussi ! Et voilà, le titre existait. Dépouillé au niveau des arrangements, mais il vivait. Par la suite, Vinaya Ly -qui lui aussi aimait beaucoup le titre- m’a proposé de très jolis et délicats arrangements d’orgues et synthés planants… et c’ est alors que j’ai demandé à Manu de réaliser le titre si elle en avait envie, ce qu’elle a accepté et fait gracieusement en programmant des drums subtiles et très atmosphériques ! Je trouvais le titre si beau que j’ai rapidement eu envie de tourner des images dessus. J’ai dit à Manu que je souhaitais en réaliser un clip sur la base d’une chorégraphie qui illustrerait par le langage du corps le propos du texte via un couple de danseurs (Emmanuelle Faure et Benjamin Thomas). Je lui ai également parlé des quelques flash-backs que je désirais de ce couple enfant comme s’ils s’étaient toujours connus depuis leur plus jeune-âge (les mômes sont joués dans le clip par Louka et Gabriel). L’idée l’a séduite et elle a accepté d’apparaître avec moi en tout début et à la toute fin de la vidéo.
Le clip et le single sont sortis finalement fin novembre en même temps que ceux de Tu ne m’aimes pas de trop m’aimer puisque je ne voulais pas un 2e et 3e extrait de l’album mais un 2 et 2 bis. Un single rapide, et un plus lent. Sinh Vu Do a quant à lui réalisé le clip de Tu ne m’aimes pas de trop m’aimer.
A : – Vous avez sorti l’album L’Écho des liens enfuis : à quoi pourrions-nous nous attendre ? Suit-il la lignée de À bout pas au bout ?
NM : – C’est surtout À bout pas au bout qui suit la lignée de l’album j’ai envie de dire… (rires), comme d’ailleurs H.E.L.P. et Tu ne m’aimes pas de trop m’aimer (les 2 autres singles clippés qui en sont extraits à ce jour) ou comme les 9 autres titres qui composent cet album, à savoir ce son indie-pop, plus rock ou plus electro selon les tmorceaux, et puis ce thème des liens enfuis filé de la 1ere plage à la 13eme, d’histoires diverses selon
Couverture de l’albumles chansons mais toutes fortes et singulières justement, qui se délitent dans un quotidien, un présent pour certaines, ou qui n’existent déjà plus depuis longtemps pour d’autres, mais qui ont toutes ce point commun d’être inoubliables et marquantes dans l’histoire d’une Vie. Aucune d’elle n’est jamais vue comme une erreur dans l’album, bien au contraire. Aussi triste et/ou nostalgique que puisse être le goût (amer parfois) de ces ruptures, de cette perte d’un temps si magique comme de la si jolie p’tite bouille et du sourire des débuts si beau et touchant de l’Autre qui nous faisait vibrer, nous remuait les tripes -improbablement presque- ce lien est paradoxalement enfui uniquement dans la vie présente de notre moi social, et pourtant juste enfoui pour ce qui est de notre moi intérieur, le principal, celui qui nous ressemble le plus, qui nous relie aux différents âges que nous avons traversés (comme ce très joli titre du dernier roman de Thierry Desaules que je viens de terminer : Les Traversantes, j’adore ce titre, esthétique et empli de sens à la fois !) et qui font ce que chacun de nous est aujourd’hui. Car nous ne sommes jamais un présent isolé de tout, relié à aucune trace mais nous sommes bien au contraire toujours la résultante (consciente ou inconsciente) d’un parcours de Vie qui nous est propre. Et nous devrions toujours en être fier, quoi qu’il ait été, car il est la matière principale que nous avons exploitée, malaxée, rejetée parfois puis ré-apprivoisée ensuite… pour devenir ce que nous sommes. Si l’on trouve comment s’en servir, peu importe ce qu’il a été, il peut (et doit) être bonifiant avec le temps. Et donc les personnes (qui furent importantes et marquantes j’entends !) sont également une partie indéniable de nous, encore dans le présent, et ce, que le lien quotidien existe toujours ou plus.
Ce sont de ces liens-là dont je parle dans l’album au fil des 13 pistes. Comment les préserver pour ceux encore existants… ou comment en aimer l’écho pour les autres, désormais enfouis en nous et enfuis de notre quotidien.
Il y a seulement quelques jours, L’Écho des liens enfuis s’est vu figurer (par une commission de professionnels de la Sacem) parmi les meilleurs albums entièrement produits par l’artiste-interprète lui-même. Cette reconnaissance m’a fait immensément plaisir, déjà car chaque commission n’attribue le prix qu’à 6 ou 8 albums sur 30 écoutés et de tous styles confondus (classique, jazz, musiques actuelles…). Je tiens à remercier d’ailleurs le jury de cette commission ainsi que Nathalie Roy de la Sacem pour son professionnalisme comme pour sa disponibilité.
