Christophe Henner, le roi des faux CU

Ainsi que mon ami Lebob n'a pas manqué de le faire remarquer avec gourmandise, il a été décidé, aujourd'hui, mon bannissement global de l'ensemble des projets Wikimedia. J'ai même reçu un joli mail du staff de la Foundation WMF pour m'annoncer la nouvelle, mais en m'assurant de leurs " sentiments distingués " car ce sont des gens fort civilisés. Comme je suis, moi aussi, civilisé (si si), j'ai eu la gentillesse de leur signaler que le travail avait été incomplet car mon compte secondaire (qui n'a rien d'un mystère), Zoldik, avait été malencontreusement oublié. Je gage que l'oubli sera vite réparé, et que cela me vaudra un nouveau mail rempli de gentils mots de courtoisie. Bon, je peux au moins me réjouir d'avoir été un peu mieux traité que Classiccardinal (qui était, jusque-là, l'unique membre des projets francophones à avoir subi un global ban. J'espère qu'il m'accueillera avec de la charcuterie lyonnaise), et qui l'avait appris en ne pouvant plus éditer puisqu'il n'avait reçu, lui, aucun mot d'amour par mail de la Foundation.

Mais je digresse. Comme le souligne à juste titre Cangadoba, ce n'est pas une surprise. Je savais pertinemment, grâce à mes antennes, que 0x010C avait saisi la WMF dans la foulée de la publication de ce billet qui - sur la foi des logs des vérificateurs d'adresses IP - révélait que Benoît Prieur/Agamitsudo, CU, avait, jadis, commis des abus de faux-nez (ce qui est un brin gênant, on en conviendra, pour quelqu'un censé les trouver). Un petit peu comme aux États-Unis vis-à-vis de Chelsea Manning, d' Edward Snowden ou de Wikileaks, c'est donc le lanceur d'alerte qui est sanctionné. L'abuseur, lui, se porte bien, rassurez-vous. Il vient d'être reconduit dans ses fonctions de CU par le Comité d'arbitrage, qui le félicite ainsi d'avoir si magnifiquement abusé des faux-nez qu'il doit démasquer et combattre. Inutile de préciser que je ne suis pas du tout étonné par cette conclusion, surtout quand il n'y a plus que deux arbitres en poste, et que l'un des deux est un poto de longue date de la cabale lyonnaise.

En conclusion du billet susnommé, j'avais aussi indiqué que ceux qui étaient prêts, en conséquence, à s'en prendre à moi avaient intérêt à avoir le cul propre. En l'occurrence, ceux qui m'ont infligé un global ban pour le recel de violation de la politique de confidentialité (à laquelle je n'ai jamais été assujetti), ce sont les membres du Conseil d'administration, le Board of trustees, de la WMF. Parmi ses membres éminents, figure, bien entendu, Christophe Henner, a.k.a Schiste sur les projets Wikimedia, actuel vice-président de la WMF (après en avoir été le président, un président d'ailleurs très peu apprécié des salariés du siège californien, qui lui reprochaient de n'avoir jamais pris la dimension du rôle et d'être sujet à des accès d'autoritarisme), ancien président de l'association Wikimédia France, ancien administrateur, ancien arbitre et ancien CU sur la version francophone de Wikipédia.

A n'en pas douter, quelqu'un d'aussi intransigeant sur la politique de confidentialité devait la respecter avec une admiration forçant le respect du temps où il a exercé toutes ces magnifiques fonctions, surtout celle de CU. Bien entendu. Ou pas, en fait ...

Dans son rôle de CU, il est un mois, celui de janvier 2007 - à une époque à laquelle les privacy et CU policies étaient déjà en application, puisque créées en 2005 - où Schiste a, semble-t-il, perdu de vue le cadre de ses fonctions. En ce 17 janvier 2007, Schiste est impliqué dans un conflit éditorial sur l'article Guernica avec plusieurs contributeurs, notamment Horowitz. Ce sont des choses qui arrivent, convenons-en. Ce qui arrive moins, en revanche, c'est que cette situation ait conduit Schiste a se servir de ses beaux outils de CU pour voir si, des fois, son contradicteur n'avait pas quelques casseroles aux fesses. Le journal des CU, une fois de plus, fait foi :

17 janvier 2007 à 23:35, Schiste a obtenu des IP utilisées par " Horowitz (discuter | contributions) "

Et je précise que, dans la foulée, Schiste a examiné les IPs utilisées par Horowitz pour contribuer, mais que je ne publierai évidemment pas. Je précise aussi, et c'est aisément vérifiable, qu'aucune RCU concernant Horowitz n'avait été déposée ce mois-là. Schiste a donc agi en-dehors de tout cadre et de toute requête à l'encontre d'un contributeur avec lequel il se trouvait, ô hasard, en conflit au même moment.

