Magazine Société

1, rue de Rivoli, d'Antonio Albanese

Publié le 23 mars 2019 par Francisrichard @francisrichard
1, rue de Rivoli, d'Antonio Albanese

1, rue de Rivoli est l'adresse d'un immeuble appartenant à Matteo Di Genaro. Un homicide vient d'y être commis, par strangulation.

Matteo croit que cet immeuble ne lui appartient plus mais il n'a pas été vendu il y a dix ans par Olivier, son gestionnaire, comme il le lui avait demandé.

En fait, entre-temps, depuis deux ans, l'immeuble est devenu un squat où vit une communauté d'activistes de gauche.

Son ami Jean-Michel, flic à la brigade criminelle, lui a donné rendez-vous sur place et lui apprend qu'il en est toujours propriétaire et quels sont les faits:

La victime s'appelle Charles de Fidos, 24 ans. C'est le fils de François de Fidos, le politicien [...] La soeur de la victime, Cécile de Fidos, semble être à la tête de la communauté.

Matteo vit de ses rentes immobilières. C'est une sorte de bobo qui voit entre la gauche et la droite une seule différence:

C'est que j'apprécie les idées de gauche, mais les gens de gauche me font gerber, alors qu'à droite, ce sont les idées ET les gens qui me font gerber.

Matteo n'aime pas les enfants, à l'exception de sa filleule de neuf ans, Léa, la fille de Jean-Michel, un petit génie du clavier d'ordinateur.

Celle qu'il qualifie affectueusement de ou de va lui être d'un grand secours pour son enquête où le suspect est africain:

Je lui trouve une bonne tête, et je vois bien que c'est le contraire du délit de sale gueule, et donc tout aussi arbitrairement dégueulasse...

Pour mener son enquête, Matteo se fait passer pour quelqu'un qui vient pour une chambre dans le squat. Or celle de Charles vient juste de se libérer...

Comme lors de son enquête précédente ( Une brute au grand coeur), Matteo émaille son récit de digressions où il fait part au lecteur de sa vision particulière des choses:

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, malgré ma condition involontaire de propriétaire-héritier d'un nombre incalculable d'immeubles, je ne suis pas contre l'occupation illégale.

Mais ce n'est pas la moindre de ses contradictions... Et le lecteur fait bien de ne rien savoir de la façon dont [il] s'arrange avec [sa] conscience.

Ce nanti n'est pas non plus avare de sophismes, propres non pas à renvoyer la gauche et la droite dos à dos, mais à se les mettre toutes les deux... à dos.

Alors il faut prendre ce roman noir pour un pied-de-nez de l'auteur à l'égard aussi bien de ceux qui pourfendent que de ceux qui défendent les valeurs dites bourgeoises.

Le paradoxe est peut-être qu'un préjugé de Matteo va lui permettre de chasser l'autre préjugé qui fait automatiquement d'un Africain un coupable.

Francis Richard

1, rue de Rivoli, Antonio Albanese, 96 pages, BSN Press

Livres précédents chez le même éditeur:

Une brute au grand coeur (2014) (sous le pseudonyme de Matteo di Genaro)

Voir Venise et vomir (2016)

Livres précédents à L'Âge d'Homme:

Le roman de Don Juan (2012)

Est-ce entre le majeur et l'index dans un coin de la tête que se trouve le libre arbitre? (2013)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisrichard 12008 partages Voir son profil
Voir son blog

Magazine