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Brexit : Et si les gains de change étaient une mauvaise nouvelle ?

Publié le 09 avril 2019 par Vincentpaes
Le premier trimestre 2019 vient de s’achever, et de nombreuses entreprises européennes exportatrices découvrent avec enthousiasme qu’elles ont réalisé d’importants gains de change en plein Brexit. Pourtant, au risque de jouer le rabat-joie, ces gains de change ne sont pas forcément une bonne nouvelle et il faudra sûrement attendre encore un peu avant de sabrer le champagne… Explications. Brexit : Et si les gains de change étaient une mauvaise nouvelle ? Brexit : Et si les gains de change étaient une mauvaise nouvelle ?
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Se réjouir de ses gains et déplorer ses pertes fait partie de la nature profonde de l’être humain, mais en matière de gestion des risques de change, il devrait toutefois en être autrement. Pour commencer, il convient de s’interroger sur la nature de ces gains de change. Faisaient-ils partie des scénarios envisagés par les entreprises dans leurs budgets prévisionnels ou sont-ils une pure surprise ? En d’autres termes, les entreprises avaient-elles anticipé qu’elles seraient à ce point exposées aux variations de taux de change liées à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne ? Si tel n’est pas le cas, ces entreprises étaient exposées de façon inconsciente au risque de change, et dans de nombreux cas, cela pourrait bien s’apparenter à une faute professionnelle.

Certes, les aléas du marché des devises ont cette fois-ci joué en leur faveur, mais il aurait pu en être tout autrement. Faut-il le rappeler, le rôle des trésoriers d’entreprise n’est pas de spéculer sur le marché des changes, mais bel et bien d’offrir la visibilité dont l’entreprise a besoin pour prospérer sans jamais mettre sa vie en jeu. Quand bien même ces gains de change feraient partie des scénarios envisagés par les entreprises dans leurs budgets prévisionnels, les raisons de se réjouir de la baisse de la monnaie unique en ce début d’année peuvent alors exister, mais elles n’en demeurent pas moins assez superficielles. En effet, sur le long terme, le cumul des gains et pertes de change a en effet de grandes chances de converger vers zéro. Les pertes d’un exercice venant annuler les gains du précédent, et inversement (le taux de change euro contre Livre sterling est aujourd’hui au même niveau qu’il y a deux ans…). Le vrai risque de change pour une entreprise n’est donc pas forcément d’accumuler des pertes de change systématiques sur de nombreuses années, mais bel et bien de subir de soudaines et fortes pertes liées à la volatilité des devises à l’occasion d’un exercice donné ou de quelques exercices consécutifs (en octobre 2016, la Livre sterling avait perdu plus de 10% en l’espace d’une seule semaine avec un effet dévastateur sur les marges de certaines entreprises…). Mais si ces performances de change de court terme n’ont pas tant d’importance pour les entreprises, de quoi ces dernières pourraient-elles bien se réjouir en matière de politique de change ? Économies importantes sur les frais de leurs opérations de change, anticipations correctes de leurs besoins d’achat de devise, ou encore gains de parts de marché grâce à la mise en place d’offres commerciales plus agressives sécurisées par des opérations de couverture. Toutes les fois où la gestion des changes est mise au profit de la pérennité et de la prospérité des entreprises devraient être célébrées. 

A propos de l'auteur : Sébastien Oum est président d’Yseulis, plateforme universelle de gestion des risques de change.

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