Nous sommes évidemment en présence d'un abus caractérisé au regard de la CU policy et de cette fameuse politique de confidentialité dont Schiste a été, aujourd'hui et douze ans plus tard, le gardien sourcilleux.

Une petite vérification fugace

Mais ce n'est pas le seul exploit de Schiste, très en forme, ce mois-là. En ce beau mois de janvier 2007, Schiste est également arbitre. Et la grande affaire du moment est un arbitrage opposant des piliers de l'époque, Alvaro contre Manchot, Med et RamaR (ensuite devenu Rama). Manchot souhaite alors récuser Schiste, mais le problème est que ses co-défendeurs ont déjà récusé quelqu'un d'autre, ce qui crée tout un imbroglio.

Sur la mailing-list privée des arbitres (et je crois que je vais donc catastropher Gratus et Kimdime), un des collègues de Schiste, Alain R, met les pieds dans le plat en évoquant le conflit personnel notoire entre Manchot et Schiste, le 23 janvier 2007, à 2 h 48 :

" Il y a un conflit connu et identifié entre schiste (+ guillom + Lebron) et
Manchot, sa récusation n'est donc pas surprenante. Son hypothèse que tu te
récuserais de ton plein gré n'est pas non plus farfelue, puisqu'au départ
il pensait que tu avais demandé en ton nom le déblocage de SL (ce que tu
as plus ou moins fait, du reste, voir ci-dessous). "

Schiste se récrie, le 23 janvier 2007, à 7 h 59 :

" J'ai un contentieux avec Manchot? Heu, bah on en parlera sur IRC
parceque je vois pas (sincerement). "

Mais il ne manque pas, ensuite, d'attiser les feux, dans le même mail :

" Concernant ma récusation, je m'en contre fout royalement, j'émettrai
mon avis en page de discussion en tant que contributeur. "

S'ensuit, dans les jours suivants, des discussions assez tendues entre les arbitres sur cet arbitrage en général, et sur cette problématique de la récusation de Schiste en particulier. Il est inutile, cependant, de rendre ce billet imbuvable en publiant tous ces échanges in extenso. Ils ne sont mentionnés que pour contextualiser ce qui va suivre. Et ce qui suit, c'est que la situation va finir par exaspérer une autre arbitre, Esprit Fugace, qui lâche finalement sur l'arbitrage en question cette sortie (cliquez sur le lien bleu), peu charitable pour ses collègues et peu charitable pour les arbitrés, à commencer par le demandeur, Alvaro, alors grand copain de Schiste (ce qui n'était, alors, pas encore le cas d'Esprit Fugace).

Est-ce suffisant pour plonger Schiste dans un grand désarroi, voire davantage ? Il semblerait bien. Quelques heures plus tard, là aussi en-dehors de toute requête et de tout cadre habituel, le CU Schiste semble soudain extrêmement inquiet concernant Esprit Fugace :

29 janvier 2007 à 02:16, Schiste a obtenu des IP utilisées par " Esprit Fugace (discuter | contributions) "

Là aussi, Schiste a ensuite poursuivi ses investigations en checkant l'ensemble des IPs d'Esprit Fugace identifiées. Comme pour Horowitz, je ne les publierai évidemment pas.

Ainsi donc, Schiste, ce grand défenseur de la politique de confidentialité, a, par deux fois, violé la vie privée de deux contributeurs, par pure convenance personnelle, lorsqu'il était vérificateur d'adresses IP sur Wikipédia. Gageons que, scrupuleux jusqu'au bout, il va maintenant saisir ses collègues du Board of trustees pour demander son propre global ban. Classiccardinal et moi-même l'accueillerons comme il se doit !