Yves DAUDIGNY : LE SÉNAT, PLUS QUE JAMAIS INDISPENSABLE À LA DÉMOCRATIE

La IIIe République et, plus particulièrement, les années 30 en témoignent : l'antiparlementarisme n'est pas nouveau. Aujourd'hui encore, il se nourrit des populismes de tout ordre et d'une demande réitérée de supprimer les représentants du peuple pour mieux le représenter. Le risque est grand de voir l'Assemblée Nationale réduite à une chambre d'enregistrement des choix de l'exécutif. La réduction du nombre des députés, de 577 à 404, et des sénateurs, de 348 à 244, sur des circonscriptions de plus en plus grandes, éloignera les parlementaires de leurs concitoyens, renforçant du même coup une défiance entretenue par une présidentialisation exacerbée. Avec des élus hors sol et une conception verticale du pouvoir, comment mieux ancrer et faire vivre une démocratie participative ?

Les Grands débats organisés sur le territoire ont, à dessein, donné un écho aux arguments aussi démagogiques que cyniques sur le nombre de Sénateurs, leur utilité et leur coût. Les 4,15 € dédiés, par an et par habitant, à l'institution les ramènent cependant à de plus justes proportions. Chambre haute du Parlement, comme l'Assemblée Nationale, le Sénat examine tous les textes législatifs. Il est force de proposition comme le démontrent ses textes de loi sur la protection des sapeurs-pompiers ou sur la défense des coopératives agricoles. Enfin, en toute indépendance, il exerce ses missions de contrôle de l'action du Gouvernement et d'évaluation des politiques publiques comme en témoigne l'affaire Benalla. Représentant des collectivités locales, il est aujourd'hui indispensable de conforter son pouvoir d'évaluation. Dans un " en même temps " décliné à cadence rapide, la maturité sénatoriale est un atout pour la démocratie. Il serait donc grave et lourd de conséquences d'instrumentaliser les grands débats pour " punir " l'indépendance du Sénat.

QUANT AU TRAVAIL SÉNATORIAL, À MOINS DE RÊVER D'UNE CHAMBRE HAUTE SANS POUVOIR, PREMIÈRE ÉTAPE D'UNE DISPARITION PROGRAMMÉE, IL EST POUR LE MOINS DANGEREUX DE LA RÉDUIRE POUR DES RAISONS POLITIQUES INAVOUABLES.