"Pierre qui roule n'amasse pas mousse
Mais se jette
Comme un météore en ce mois de mars
Gonfler de mystère
Pour crever la bulle
Réveiller la vie du printemps
Et jeter la pierre
Contre l'anathème du silence
Papillon du soir
Espoir du matin
Que celui qui n'a jamais butiné
Lui jette la pierre
Au mois de mai
Il fait ce qu'il lui plaît
Et se grise
Dans les champs de folie
Contre la routine
Il s'exile
Et je te salue, le printemps,
Dans ton éclat timide
Tu es le signe de la sève et de la joie
Et j'aimerais tant te ressembler
Premier bouton-d'or
Cousu par le fil du soleil
Premier bourgeon
Crevant la coquille
De l'univers
Pour semer le trouble
Dans l'esprit traqueur d'un lézard
Qui sortait tester
Sa langue chercheuse
Sur le sable
Danse des insectes
Danse de la secte
Montée de la sève
Pour célébrer le nom
Premier temps, premier vert
Printemps, primevère
L'hiver et son cortège
Ne sait plus où donner
De la tête
Le voilà envahi
Par ces millions de conquérants espiègles ! "
Morice Bénin
"Le temps, c'est un peu comme le vent.
Le vent, on ne le voit pas.
on voit les branches qu'il remue, la poussière qu'il soulève.
Mais le vent li-même, personne ne l'a vu."
Jean-Claude Carrière
Posetitel muzeya (1989) Dir. Konstantin Lopushanskiy source: "L'oiseau de nuit"
"Au risque d'être à contre-courant des vents dominants
Fuyant les jougs, les tocsins des cités de guerre
Au risque d'être solitaire, oublié dans ce siècle sombre
Retrouvant la parole fécondée depuis des millénaires
Peuple nomade, je te rejoins
Je fais partie de ta légende
Ignoré des grandes instances
Planté sur la Terre
Artisan de l'Alliance
Ma terre promise est celle du cœur, de la nudité
Comme un serment, comme une offrande éternelle
Ma seule fortune est le sourire de l'aube perpétuée
Gravée dans la mémoire de ces hommes solitaires
Peuple nomade, je te rejoins
Sur les chemins sans issue
Rescapé volontaire d'un monde incrédule
Peuple-passerelle
Mémoire du futur"
Morice Bénin
"On avance, on avance au-delà des langues nouées
Des paupières serrées comme des trous de serrures
rouillées
On avance, on avance, le vieux monde est déjà dépassé
On avance jusqu'en lisière d'une autre terre à féconder
.../..."
Morice Bénin