Us // De Jordan Peele. Avec Lupita Nyong’o, Winston Duke et Elisabeth Moss.
Jordan Peele est de retour pour nous conter une nouvelle « American horror story ». Cette capacité qu’il a de créer de l’horreur avec un univers propre et soigné tant dans la mise en scène que dans l’écriture me fascine. Ce qu’il avait déjà pu faire avec Get Out (2017), il le reproduit ici dans une histoire différente mais toujours teintée de références qui sied finalement bien à cette horreur psychologique qu’il développe intelligemment. Le seul vrai regret que j’ai eu avec ce film, c’est probablement son twist final, assez prévisible dès le départ, mais qui parvient malgré tout à être amené de façon intelligente (ce qui le rend bien plus agréable). Le film repose alors grandement sur son scénario et ses interprètes, où tout est de nature à faire flipper mais aussi à poser les bases d’une réflexion sur le monde et le reflet que l’on donne de notre personne. Mais contrairement à Get Out qui mettait en scène ce racisme tentaculaire de la société américaine, Us choisit de parler d’autres choses et notamment de tout ce que l’Amérique a pu laisser à l’abandon (en l’occurence ici le résultat d’une expérience ratée, et des milliers de kilomètre de tunnels abandonnés). Us mélange alors à tout cela tout un tas d’histoires, sur le choc post-traumatique vécu par Adelaïde Wilson (et le résultat que cela va engendrer) mais aussi les révélations qui petit à petit construisent un récit complexe efficace.
De retour dans sa maison d’enfance, à Santa Cruz sur la côte Californienne, Adelaïde Wilson a décidé de passer des vacances de rêves avec son mari Gabe et leurs deux enfants : Zora et Jason. Un traumatisme aussi mystérieux qu’irrésolu refait surface suite à une série d’étranges coïncidences qui déclenchent la paranoïa de cette mère de famille de plus en plus persuadée qu’un terrible malheur va s’abattre sur ceux qu’elle aime. Après une journée tendue à la plage avec leurs amis les Tyler, les Wilson rentrent enfin à la maison où ils découvrent quatre personnes se tenant la main dans leur allée. Ils vont alors affronter le plus terrifiant et inattendu des adversaires : leurs propres doubles.
Mais Us ne serait rien sans son casting. Je dois avouer que Lupita Nyong’o avec un tisonnier, c’est clairement la femme la plus bad-sas de l’année, et avec un ciseau entre les mains, la plus flippante. Le film prend son temps, mélange tour à tour plusieurs références horrifiques (notamment le home invasion, très bien fichu là aussi) qui servent le récit et ce qu’il veut nous raconter. Le film utilise alors au maximum le talent de son casting et sa capacité à se muer en deux personnalités complètement différentes (et complémentaires). On peut également citer Elizabeth Moss (Mad Men) qui semble vraiment s’éclater dans ce rôle de double maléfique qui veut anéantir l’original. Us parvient donc à créer un univers inédit, qui change de ce que l’on peut voir dans le monde de l’horreur avec des métaphores soignées et des références plutôt bonnes. Cela ne se fait pas sans quelques trucs difficiles à avaler tout de même et un twist final sacrément prévisible (qui ne l’a pas vu venir est sacrément mal informé sur le genre horrifique et ses retournements de situation faciles). Mais peu importe, je n’étais pas là pour voir un twist qui me laisse de marbre sur l’origine des doppelgangers (et la véritable nature de certains) mais plutôt pour voir cette aventure où Jordan Peele accentue à tout moment la tension de façon soignée, et créé chez le spectateur un sentiment de peur réussi.
Note : 8/10. En bref, je suis pour ce cinéma d’horreur à la fois intelligent et différent.