Le rapport de la commission Mazeaud exacerbe le sectarisme du gouvernement

juillet 14th, 2008 Posted in France, Sarkozisme et bling bling, Vidéos

Avez-vous remarqué qu’à chaque question politiquement sensible, le président de la République de l’UMP demandait un rapport à une commission d’experts ? Certes, on aurait mauvaise grâce d’en faire une tare supplémentaire du sarkozisme (elles sont si nombreuses), car il est bien sûr arrivé au prédécesseur du Leader Minimo d’en demander également : par exemple, le rapport sur le Travail en France dans 20 ans (commission Boissonnat), en 1995, ou le rapport sur la Laïcité (commission Stasi), en 2003.

Ce qui change en revanche avec Sarkozy, c’est à la fois leur nombre et la force du tapage médiatique qui est fait autour d’eux. Chaque rapport a été présenté comme la traduction concrète de la «Rupture» : le rapport sur la libéralisation de la croissance (commission Attali), le rapport sur la réforme des institutions (commission Balladur) le rapport sur le refinancement de l’audiovisuel public (commission Copé), le rapport sur les quotas migratoires et l’unification des procédures contentieuses pour le droit des étrangers (commission Mazeaud).

De façon tout à fait insidieuse, le rapport n’est plus un instrument objectif d’étude, d’analyse et de compréhension du réel. C’est devenu un prétexte pour légiférer dans la précipitation, c’est-à-dire pour promulguer des « lois bavardes » aux centaines d’articles tous plus alambiqués les uns que les autres, comme si le volontarisme politique devait nécessairement passer par une inflation normative. Dans ces conditions, les conclusions des rapports n’ont aucune espèce d’importance. Ce qui compte, c’est de faire croire que ces rapports inspirent l’action politique, surtout si ce n’est pas le cas. De toute façon, Sarkozy ne les lit pas.

Dernier exemple en date : le rapport Mazeaud, dont le contenu rejette sobrement les élucubrations sarkozistes en matière d’immigration. Pour la commission Mazeaud, et contrairement aux assertions de Sarkozy et de l’UMP, aucun pays en Europe ne pratique une politique de quota migratoire global ou par grand type d’immigration. En effet, une telle politique aboutirait, d’une part, à une fixation unilatérale et opportuniste de contingents d’entrée d’immigrés (la fameuse immigration choisie) et, d’autre part, à porter durablement atteinte aux principes constitutionnels de la République et aux diverses conventions signées par elle. La commission Mazeaud rappelle que la France ne peut définir de politique d’immigration et de regroupement familial qu’en plein accord avec les pays d’émigration.

En d’autres termes, est une ânerie le slogan sarko-populiste qui consiste à dire que la France doit pouvoir décider de qui elle veut chez elle. Ce n’est pas ainsi que les choses marchent. Il est donc illusoire de faire croire aux citoyens que la France peut décider quoi que ce soit de façon unilatérale et discrétionnaire en matière de contrôle des flux migratoires.

La commission Mazeaud dénonce donc implicitement l’aspect idéologique et électoraliste (récupération de l’électorat d’extrême droite) de la politique d’immigration du gouvernement UMP.

Quelle est la réponse du gouvernement et de l’UMP ? Quand ce ne sont pas les insultes, c’est le mensonge.

C’est ainsi que les sinistres Brice Hortefeux et Frédéric Lefebvre se répandent dans les médias en énormités plus grosses les unes que les autres. A les entendre, la commission Mazeaud ne ferait que conforter la politique du gouvernement. Ce qui est totalement faux.

Le gouvernement et l’UMP ont donc choisi la fuite en avant et de s’enfermer dans une espèce de novlangue tout à fait inquiétante et qui consiste à nier obstinément les faits ou à travestir la réalité. Voici quelques exemples significatifs :

Le sectarisme du gouvernement et de l’UMP est total. A ce titre, on ne sera pas étonné d’apprendre que Hortefeux a d’ores et déjà annoncé des quotas d’étrangers malgré l’avis de la commission Mazeaud. Ce qui prouve, une fois de plus, l’utilité réelle des rapports commandés par Sarkozy et sa bande.

Compte tenu de ce qui précède, l’adoption d’une version amendée du pacte européen sur l’immigration (pacte violemment critiqué par l’Espagne il y a quelques jours) est présentée sans surprise par la clique sarkoziste comme une victoire personnelle du Leader Minimo.

Cette politique répressive commence d’ailleurs à susciter une vague de réprobation en Afrique et dans le monde, comme ce fut déjà le cas en juin dernier avec l’adoption par l’Union européenne de la « directive retour ».