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Max | Blanche Neige

Publié le 08 avril 2019 par Aragon

bnpom.jpgUn malade du cancer est donc condamné à tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler. J'en fais la leçon. Il y a peu je sautais de joie en disant youpi c'est le printemps, je suis en "rémission" lalalère, j'en ai terminé avec chimio & radiothérapie.

J'aurais dû savoir qu'il n'y a jamais de printemps ni de saison quand on a cette maladie. Je disais aussi, s'agissant de cette pathologie il y a peu - toujours - qu'on était en mer. C'est vrai. En mer et sans saison à se mettre sous la dent. C'est une mer paradoxale car on peut y marcher dessus comme Jésus, mais ça reste une mer sans que l'on soit, hélas, le petit ou grand Jésus. Faut se démerder avec son humanité, c'est à dire avec sa force, ses faiblesses et ses limites...

Je tempère mes ardeurs printanières car je ne suis donc plus en rémission, je repars pour des mois de chimio ; marqueur du cancer & métastase ayant faits une sacrée poussée printanière.

Le cancer c'est un peu l'histoire de Blanche Neige. La pomme c'est la chimio, la vilaine fée c'est l'oncologue (désolé mes oncologues chéris) et Blanche Neige c'est la cellule cancéreuse. Il n'y a rien de joyeux là-dedans, on revient à la vraie réalité des contes de l'enfance qui ont été édulcorés pour ne pas effrayer les enfants cependant que leur essence même était toujours glaçante et terrifiante de vérité, il n'y a pas un seul conte des Grimm ou Andersen qui ne soit violent et glauque... Il faudra toujours se taillader un pied avec un couteau pour essayer de faire rentrer son pied trop grand dans la sandale de vair, égorger ses épouses ou manger des petits enfants...

Ainsi, après 2 ans de maladie et de bien rudes combats menés au quotidien je découvre ahuri que chimio et radiothérapie ne "dézinguent" pas les cellules cancéreuses ainsi que je le pensais bien naïvement mais provoquent leur endormissement. Libres à elles de se réveiller sans l'aide du baiser d'un prince peu charmant, quand elles veulent, comme elles veulent, où elles veulent. Le seule manière d'être débarrassé de cellules cancéreuses passe par l'acte chirurgical qui ne peut, ça serait trop facile, être pratiqué que si bien et bien des conditions sont réunies.

Voilà, ça je l'ai appris il y a 3 jours de la bouche de l'oncologue qui me suit à l'hôpital universitaire d'excellente facture & qualité de Haut Lévesque à Bordeaux et je suis infiniment dubitatif, perdu en réflexion de toutes sortes. Quand donc la médecine, les médecins, le ministère de la santé, que ou qui sais-je, quand donc informera t'on vraiment et sérieusement les patients atteints de maladies particulièrement sérieuses car on n'est pas dans le domaine des rhumes et des bobos là ? Quand ?

Le monde de l'hôpital est un monde formidable car il sauve les gens, mais c'est aussi et très souvent un monde absurde, muet, absolument pas psychologue et totalement et glacialement inempathique.

Quand on a un cancer on devrait recevoir "un cours de cancer" donné par un spécialiste, un médecin, un soignant, un administratif, peu importe mais quelqu'un qui réunirait les malades dans une salle de classe avec tableau, ordi, projo, tout le matos pédagogique et qui donnerait TOUTES les explications au malade. Qui commencerait d'abord par dire à un malade que la chimio ne tue pas les cellules cancéreuses mais les endort bien gentiment. Que chimio et radiothérapie donnent aux organes visés la consistance d'une glace dans son pot qui serait restée 2 heures au soleil. Qui lui dirait surtout que le combat sera rude et long comme plusieurs marathons réunis, que le sport, la foi (oui, spirituelle ou laïque ou les 2 à la fois), la "pêche" sont aussi, sinon plus efficaces, que tous les traitements réunis, qu'il ne faut jamais baisser les bras et privilégier tous les petits bonheurs du quotidien au quotidien, qu'il faut garder le moral et sa bonne humeur quand un oncologue te dit qu'il rentre juste de vacances et ne voit pas ton bilan sanguin dans son ordi et qu'un autre t'assène que la chimio ne tue pas les cellules cancéreuses.

Ouais, garder le moral, avoir la patate, jamais la lâcher... Oh putain, frères et soeurs terriens si vous saviez par où l'on passe, nous vos frères et soeurs cancéreux, si vous saviez...


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