
"Quand un feu prenait de l’ampleur, ce que faisait le Service des Eaux et Forêts, c’était de recruter une centaine de cloches ramassées dans les rues de Butte ou de Spokane pour trente cents de l’heure (quarante-cinq cents pour les sous-chefs), et de les expédier jusqu’au terminus d’une ligne secondaire. A partir de là, il fallait encore qu’ils fassent à pied les cinquante ou soixante kilomètres restants pour franchir la « muraille ». Le temps qu’ils arrivent sur les lieux, le feu avait gagné l’ensemble de la carte, et il avait escaladé la cime des arbres. Tout ce qu’il y avait à dire là-dessus, c’est un aspirant garde forestier qui l’avait dit le jour de son examen, il y a bien longtemps de ça.
Même de son temps, il est entré dans la légende. Quand on lui avait posé la question : « Quand l’incendie gagne la cime des arbres, qu’est-ce que vous faites ? », il avait répondu : « Je me mets à l’abri, et je prie le ciel pour qu’il pleuve."Norman MacLean, Montana 1919 (Rivages)