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Comment rompre avec le socialisme fiscal?, conférence de Philippe Nemo, à la Société de Lecture

Publié le 19 mars 2019 par Francisrichard @francisrichard
Comment rompre avec le socialisme fiscal?, conférence de Philippe Nemo, à la Société de Lecture

Hier soir l'Institut libéral recevait Philippe Nemo à la Société de Lecture à Genève (à l'entrée de laquelle figure cette inscription: Timeo hominem unius libri, je crains l'homme d'un seul livre...), pour une conférence sur Comment rompre avec le socialisme fiscal?

Dans son introduction, Pierre Bessard, le directeur de l'Institut libéral rappelle que le socialisme fiscal est bien présent en Suisse, même si c'est à un moindre degré qu'en France dont Philippe Nemo est originaire.

Les États sont de plus en plus gloutons, surdimensionnés. Les recettes fiscales augmentent davantage que l'économie et sont dissipées dans la redistribution. La victime de ce socialisme fiscal est la sphère de la liberté.

Philippe Nemo, philosophe de formation, est l'orateur tout désigné pour en parler parce que la question du socialisme fiscal relève de la philosophie et de l'idée que l'on se fait de la société. Mais il a d'autres titres pour en parler.

Philippe Nemo a en effet été professeur à l'ESCP, Sup de Co Paris, fondée par Jean-Baptiste Say; il préside la Fondation Lettres et Sciences; il a cofondé l'École Professorale; il a publié en 2018 Philosophie de l'impôt, un livre très dense.

Quels sont les intellectuels qui se sont intéressés à la conception de l'impôt en relation avec la conception de l'homme? Aucun, sinon en Allemagne Peter Sloterdijk qui a écrit un gros volume intitulé Repenser l'impôt.

En France, les prélèvements obligatoires représentaient 10% du PIB en 1900, il en représentent aujourd'hui 50%. Dans les années 1930-1940, ils ne représentaient encore que 20%. La mutation s'est produite au cours des quatre ou cinq dernières décennies.

Comment se fait-il que l'on ne s'en alarme pas? La forte croissance des trente glorieuses a empêché d'en prendre conscience: les prélèvements augmentaient sans que les salaires réels diminuent, bien au contraire.

Aujourd'hui on se satisfait de déficits publics de l'ordre de 3% du PIB, qui sont en réalité des déficits de 30% du budget, si bien que la dette augmente indéfiniment et que cette machine, devenue folle, est impossible à maîtriser.

Il y a bien eu des révoltes contre cette montée des prélèvements mais les révoltés, les poujadistes par exemple, étaient méprisés, voire traités de fascistes. Les Français sont ainsi devenus socialistes sans le savoir...

Si on considère l'Histoire, il y a eu une bonne révolution en 1789, qui a mis un terme aux impôts de l'Ancien Régime, mais elle a été de courte durée et la mauvaise révolution lui a succédé en 1792-1793.

Sous la Monarchie de Juillet, dont Benjamin Constant a été l'idéologue, la conception des impôts était qu'ils devaient contribuer au maintien de l'État dans ses fonctions régaliennes. Cela a changé au début du XXe, avec les socialistes.

Trois conceptions de l'impôt, deux justes et une fausse

Les deux conceptions justes (le service rendu correspond à ce qui est donné) sont les suivantes:

- l'impôt sert à financer l'État régalien: les maux qui n'ont pas lieu ne sont pas quantifiables; chacun en profite également et l'impôt correspondant doit donc être le même pour tous, avec d'éventuels dégrèvements pour les plus pauvres (tout le monde est égal devant la mort ou le vol)

- l'impôt sert à financer les services collectifs qui ne peuvent être rendus par le marché (le problème est cependant de déterminer lesquels): l'impôt correspondant doit être proportionnel, sur l'intégralité du revenu du fait que le profit (des infrastructures par exemple) est proportionnel à l'activité des bénéficiaires

La conception fausse (l'impôt est sans contrepartie) est celle-ci:

- l'impôt sert à redistribuer: l'impôt est alors une spoliation, il s'agit de fait d'un vol en bande organisée; il est d'autant plus spoliateur qu'il est progressif (c'est Marx qui a eu l'idée de l'impôt progressif, le qualifiant de révolutionnaire, dans Le Manifeste du parti communiste...)

Cette conception n'a évidemment rien à avoir avec la justice distributive parce qu'il y a confusion entre société et bien commun...

Quatre idéologies sont à l'origine de cette fausse conception de l'impôt: le marxisme, l'égalité de sacrifice, le solidarisme et le keynésianisme, auxquelles conduisent à adhérer une passion, L'envie, le titre d'un livre d'Helmut Schoek, sous-titré Une histoire du mal...

(ce sont le droit et la morale qui permettent de contrecarrer cette passion et de civiliser les hommes)

Cette fausse conception de l'impôt est une rupture du consentement: toute richesse appartient implicitement à l'État et la seule raison qui justifie l'impôt est le rapport de force.

Les fonctionnaires du Ministère des Finances français, Bercy, sont l'illustration de ce rapport de force: ils se donnent pour but de prendre le maximum aux gens et de connaître ce qu'ils possèdent (c'est l'inquisition fiscale). Et, à ces fins, leur ruse principale est d'augmenter l'assiette de l'impôt...

Philippe Nemo termine sa conférence en disant qu'il y a un lien entre ce que l'on est et ce que l'on a. C'est pourquoi, avec le droit romain (et le droit de propriété) l'humanisme a pu apparaître parce qu'il induisait la valorisation de la personne (c'est bien pourquoi le christianisme a pu prendre dans l'Empire).

Avec un taux de prélèvements confiscatoire, 50%, dont la plus grande part est constituée d'impôt sans contrepartie, Philippe Nemo est légitimé à dire qu'une mutilation ontologique est opérée.

Comment rompre avec le socialisme fiscal? Philippe Nemo est convaincu que le combat des idées est à même de faire basculer cette montagne, comme ce sont les idées socialistes qui l'ont élevée...

Qui aurait cru un jour que l'URSS s'écroulerait? Tous les espoirs sont donc permis...

Francis Richard


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