Découvrez la grande aventure de la médecine par le petit bout de la lorgnette.
Saviez-vous que les embaumeurs égyptiens connaissaient mal l'anatomie ? qu'on pratiquait déjà la chirurgie nasale à visée esthétique en Inde il y a 2 000 ans ? qu'on utilisait des mandibules de fourmi pour faire des points de suture ? que la ceinture de chasteté et la fessée ont été prescrites au xviiie siècle pour leurs vertus médicales préventives et curatives ?
À travers de courtes chroniques étonnantes et insolites, Marc Magro remonte le temps de l'histoire de la médecine où des hommes curieux, aventureux et intuitifs, confrontés aux corps en souffrance et aux grandes épidémies ont eu à coeur de soigner.
Hasard, supersticion, expériences audacieuses... L'histoire est riche et pleine de surprises. Si autrefois on traitait la mélancolie érotique avec du sang de pigeon entre les orteils, ou le mal de hanche en faisant avaler au patient un testicule de lièvre, la Seconde Guerre mondiale nous rappelle que le premier rein artificiel a été confectionné à partir d'une lessiveuse et de boyaux à saucisse...
Les progrès de la médecine ne doivent pas nous faire oublier l'héritage des Anciens et ses bizarreries, sans lesquels elle ne serait pas ce qu'elle est aujourd'hui !
Pourquoi une personne qui déteste voir du sang, qu'on lui parle de veines et qui grimace à chaque fois qu'on évoque l'accouchement (d'un enfant, de deux, de trois... en une fois ou en une vie) lirait-elle un écrit qui ne parle que de médecine, donc forcément avec des évocations gores ? Pour changer, pardi ! Ce livre m'a interloqué et intrigué, c'est donc pour cela que je me suis lancée. Je n'aurai pas pu faire une carrière en médecine (dans cette vie en tout cas, dans une autre j'aurai aimé car c'est le métier le plus important au monde), loin de là, mais l'originalité du récit m'a attiré. Enfin, des récits, car il s'agit de multiples chroniques. Maladies, pratique d' "opérations", médicaments, médecins marquants... le livre aborde énormément de sujets. Le mélange de fond et de forme permet d'insuffler du souffle au récit. En effet, les chroniques sont tellement courtes et les sujets tellement vastes, qu'il n'est pas toujours évident de bien suivre et de rester concentré.
Je ne pourrais pas restituer tout ce que j'ai lu dans ce court livre, mais il est suffisamment didactique et intéressant pour que j'y ai appris des choses. Hippocrate, Galien, Nostradamus... sont de grands noms qui ont marqué la médecine et sur lesquels l'auteur revient. On apprend également que les médecins étaient aussi des religieux à l'origine, et donc célibataires, que les femmes éjaculent également et que le bistouri à la préhistoire c'était du silex (et les opérés ne sont mêmes pas morts, forts ces hommes des cavernes !). La brièveté des chroniques pourraient faire craindre l'ennui mais l'auteur aime jouer sur les mots et ne manque jamais une occasion de glisser un petit mot moins historique, ce qui rend la lecture aussi agréable qu'un roman.
=> Aborder la médecine d'un point de vue historique est possible grâce à ce livre très accessible à tout public. S'il ne m'a pas réconcilié avec la médecine, il a eu le mérite de retenir mon attention pendant trois-cent pages et de mesurer les progrès accomplis au fil du temps.