J’ai été ravi et touché bien plus encore par les yeux des professionnels qui se sont posés sur le travail réalisé en en comprenant l’aboutissement si cohérent que pour la subvention qui va avec et qui m’est accordée même si elle n’est pas négligeable tant aujourd’hui faire de la musique est devenu pour la plupart d’entre nous (hélas !) un luxe, avec des dépenses plus élevées que les gains qu’on en retire au final vu notamment le peu de droits d’auteur reversés sur les écoutes en streaming des plateformes pré-payées au mois… Il faut être sacrément passionné pour être un artiste indé qui ne lâche rien contre vents et marées ! Mais on ne se refait pas, et écrire des chansons, des romans, tourner des images, produire des EP ou des albums qui racontent des histoires d’expériences humaines avec des liens marquants à vie, c’est juste inscrit dans mon épiderme et c’est vital pour moi !
Et puis je suis on ne peut plus heureux que cette reconnaissance soit attribuée à ce disque-ci qui est d’une part celui dont j’ai composé la quasi-totalité des musiques (8 + 4 en co-composition alors que précédemment mon travail était axé avant tout sur les textes et les mélodies de chant) et d’autre part celui pour lequel j’ai été encouragé par de très belles personnes qui l’ont baigné d’ondes positives. Je suis donc heureux aussi pour toutes celles et ceux qui se sont si joliment investis à chaque étape de la réal et des enregistrements car à son petit niveau de skeud indé, nous pouvons tous être fiers du chemin qui est le sien depuis sa sortie.
Je remercie particulièrement Nicolas Marsal de Ô Studio qui fut mon pilier principal pendant quasiment 2 ans, celui qui a compris mes compos minimalistes sur dicta et qui, par ses arrangements les a parées des vêtements somptueux qu’elles portent aujourd’hui… et puis Patrick Giordano et Emmanuelle Monet de Tekini Records qui y ont cru si fort et en ont aimé les titres et mélodies dès l’écoute des premières demos, Matthieu Roche -de l’Atelier Belle Lurette– qui, en esthète talentueux, m’aide à traduire mon univers en images sur les pochettes, dans les clips aussi… Lucie Marmiesse -de See You in L. A.– mon attachée de presse pour tout le travail de promo qu’elle réalise efficacement chaque jour et qui me rassure forcément… Buzy et Manu, pour leur si jolie voix, grave aux reflets de tant de vécu pour l’une, lumineuse et si positivement rêveuse, presque enfantine et sans âge pour l’autre… et enfin ma fille, Louka Luan-Rose, pour sa patience les jours où par quête d’inspiration et de concentration je n’étais pas toujours d’humeur, et qui du haut de ses onze ans et de sa passion pour le piano (qu’elle apprend depuis toute jeune au conservatoire) m’a offert la compo musicale du titre Rencontre-moi, et puis sa voix sur Tu ne m’aimes pas de trop m’aimer comme sur l’intro de Dans Longtemps. J’adore le résultat artistiquement ! et avant même celui du délicieux bonus affectif ! J’ai une chance infinie de l’avoir à mes cotés, de me confronter quotidiennement à son sens déjà développé d’un bon goût certain, à son professionnalisme libre dans les clips comme dans les enregistrements, à sa spontanéïté, à sa tendresse comme à son cash verbal notamment quand une de mes suites d’accords ne lui plait pas ! (rires).
Les enfants nous font souvent bien plus grandir que vieillir, et ce mieux et plus que les « trop-adultes » qui nous entourent, car ils sont souvent bien plus naturellement objectifs et mâtures qu’eux aussi mine de rien sous couvert d’une délicieuse et espiègle innocence. Je comprends d’autant plus aujourd’hui pourquoi L’Effrontée de Claude Miller est un de mes films cultes, et ce depuis sa sortie en 1985 alors que je n’étais moi-même qu’un pré-ado ! Ces partages que nous avons bien au-delà d’un « simple » échange père-fille sont un pur cadeau pour moi ! Le plus beau.
A : – À quels événements pourra-t-on vous retrouver ?
NM : – Je serai le dimanche 21 avril de 19H à 20H30 dans les studios de IDFM Radio, 98.00 en île de France et partout sur le web, une émission en direct durant laquelle pendant 1h30 j’aurai carte blanche pour la programmation musicale.
A : – Merci de l’attention portée à LBCMusique, au plaisir de voir la continuité de vos projets,
NM : – Merci à toi Andie !