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Max Eilbacher. Musicien en quête d’un connu

Par Balndorn
Max Eilbacher. Musicien en quête d’un connu
Du 23 au 25 mars, se tenait au Studio 104 de la Maison de la Radio, le festival Présences électroniques, mettant à l’honneur les musiques électroniques expérimentales. Aux côtés de musiciens phares de la musique ambiant comme William Basinski et Lawrence English, on pouvait y entendre Max Eilbacher, jeune compositeur américain de Baltimore, pour une performance alliant musique concrète, computer music et improvisations.
Très actif dans la scène underground américaine, Max Eilbacher s’est distingué ces dernières années par sa capacité à s’investir dans de multiples projets, aussi bien en collaborations qu’en solo, pour repousser toujours plus en avant sa quête de nouveaux horizons musicaux.Avec le groupe Horse Lords, il s’est par exemple attelé à faire se rencontrer l’aspect minéral de la musique minimaliste à l’aspect organique de l’improvisation jazz. Avec le trio SEF III, il a tenté l’alliance du spoken-word à des bandes-sonores expérimentales afin que musique et mots se court-circuitent jusqu’à l’apparition de l’imprévu, de la trouvaille, de l’inconnu.En solo avec son ordinateur, faisant la somme de ses différentes pratiques musicales, sa musique se révèle à nouveau hybride, quoiqu’en plus radicale, disloquant et réunissant dans un continuum fragmenté musique tonale et atonale.
Brouiller les sources
Seul avec son ordinateur, Eilbacher ne l’est jamais vraiment, samplant ici la flûte d’un de ses amis musiciens, intégrant là des paroles et des sons glanés avec son micro au gré de ses expériences,ion comme lors de sa dernière tournée en Europe, témoignages d’un processus de recherche et d’enregistrement du réel.En enrichissant la matière sonore qu’il élabore à partir de logiciels de calculs intensifs d’un matériel documentaire, Eilbacher brouille les sources et rend difficilement identifiable l’origine de tel ou tel son. Les impressions de déjà-vu, ou plutôt de déjà-entendu, se dissipent, au gré de la distorsion et du réassemblage des formes musicales. De saturations sonores en paysages éthérés, de vagues harmoniques en spirales rythmiques, Eilbacher nous emmène dans des mondes étranges et familiers, familiers et étranges, où le réel en vient à se confondre à des hallucinations auditives, où notre perception du temps et de l’espace déborde de ses gonds.Notre vision du monde s’élargit, notre écoute gagne en profondeur. La difficulté à nommer ce qui apparaît et disparaît alors face à autant d’événements sonores stimule la parole. Au contact de cet oxymorique bruit musical qui nous englobe et nous habite, des mots se forment en notre être pour tenter de nommer ce qui advient, des mots qui une fois verbalisés s’évanouissent sous l’apparition de nouvelles sonorités musicales.
Clarifier le brouillard
Dans un tel processus, le corps n’est pas en reste. Au gré des mouvements musicaux, la cage thoracique se contracte et se relâche, la pulsation cardiaque s’accélère et se ralentit. Ces mouvements internes, Eilbacher semble en avoir la maîtrise, car alors que sa musique peut par moments se caractériser d’étouffante ou d’asphyxiante, au terme de son set, un bien-être général se fait sentir.Se plonger dans sa musique nécessite, à la manière d’un plongeur en apnée, de se couper momentanément d’un accès à l’oxygène pour accéder à la vision et à l’exploration des profondeurs. La remontée à la surface, si elle est bien effectuée, ne rend alors que plus intense les retrouvailles avec l’élément indispensable à notre existence.L’intelligence de l’art d’Eilbacher est alors de nous faire éprouver au terme de son set toute l’importance de la donnée à la fois contraire et complémentaire à la musique : le silence. Julien 
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